Tunisie : Jugement en appel des six étudiants condamnés pour « homosexualité » à Kairouan

Le 25 février a lieu l’appel du honteux jugement des jeunes de Rakkada, interpellés début décembre 2015 et condamnés à de lourdes peines de prison et cinq ans de bannissement de la ville, en vertu de l’article 230 du Code pénal qui réprime l’homosexualité.

L’un des condamnés a écopé de six mois de prison en plus pour « atteinte à la pudeur », car les policiers ont retrouvé des vidéos pornographiques sur son ordinateur.

Au début du mois de janvier, ils ont été remis en liberté provisoire au terme d’une première audience de leur procès en appel contre le payement d’une caution de 500 dinars chacun (soit environ 225 euros). Il importe que l’audience de ce jeudi confirme leur innocence.

Outre d’être une infraction aux conventions internationales ratifiées par la Tunisie, le jugement de Kairouan est aussi une violation caractérisée de l’intégrité physique des jeunes qui n’ont été considérés coupables que sur la base de tests anaux qu’on leur a fait subir pendant les interrogatoires, usant de violence morale. Ils n’ont même pas été pris en flagrant délit mais on aura toutefois attenté à leur honneur et réputation.

Comme le rappelle Farhat Othman, juriste, politiste, chercheur en sociologie et ancien diplomate tunisien : « La persistance de l’homophobie est une honte absolue dans un pays qui prétend vouloir ériger un État de droit fondé sur l’éthique ». Nous espérons donc que la Cour d’appel de Sousse rendra la justice en son âme et conscience, en réhabilitant les six victimes et en déclarant l’homophobie hors-la-loi !
Être juste, c’est déjà mettre un terme à toutes formes de stigmatisation, discrimination et pénalisation basées sur l’orientation sexuelle, en commençant notamment par l’abrogation de l’article 230 qui viole la Constitution, garantissant pourtant la « protection de la vie privée ».

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