Sion : Le fantasme du «genre» affole la droite valaisanne

Un colloque international sous l’égide du Conseil de l’Europe met les conservateurs du canton en ébullition. Ils y voient une tentative de promotion de l’homosexualité dans les écoles via une fumeuse «théorie du genre».

Rien que le titre de l’événement avait de quoi faire dresser les oreilles sensibles, dans le canton réputé le plus conservateur de Suisse. Le colloque international intitulé «Le droit de l’enfant et de l’adolescent à son orientation sexuelle et à son identité de genre» s’ouvre aujourd’hui à l’Institut universitaire Kurt Bösch (IUKB), près de Sion. Parrainé par le Conseil de l’Europe, il s’adresse notamment aux enseignants, et bénéficie du soutien des principales institutions scolaires valaisannes, ainsi que du Département cantonal de l’Education de la Culture et du Sport. Et c’est bien là que le bât blesse, selon les tenants d’un certain ordre moral.

Conceptions inverties de la sexualité

En particulier, l’apparition du mot «genre» dans le descriptif du colloque fait sonner toutes les alarmes du côté de l’UDC et du PDC, relève «Le Nouvelliste». Le député UDC Grégory Logean est, bien entendu, sur la brèche. Il met en garde contre la propagation de cette «théorie» aux écoles du canton. «Cela peut aller loin. En Allemagne, dans des classes maternelles, on n’emploie plus le er masculin et le sie féminin que l’on a remplacé par le es neutre», prétend le jeune trublion. Selon lui, ces conceptions sont capables de détruire «l’image de la famille construite autour d’un homme et d’une femme. Et avec ce colloque, on veut faire entrer cette idée dans nos classes.» Sa nouvelle formation, l’anti-avortement et pro-peine de mort «Mouvement chrétien conservateur valaisan», a diffusé un communiqué qui dénonce la «divulgation et la banalisation de conceptions inverties de la sexualité et la démagogie qui au nom des droits de l’enfant le déifie face à ses parents légitimes.»

Caricature

Philip Jaffé, directeur de l’IUKB, réplique dans les colonnes du quotidien. «Le colloque ne vise la diffusion ou la promotion d’aucune théorie, explique-t-il. Par contre, il entend, entre autres choses, sensibiliser tous les milieux au contact de l’enfance sur des attitudes discriminatoires ou homophobes qui contribuent à la détresse d’enfants et d’adolescents.» Quant à la fameuse «théorie du genre», qui fait des gorges chaudes au sein de l’extrême droite française en ce moment, elle n’existe tout simplement pas, rappelle-t-il. «Il s’agit d’une caricature d’une théorie simpliste et en apparence scientifique avancée par des milieux qui expriment des peurs fondées sur des idéologies et des croyances.» Ce qui existe, en revanche, ce sont les études genre: l’étude des conceptions du masculin et du féminin, du biologique aux dimensions sociales, culturelles et politique.

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