Vidéo : Il y a 110 ans était adoptée la loi sur la séparation des Églises et de l’État

La loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État est adoptée à l’issue d’un vote difficile. Car depuis deux siècles déjà, les relations entre les deux parties sont tendues. Dès la Révolution française, le pouvoir ecclésiastique est contesté, remis en cause. Les républicains, portés par Emile Combes, s’attaquent ensuite aux congrégations religieuses, en leur interdisant d’enseigner. Puis vient l’affaire Dreyfus, qui clive la France en deux camps et marque une vraie rupture dans les relations entre l’Église catholique et la République.

C’est le jeune député de la Loire Aristide Briand qui devient le rapporteur de la loi. Les discussions à l’Assemblée sont houleuses, entre orateurs catholiques d’un côté, anti-cléricaux de l’autre. Mais Briand arrive à trouver un compromis. On peut citer l’article 1 du texte : “La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes dans l’intérêt de l’ordre public”. C’est autour de ces deux principes – “liberté de culte” et “neutralité de l’État” – que va émerger la notion de laïcité.

Le mot en lui-même n’apparaît ni dans le texte, ni dans les débats. Mais c’est bien les jalons d’une République laïque qui sont posés ce 9 décembre 1905. Pour ses rapporteurs, le texte voté ce jour-là est bien plus qu’une loi. Il devient un “engagement”. Engagement dont l’actualité est toujours aussi forte aujourd’hui.

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Laïcité et radicalisation

« La maire de Paris a décidé d’être d’une très grande fermeté sur ce sujet » annonce ce mardi Emmanuel Grégoire, adjoint chargé des Ressources Humaines. Quelques semaines après les attentats qui ont meurtri la capitale, la Ville de Paris présente mercredi son vade-mecum en termes de laïcité.

Un livret de 16 pages qui sera distribué dans les services municipaux, auprès des 5 500 cadres pour les aider à gérer les difficultés qu’ils peuvent rencontrer pour faire respecter la laïcité dans leurs services.

5352001_d43e0aa0-9dc7-11e5-b283-00151780182c-1-preview« Des syndicats m’avaient alerté sur le sujet », explique Emmanuel Grégoire. L’observatoire de la laïcité présidé par l’élu, s’est immédiatement saisi du sujet et a mené une enquête auprès des services sur les « dérapages » observés au sein de l’administration. Direction de la propreté, des espaces verts, des affaires culturelles, de la protection et de la prévention, mais aussi, des affaires scolaires : un peu partout, des employés municipaux ont franchi la ligne jaune. Qu’il s’agisse d’un homme qui refuse de serrer la main à son supérieur parce que c’est une femme, d’un groupe d’individus qui installent dans un local d’entretien des tapis pour prier ou d’une femme qui travaille avec son voile sur la tête : les exemples étaient divers. Pour la Ville pas question de laisser passer le moindre dérapage. « Même si au final, sur 54 000 agents que nous avons, seul le comportement d’une employée qui refusait de retirer son voile a donné lieu à une procédure disciplinaire et un licenciement. Pour les autres, une médiation a suffi à régler le problème », précise l’adjoint. Ce livret sera complété par un grand plan de formation auprès des encadrants.

« Nous allons aussi mettre en place un plan de prévention de la radicalisation et des dérives sectaires », annonce Emmanuel Grégoire. La décision a été prise avec l’Etat après les attentats de novembre. Un comité interne de prévention sera piloté par le Secrétariat Général de la mairie de Paris. Un millier de fonctionnaires (personnel de la direction de la jeunesse et des sports, membres des Permanences maternelles et infantiles, médiateurs dans les collèges, travailleurs sociaux…) seront formés pour repérer les signes d’une radicalisation et les comportements suspects.

avec Marie Monier, Loïc Farge et Marie-Anne Gairaud