Synode : Pas de consensus sur divorces et homosexuels

Le synode sur la famille a approuvé hier son rapport final, mais sans parvenir à un consensus sur les points délicats de l’accueil dans l’Eglise des divorcés remariés et des homosexuels, laissant une assemblée très divisée à l’issue de deux semaines de débats mouvementés.

+ Ce document a montré que le langage nouveau prônant la “miséricorde”, autrement dit la bienveillance, à l’égard de l’union libre, des divorcés remariés et de l’homosexualité, qui imprégnait fortement une première synthèse des débats publiée lundi, ne fait pas l’unanimité.

+ Trois paragraphes –proposant un “approfondissement” sur l’accès aux sacrements, dans des conditions strictes, de certains divorcés remariés, et recommandant une “attention pastorale” pour les gays, tout en récusant toute “analogie” entre leurs couples et le mariage traditionnel– n’ont pas atteint les deux tiers requis.

+ Mais cela ne veut pas dire que leur contenu soit totalement rejeté et évacué du débat, a insisté le Vatican. Même si ce rejet vient probablement surtout du camp conservateur.

+ Les 183 pères synodaux présents ont voté paragraphe par paragraphe: “placet” ou “non placet”. Le texte a été publié aussitôt, à la demande de François.

+ François avait convoqué dès 2013 ce synode dit “extraordinaire” (réunissant les présidents de conférences épiscopales) pour sonder les évêques sur les réponses à apporter aux défis de la famille, sans rompre avec l’indissolubilité du mariage.

+ L’approbation du document final montre que la ligne réaliste du pape est assez largement suivie. Elle lui a permis, paragraphe par paragraphe, de voir la force des camps en présence, partisans et adversaires de ses réformes.

+ Ce synode agité, le premier convoqué par François, est la première phase d’un long processus de consultations. Un deuxième synode “ordinaire”, chargé d’élaborer des propositions, est prévu pour octobre 2015. Ses conclusions seront remises à François, qui aura le dernier mot.

+ Certains cardinaux craignent que l’édifice de l’Eglise ne s’écroule tout entier en cas d’ouvertures majeures sur le divorce, l’union libre ou l’homosexualité.

+ Ce synode a permis de “nommer la réalité des homosexuels croyants”, mais c’est “dommage” qu’aucun accord n’ait été conclu sur l’accueil à leur réserver, ont estimé hier soir des associations de défense des homosexuels.

Pour mémo : Les services du Vatican ont pourtant modifié des passages clés consacrés à la place des homosexuels dans l’Eglise catholique dans la version en anglais d’un document de synthèse des premiers travaux du synode sur la famille.

Cette modification atténue la portée du changement de ton observé dans la première version de ce texte, présenté lundi par le cardinal Peter Erdö, rapporteur général du synode consacrée à la famille.

Elle illustre la persistance de tensions entre conservateurs et progressistes au sein de l’assemblée dont les travaux qui se déroulent à huis clos s’achèveront dimanche.

Dans le texte en italien, de même que dans ses versions en français et espagnol, il est écrit: “Les personnes homosexuelles ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne: sommes-nous en mesure d’accueillir ces personnes en leur garantissant un espace de fraternité dans nos communautés ?”

Dans la version modifiée en anglais, jeudi, le verbe “accueillir” a laissé place à l’expression “pourvoir aux besoins” (de la question initiale “Are we capable of welcoming these people”, la traduction est passée à “Are we capable of providing for these people”).

Après la présentation de cette synthèse intitulée “Relatio post disceptationem” (rapport après le débat), des prélats conservateurs avaient annoncé qu’ils s’efforceraient d’en modifier la version définitive.

“Alors que ce document prétend simplement rendre compte de la discussion qui a eu lieu entre les pères synodaux, il avance en fait des positions qu’un grand nombre de pères synodaux n’acceptent pas”, a ainsi déclaré le cardinal américain Raymond Burke, un des figures conservatrices de l’Eglise, interrogé par le Catholic World Report.

“Un grand nombre de pères synodaux ont trouvé ce texte insupportable”, a-t-il ajouté.

Un porte-parole du Vatican a expliqué que les modifications avaient été apportées après que certains participants ont soulevé des erreurs dans sa première traduction en anglais.

Mais les autres versions du texte, en italien, en français et en espagnol, n’ont subi aucun changement.

Dans le texte en italien, que le Vatican présente comme faisant foi – les autres versions sont présentées comme des traductions non officielles -, le verbe utilisé dans ce passage reste “accogliere”, qui signifie bien “accueillir”.

“Ce n’est pas une traduction, c’est une falsification”, s’est emporté le théologien et historien Massimo Faggioli.


Synode: pas de consensus sur divorcés et… par afp

avec AFP