Après les 35 heures, le mariage homosexuel : une nouvelle loi-boulet pour la droite

L’UMP se divise sur le « mariage pour tous ». Ses membres sont au moins d’accord sur une chose : ils auront bien du mal à l’abroger, une fois de retour au pouvoir.

Un jour, la droite reviendra au pouvoir. Et ce jour-là, elle reviendra sur le « mariage pour tous » – ou pas : instruits par l’expérience des 35 heures, jamais abrogées, les leaders de l’UMP préfèrent louvoyer.

Sur cette question, la jeune génération de l’UMP se démarque. Après Franck Riester, c’est au tour de Benoist Apparu d’annoncer, dans une interview au Parisien, qu’il votera le projet de loi du gouvernement.

Ce qui retient vraiment l’attention, c’est la réponse du député de la Marne et ancien ministre du Logement à cette question simple : si la droite revient au pouvoir en 2017, abrogera-t-elle la loi ?

« Je ne le pense pas et je ne le souhaite pas. Il n’y aura pas de retour possible. D’ici à 2017, il va y avoir des mariages homosexuels. Si nous sommes élus, nous ne pourrons pas les annuler. Et heureusement d’ailleurs ! »

Xavier Bertrand, lui, ne peut pas prétendre incarner le renouvellement des générations à droite. L’ancien secrétaire général de l’UMP se pose plutôt en recours : il est déjà candidat à la candidature pour 2017.

Il est donc resté discret dans le débat piégé sur le mariage des couples homosexuels. Mais une phrase, au détour d’un entretien accordé à L’Express en novembre, était passée inaperçue :

« Y a-t-il beaucoup de réformes de société sur lesquelles on revienne ? »

Le souvenir des 35 heures, jamais abrogées

L’ancien ministre du Travail est bien placé pour le savoir. Réaliste – ou fataliste –, il se souvenait peut-être de la loi sur les 35 heures, un autre texte que la droite n’a jamais osé abroger.

Xavier Bertrand pouvait s’autoriser cette position ambiguë. Pas Jean-François Copé et François Fillon : les militants attendaient d’eux des positions claires. Celui qui s’est montré le plus radical n’est pas celui qu’on croit.

Jean-François Copé a beau avoir appelé à manifester contre le « mariage pour tous », il reste très prudent lorsqu’on l’interroge sur une éventuelle abrogation. Comme dans cet entretien avec L’Express, la semaine dernière :

« L’enjeu aujourd’hui est d’abord d’éviter son vote en l’état. On ne sait pas ce qu’il en sera du texte final. Il change toutes les dix minutes. Il suffit de voir les allers et retours incompréhensibles sur la question de la PMA [procréation médicalement assistée, ndlr]. »

François Fillon, lui, n’a pas manifesté : ce n’est pas dans ses habitudes. Pourtant, c’est bien l’ancien Premier ministre qui s’est le plus clairement engagé en faveur de l’abrogation de la loi.

C’était fin octobre, lors de son débat avec Jean-François Copé sur France 2. L’ex-Premier ministre avait jugé l’abrogation possible et nécessaire. Du moins, si on a bien compris cette formule alambiquée :

« Je dis tout de suite que ce n’est pas un texte sur lequel je considère qu’il ne faut pas revenir lorsqu’il y aura une alternance. »

François Fillon, aujourd’hui, préfère oublier sa droitisation forcée pendant la campagne interne à l’UMP. Et tout faire pour ne pas s’embourber dans le débat sur le « mariage pour tous » : comme toutes les autres vedettes de l’UMP, il a compris que cette loi pourrait devenir un boulet. Et qu’elle était probablement là pour durer.

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