Un député gay britannique rappelle au Parlement pourquoi la Pride demeure cruciale

Le débat sur la place des partis politiques au sein des Marches des fiertés secoue aussi le Royaume-Uni, alors que plusieurs grandes manifestations ont décidé d’exclure cette année toute bannière politique, en signe de solidarité avec la communauté trans.

Dans un discours particulièrement ému à Westminster, le député travailliste Sir Chris Bryant, figure historique des droits LGBT+, a pris la défense de la présence des formations politiques au sein des événements Pride, estimant qu’elles ont joué un rôle déterminant dans les avancées obtenues ces dernières décennies.

« Nous avons encore besoin de la Pride »

Face aux parlementaires, Sir Chris Bryant a livré un témoignage personnel et poignant. Évoquant les préjugés tenaces et les violences subies par la communauté LGBT+ par le passé, il a rappelé que la Pride restait essentielle :

« Nous en avions besoin quand la police portait des gants pour nous arrêter, de peur que nous leur transmettions le sida. Nous en avions besoin quand des insultes comme “tapette” ou “gouine” étaient monnaie courante. Et nous en avons toujours besoin aujourd’hui, alors que des enfants sont harcelés, que des jeunes sont mis à la porte de chez eux, ou sombrent dans la détresse. »

Il a également mis en garde contre les dangers d’un climat politique de plus en plus polarisé : « Nous assistons à une instrumentalisation des droits trans pour nourrir de fausses oppositions. Il n’y a pas lieu de choisir entre protéger les espaces non mixtes et garantir la dignité des personnes trans. Les deux sont possibles. »

Une exclusion inédite

Les organisateurs des Prides de Birmingham, Brighton, Londres, Manchester et Oxford ont annoncé la suspension de la participation officielle des partis politiques, estimant que la classe politique n’en fait pas assez pour défendre les droits des personnes transgenres, voire alimente parfois la stigmatisation.

Une décision jugée contre-productive par Sir Chris Bryant, qui voit dans la politique « un levier indispensable pour faire évoluer les droits ». D’autres élus, comme le conservateur Stuart Andrew, ont également dénoncé cette exclusion, craignant qu’elle ne fragilise l’unité du mouvement LGBT+.

Des inquiétudes grandissantes

La controverse survient alors que le Royaume-Uni traverse une période de vives tensions autour des questions liées à l’identité de genre, exacerbées par des débats publics et certaines prises de position médiatiques jugées hostiles. Sir Chris Bryant a pointé du doigt la responsabilité de personnalités publiques « qui attisent des peurs injustifiées et créent une atmosphère où les personnes trans se sentent menacées ».

Il a aussi plaidé pour une interdiction rapide des thérapies de conversion, qu’il qualifie de « violences psychologiques et physiques, infligeant des séquelles durables ».

La Pride, plus qu’un défilé

Malgré les divisions sur la place des partis, un consensus émerge sur la vulnérabilité persistante des minorités LGBT+. Pour Sir Chris Bryant, la Pride « n’est pas une simple parade festive », mais « un acte vital de visibilité et de revendication ».

« Nos droits ne sont jamais définitivement acquis. Nous devons rester vigilants et solidaires, surtout dans les périodes où certains cherchent à nous opposer les uns aux autres. »