‎VIDEO.‬ “Gay, ex-alcoolique et dyslexique” : Ivan Massow à la conquête de la mairie de ‪‎Londres

Pour déclarer sa candidature à la mairie de Londres, l’homme d’affaire Ivan Massow a fait dans l’original: le businessman de 48 ans se met en scène dans une vidéo d’une minute, sous la forme d’un dessin animé. Il double lui-même son personnage, et évoque sans détour sa vie: «Je suis gay, je suis un ex-alcoolique, je suis dyslexique», démarre-t-il ainsi, précisant aussi avoir été adopté et être un activiste. «Je ne suis pas votre homme politique typique», conclut-il. Le financier met d’ailleurs ses différences en avant, assurant que lui au moins «prend le métro, déteste être coincé dans les bouchons» et surtout «déteste la politique» :

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Le candidat à la mairie invite donc les Londoniens à lui faire part de leurs doléances sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, le hashtag ‪#‎TellIvan‬ a été lancé, même si certains en ont déjà profité pour le critiquer: «Comme la plupart des Londoniens, je suis aussi un multimillionnaire qui veut se débarrasser des logements sociaux», écrit ainsi un utilisateur. Pour l’instant, le mot-clé est surtout utilisé par la presse et n’a pas encore pris parmi les Londoniens.

L’élection aura lieu en 2016, et l’actuel maire conservateur Boris Johnson a déjà annoncé qu’il ne se représenterait pas.Un coming-out politique à droite qui a choqué

Ivan Massow n’est pas inconnu des Anglais, rappelle le «Guardian». L’homme, adopté peu avant l’adolescence après avoir connu plusieurs familles d’accueil, a fait fortune en partant de (presque) rien: il a fondé, en 1990, un service bancaire et d’assurances qui s’adressait aux personnes homosexuelles. Lui qui vivait à l’époque dans un squat avait été profondément choqué par le comportement de certaines compagnies qui refusaient ou surfacturaient aux homosexuels prêts et assurances en raison des taux de séropositivité de la communauté gay. Il était alors âgé de 23 ans, et avait déjà quitté l’école depuis ses 16 ans, avec un simple brevet des collèges en poche. Dyslexique, il a fait de sa petite entreprise une affaire à succès, se mettant même en scène dans des spots TV embrassant son petit-ami de l’époque.

C’est dire si son «coming-out» politique a choqué: à la fin des années 1990, il s’est ouvertement déclaré conservateur, posant avec des haut-gradés du parti en tenue de chasse dans sa demeure prestigieuse du Somerset ou accompagnant Margaret Thatcher lors de la conférence annuelle du parti conservateur en 1999. Mais ses avis politiques classés à droite ne l’ont pas empêché de devenir un puissant activiste en faveur des droits des homosexuels, militant notamment pour l’abolition de la Section 28. Cet amendement interdisait aux autorités locales de «promouvoir intentionnellement l’homosexualité ou publier des documents dans l’intention de promouvoir l’homosexualité» mais aussi de «promouvoir l’enseignement dans aucune école publique de l’acceptabilité de l’homosexualité en tant que prétendue relation familiale».

En 2000, il avait quitté le parti conservateur, qui l’a réintégré sous l’impulsion de Michael Howard. Ivan Massow se dit désormais «fier d’aider le parti qu’[il] aime à entrer dans le monde moderne».

Presque ruiné et alcoolique, il est sauvé par Joan Collins

En 2002, il a été viré avec pertes et fracas de la direction de l’Institut des arts contemporains pour avoir déclaré dans une interview que la plupart des œuvres conceptuelles étaient «des camelotes complaisantes sans aucun artisanat qu’[il] n’accepterait même pas en cadeau». Supposément ruiné après une mésaventure de son entreprise, Ivan Massow avait quitté l’Angleterre pour l’Espagne, emménageant dans un palais de Barcelone en 2005. «J’avais besoin de me trouver. Ca a duré quatre ans, racontait-il au “Guardian” en 2011. J’avais des déjeuners avec des amis qui se transformaient en repas très arrosés. J’en avais en quelque sorte besoin. Je buvais et je buvais. Je me laissais aller.»

C’est ainsi qu’Ivan Massow est tombé dans l’alcoolisme, mais a été sauvé par sa célèbre amie Joan Collins, qui l’a envoyé en cure de désintoxication à Los Angeles, dans le très réputé centre Promises. Depuis 2011, il s’est relancé dans la finance, mais toujours à sa manière: «Je ne pourrais jamais être à la tête d’une chaîne de pizzerias. J’ai besoin d’une entreprise qui reflète qui je suis. Ma société de conseil a commencé avec moins de 5.000 livres dans un squat. Celle-ci démarre avec cinq millions plutôt que 5.000».

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