Vidéo. Transgenre et rejetée par ses parents, Leelah Alcorn, 17 ans, a mis fin à ses jours

>> Transgender teen commits suicide, cites Christian parents in blog

#JusticeForLeelahAlcorn : Dans une lettre déchirante, intitulée “note de suicide“, que Leelah avait programmé pour être publiée sur son blog après sa mort, la jeune fille explique son geste. Descente aux enfers, coming out et solitude, isolation, rejet de ses parents.. prenons conscience, restons mobilisés pour l’avenir et l’amour de nos prochains :

Leelah, née Josh Alcorn, s’est donnée la mort le dimanche 28 décembre dernier, dans la banlieue de Cincinatti, aux Etats-Unis. Dans une lettre d’adieu programmée pour être publiée sur son blog après sa mort, la jeune fille explique son mal-être et les raisons de son passage à l’acte.

Transgenre et rejetée par ses parents, Leelah, 17 ans, a mis fin à ses joursDepuis l’âge de 4 ans, Leelah avait le “sentiment d’être une fille prise au piège dans un corps de garçon”. Mais ses parents, n’ont jamais rien voulu savoir, estimant que “Dieu ne fait jamais d’erreur”, raconte-t-elle. Ainsi, ils l’ont emmenée chez différents thérapeutes, tous “chrétiens”, qui l’accusaient d’être “égoïste” ou l’incitaient à “demander de l’aide à Dieu”. Alors, par dépit, elle a révélé son homosexualité. “Un moindre choc” pour ses proches et ses camarades, plutôt que d’annoncer être ce que les autres refusent de voir, avoue-t-elle encore.

En écrivant ces dernières phrases, Leelah explique s’être sentie très seule et peu soutenue. Même par ses propres amis, qui “ne l’aimaient seulement parce qu’ils se voyaient cinq fois par semaine”. Pour cette raison, elle a souhaité faire don de ses économies à des associations défendant le droit des transgenres. Elle espérait ainsi que tous seront un jour considérés “comme des êtres humains, avec des sentiments reconnus”.

“Si vous lisez ceci, parents, s’il vous plait, ne dites jamais cela à vos enfants… Ma mort doit servir à quelque chose. Ma mort doit être ajoutée au nombre de personnes transgenres s’étant suicidées cette année. Je veux que quelqu’un regarde ce nombre et se dise que c’est grave et qu’il est nécessaire de faire quelque chose…Changez cette société !”

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Aux États-Unis, l’histoire de Leelah a beaucoup ému. Certains défenseurs des droits des gays voudraient poursuivre les parents en justice. Ils avaient en effet forcé leur enfant à suivre une thérapie de conversion sexuelle, pourtant interdite dans plusieurs États.
Chris Seelbach, conseiller municipal ouvertement gay s’est exprimé sur les réseaux sociaux, appellant “à faire mieux” pour le droit des trans. Car, d’après lui, “il est encore extrêmement difficile d’être un jeune trans”. Sur Facebook, plusieurs groupes de soutien réclament justice également pour Leelah Alcorn, et la création d’une loi en faveur du droit des trans.

Sa lettre de suicide sur son Tumblr partagée par sos-transphobie.org : « Ma mort ne doit pas rester vaine »

Si vous lisez ceci, cela veut dire que je me suis suicidée, et n’ai de toute évidence pas pu effacer ce message.

S’il vous plait ne soyez pas triste, c’est mieux ainsi. La vie que j’aurais vécu [si je ne m’étais pas suicidée] n’aurait pas valu la peine d’être vécue…parce que je suis transgenre. Je pourrais expliquer en détail pourquoi je me sens [transgenre] mais ce texte sera déjà assez long. Pour le dire simplement, je me sens comme une fille coincée dans un corps de garçon, et je le ressens depuis que j’ai 4 ans. Je ne savais pas qu’il y avait un mot pour décrire ce ressenti, ni qu’il était possible de devenir une fille, donc je n’ai rien dit à personne et j’ai juste continué à faire des « choses de garçon » pour faire comme tout le monde.

