Chronique de l’homophobie ordinaire au « Purgatoire »

« Les gens sont moins tolérants. Le pire, ce sont les jeunes ». Au bar et restaurant gay-friendly « Le Purgatoire », à Chalon, les gérants sont aussi exaspérés par le débat sur le mariage pour tous et ses conséquences que les membres de l’association Rainbow.

« Depuis un an, on se fait insulter au moins une fois par semaine, raconte Alain*, aux manettes de l’établissement avec son petit ami Hervé. Ça se passait surtout dehors, en terrasse. Les jeunes traitent les clients de gouines ou de pédés. Ils sont tellement courageux qu’ils crient parfois depuis leur voiture. Vous voyez ce qu’on doit supporter ? ». Pour le couple, dont l’établissement accueille « 90 % d’hétéros », souligne Alain*, les propos tenus par certains opposants au projet « font mal ». « On se sent attaqué et encore plus marginalisé », dit Hervé. « J’ai connu le temps où on pouvait aller en prison si on était surpris avec un garçon, poursuit Alain, 55 ans. J’ai l’impression d’y revenir, et je trouve que les homos se sentent plus mal dans leur peau. » À 63 ans, un de leurs fidèles clients renchérit : « On régresse et on retourne vers l’Homme de Néandertal ! Les gens me disent plus souvent que je vais “chez les pédés”. »

Alain* et Hervé entendent aussi beaucoup d’histoires d’agression. Et s’insurgent : « On n’a pas la lèpre et on ne se balade pas avec un drapeau arc-en-ciel. On veut juste vivre avec tout le monde. Pourquoi est-ce qu’on nous insulte alors qu’on n’embête personne ? ».