Réunion sur les questions de bioéthique à l’Assemblée nationale avec des « spécialistes de la procréation » (VIDEOS)

Les députés des commissions des lois et des affaires sociales ont pu « échanger », ce mercredi 20 juin, avec le gynécologue-obstétricien René Frydman, notamment, ainsi que des chercheurs et penseurs familiers de la procréation, la philosophe Sylviane Agacinski, les sociologues Dominique Mehl et Irène Théry, le psychanalyste Jean-Pierre Winter et la maître de conférences à l’université d’Évry, Aude Mirkovic, proche de la Manif pour tous. Un « préambule » au large débat sur la bioéthique prévu cet automne, avant la révision de la loi actuelle, au cours du premier semestre 2019.

En France, la procréation médicalement assistée (PMA) est interdite pour les couples de même sexe et pour les femmes célibataires. Une situation qui devrait changer dans les prochains mois, Emmanuel Macron ayant indiqué qu’il était favorable à une PMA pour toutes. Mais contre la gestation pour autrui (GPA), qui devrait donc rester interdite sur notre sol.

Le Pr. Frydman a appelé à un développement de la recherche sur l’embryon, « c’est la clé », a-t-il insisté. « Tout le monde parle de la PMA, mais ça ne marche pas suffisamment ! » Selon lui, l’âge moyen pour une PMA est de 38 ans, ce qui est « proche du mur de l’échec ».

Il a toutefois exprimé son inquiétude à propos de la GPA, « il ne faut pas tomber dans la commercialisation du corps », dit-il. Un « tourisme procréatif », pour la philosophe Sylviane Agacinski, qui estime que les enfants nés de GPA à l’étranger sont « victimes des conditions de leur naissance ».

« Il n’y a aucune délinquance à aller faire légalement dans un pays, une pratique qu’il autorise », martèle Irène Théry, rappelant que pour l’intérêt des enfants, il était justement nécessaire de les reconnaitre déjà et sécuriser les liens avec les deux parents. « Ce n’est pas pour rien que la cour européenne a condamné cinq fois la France… », ajoute la sociologue.

Pour la juriste Aude Mirkovic, « la PMA pour les femmes signifie l’abandon de la gratuité des éléments et produits du corps humain ». « Une telle décision ne pourrait pas raisonnablement trouver sa place autour d’un projet de bioéthique (…) Un enfant qui serait rattaché ab initio dans sa filiation à deux femmes, (…) ça supposerait une refonte totale du droit français ».

« Il ne faut pas croire que, éventuellement, quand on aura accordé la PMA à toutes on en aura fini avec les revendications et les demandes qui heurtent éventuellement le sens moral et éthique », prévient en outre Jean-Pierre Winter, psychanalyste. « Les enfants qui connaissent leur généalogie ont beaucoup moins de difficultés à intégrer ce qu’on leur apprend que les autres ».

Jean-Louis Touraine (LREM) ne pense pas que l’on puisse maintenir une prohibition, quand on a rendu légal le mariage et l’adoption pour tous. Mais le député (LR) Bernard Perrut, se demande si la loi doit organiser « la privation du père ». Il a appelé au respect des droits de l’enfant et de l’intérêt général. « Le message envoyé dans toutes les familles c’est ‘un père c’est superflu’ », ajoute Jean-Pierre Winter.

Après deux heures de ces « échanges », le ton est monté, avec son lot de dérapages. Merci aux député.e.s LREM Guillaume Chiche, Olivier Veran et Coralie Dubost de les avoir dénoncés. Pour revivre ce « grand débat » :