A 14 ans, j’ai su ce que voulait dire être trans et j’ai pleuré de joie. Après 10 ans de confusion, j’ai finalement compris qui j’étais. Je l’ai immédiatement dit à ma mère, et elle a réagit extrêmement négativement, en me disant que ce n’était qu’une phase, que je ne serai jamais réellement une fille, que Dieu ne fait jamais d’erreur, que j’ai tort. Parents, si vous lisez ce texte, s’il vous plait, ne dîtes pas ça à vous enfant. Même si vous êtes Chrétiens ou que vous êtes contre les transgenres ne dites jamais ça à quelqu’un, en particulier à votre enfant. Cela ne peut que lui donner envie de se détester. C’est exactement ce qui s’est passé pour moi.

Ma mère m’a amenée chez un thérapeute, mais comme elle ne pouvait m’amener que chez des thérapeutes chrétiens (qui avaient tous une vision biaisée), je n’ai donc jamais eu la thérapie dont j’avais besoin pour me guérir de ma dépression. Je me suis juste retrouvée face à d’autres chrétiens me disant que j’étais égoïste et dans l’erreur et que je devrais demander à Dieu de me venir en aide.

Quand j’ai eu 16 ans, j’ai réalisé que mes parents ne comprendraient jamais, et que je devrais attendre d’avoir 18 ans pour pouvoir commencer des traitements pour transitionner, ce qui m’a brisé le cœur. Plus tu attends, plus c’est dur de transitionner. J’ai perdu tout espoir [en me disant] que j’allais devoir être un homme habillé en [femme] pour le restant de mes jours. Le jour de mon 16ème anniversaire, quand je n’ai pas obtenu le consentement de mes parents pour commencer une transition, j’ai pleuré jusqu’à ce que je m’endorme.

J’ai développé une attitude en mode « rien à foutre » face à mes parents, et je me suis outé comme gay à l’école, en pensant que cela faciliterait peut-être de me déclarer transgenre ensuite. Même si la réaction de mes amis étaient positives, mes parents étaient en colère. Ils considéraient que je ternissais leur image et que j’étais embarrassant pour eux. Ils voulaient que je sois leur parfait petit fils chrétien hétéro, et ce n’était clairement pas ce que je voulais.

Alors ils m’ont retirée de l’école public, ont confisqué mon ordinateur et mon téléphone, et m’ont interdit de me connecter sur les réseaux sociaux, m’isolant ainsi de tous mes amis. C’était sûrement la période la plus déprimante de ma vie, et c’est surprenant que je ne me sois pas suicidée [à ce moment-là]. J’étais complètement seule pendant 5 mois. Pas d’amis, aucun soutien, ni amour. Rien que la déception de mes parents et la cruauté de la solitude.

A la fin de l’année scolaire, mes parents ont fini par me rendre mon téléphone et m’ont permis à nouveau d’aller sur les réseaux sociaux. J’étais excitée, j’allais enfin retrouver mes amis. Ils étaient très excités de me voir et de me parler à nouveau, mais seulement au début. Finalement ils ont réalisé qu’ils n’en avaient rien à faire de moi, et je me suis sentie encore plus seule qu’avant. Les seuls amis que je pensais avoir ne m’aimaient bien que lorsqu’on se voyait 5 fois par semaine.

Après un été où je n’avais quasiment aucun ami, où j’avais la pression de devoir penser à l’université, économiser de l’argent pour quitter mes parents, ne pas avoir de mauvaises notes, aller à l’église chaque semaine et me sentir comme une merde parce que tout le monde là-bas est contre tout ce que je suis, j’ai décidé que c’était trop j’en avais assez. Je ne vais jamais pouvoir transitionner, même si je déménage. Je ne serai jamais satisfaite de ce à quoi je ressemble ou de comment je parle. Je n’aurais jamais assez d’amis satisfaisants. Je ne connaîtrai jamais d’amour satisfaisant. Je ne trouverai jamais un homme qui m’aimera. Je ne serai jamais heureuse. Soit je vis le reste de ma vie comme un homme qui [au fond de lui] rêverait d’être une femme, ou alors je vis ma vie comme une femme solitaire qui se déteste. Dans tous les cas je perds. Il n’y a pas de solution. Je suis déjà assez triste, et je n’ai pas besoin que ça empire. Les gens disent « ça va aller mieux », mais ce n’est pas vrai dans mon cas. Je vais mal de jour en jour.

L’essentiel a été dit, voilà pourquoi je veux me suicider. Désolée si ce ne sont pas des raisons suffisantes pour vous, pour moi c’est suffisant. Pour ce qui est de mon testament, je veux que 100% des choses que j’ai obtenu légalement soit vendu et que l’argent (plus ce que j’ai à la banque) soit donné aux mouvements pour les droits des transgenres et les groupes de soutien, peu importe lesquels. Je ne reposerai en paix que le jour où les transgenres ne seront plus traités comme je l’ai été moi, [je veux qu’ils/elles soient] traités comme des êtres humains, dont les sentiments et les droits comptent.

Le genre doit être enseigné à l’école, et le plus tôt possible.

Ma mort doit avoir un impact. Ma mort doit compter parmi tous les autres transgenres qui se sont suicidé.e.s cette année.

Ma mort doit signifier quelque chose. Ma mort doit être comptée dans le nombre de personnes trans qui se suicident cette année. Je veux que quelqu’un regarde ce nombre et dise ” C’est grave “, et qu’on fasse quelque chose.

Changez cette société. S’il vous plait.

Adieux,

(Leelah) Josh Alcorn

@stop_homophobie

>> Leelah Alcorn, a 17-year-old transgender youth, was killed in the early morning hours of December 28 when a tractor trailer hit her on Interstate-71 in Union Township, Oh., several miles from her home, reports local news station WXIX. Officials have ruled her death a suicide.

Two days after her passing, a letter titled “Suicide Note” was posted to Alcorn’s Tumblr blog, explaining that she was a transgender girl who had experienced painful rejection from her family and their Christian community. The note, as it states, was written prior to Alcorn’s suicide and posted from her blog’s queue, intended to become accessible to viewers if Alcorn’s suicide prevented her from being able to remove it. Cincinnati city council member Chris Seelbach and a number of Alcorn’s friends have indicated to media that the post was indeed written by Alcorn herself.

In her note, Alcorn shares that being socially isolated and unaccepted by her devoutly Christian parents had contributed to her feeling like “the life I would’ve lived isn’t worth living in.” She urged parents not to use religion as a tool to discourage their children from embracing their identities, which she said she experienced.

“Even if you are Christian or are against transgender people don’t ever say that to someone, especially your kid,” she wrote. “That won’t do anything but make them hate them self. That’s exactly what it did to me.”

The note goes on to detail how Alcorn came out and found acceptance from peers, but experienced anger and disappointment from her parents who ultimately pulled her out of public school and allegedly prevented her from contacting peers on her phone or online for several months. Local reporters have confirmed that Alcorn had left Kings District County Schools and was enrolled in the Ohio Virtual Academy for 11th grade.

Even after regaining contact with old friends, according to the note, Alcorn appears to have still felt lonely, and unsatisfied with her body and inability to express her gender identity in a way that felt affirming to her. Combined with the pressures of considering college, maintaining high grades in school, attending a church where she felt “everybody… is against everything I live for,” and saving money to move out of her parent’s home led Alcorn, the note says, to feel suicidal. A second blog post expresses her anger at her parents for trying to “control” her and apologizes to her five siblings.

Alcorn’s final words have rocked the hundreds of thousands who have read her blog post, as well as advocates for transgender youth. The note’s content resonates with the experiences of countless trans children and teens who feel unaccepted by loved ones and has led many to question how Chrstian communities and families can be more open and supportive of their trans members.

An outpouring of grief has erupted online with many expressing remembrance of Alcorn, thoughts about suicide prevention, and ire at Alcorn’s mother — who has reportedly publicly acknowledged her child’s passing on social media, but has not acknowledged Alcorn’s trans female identity, name, pronouns, or that her death has been ruled a suicide — with the hashtags #LeelahAlcorn and #JusticeForLeelahAlcorn.

Trans advocates are also decrying the use of male pronouns and Alcorn’s birth name by local news outlets reporting on the case. At least one Cincinnati station, WPCO, has now begun referring to Alcorn with gender-affirming pronouns and with the name she herself used, Leelah, after “transgender advocates inundated our staff with requests to change [Alcorn’s pronoun and name] in our previous web story.”

“Let Leelah be our guide to right action,” concludes Riley Johnson, executive director of trans health resource RAD Remedy, in conversation with The Advocate. “We must fix this and set our energies toward creating the means for our young people to live their truth.”