Recherche médecin ou avocat gay-friendly…

Un site Internet pour aider les LGBT à trouver des professionnels dans le domaine du droit et de la santé voit le jour .

Quand les homosexuels cherchent des professionnels gay-friendly… ils ne trouvent pas grand monde. « Pourtant, il y a un vrai besoin », estime Stéphane Cola, qui vient de lancer le site AvocatsGayFriendly.fr.

« Environ 10.000 personnes effectuent chaque mois une recherche sur Internet pour trouver un “avocat gay friendly”. Et près de 14.000 personnes tapent “médecin gay ou gay-friendly”, sur Google. Jusqu’ici, cette recherche restait infructueuse. » En septembre, son annuaire d’avocats s’enrichira d’une liste de médecins gay-friendly. Car « la première chose qu’un avocat ou un médecin vous lance », explique-t-il, c’est « “Dites-moi tout!”. Si vous êtes dans la retenue, vous aurez un mauvais diagnostic ! »

Une centaine d’avocats sont déjà répertoriés. Il suffit de cliquer sur sa région pour trouver le plus proche de chez soi. « Près de 70 % d’entre eux sont hétéros, mais ont l’esprit suffisamment ouvert et l’expérience des homosexuels », précise le créateur du site.

« La communauté gay continue de connaître des spécificités liées notamment à son statut de minorité ou aux particularités de ses modes de vie, souligne-t-il. Il nous a donc semblé important de lui ouvrir un site sur lequel elle pourra trouver des avocats bienveillants ». « Ce n’est pas un enfermement dans une communauté », se défend-t-il. « Toutes les minorités se protègent en créant entre elles des outils de solidarité… »

Mariage, adoption, filiation, mais aussi discrimination, « quand on sait qu’on peut trouver un avocat gay-friendly, on est plus tenté de faire valoir ses droits », affirme Stéphane Cola. « Ça rassure les homosexuels de parler avec quelqu’un qui les comprend », témoigne Me Florent Berdeaux-Gacogne. « Ils se disent qu’on a plus d’outils pour réussir. » Spécialiste du droit de la famille, l’avocat raconte recevoir en ce moment des « demandes classiques, mais avec des situations spécifiques ». « La même loi produira les mêmes problèmes de divorce », indique-t-il. « Mais là où ce sera particulier, c’est lorsqu’il y aura des enfants non communs. Jusqu’à présent, le juge statuait dans l’intérêt de l’enfant et accordait la garde d’un bébé à sa mère. Mais lorsqu’il y aura deux papas ou deux mamans, ce sera examiné à travers de nouveaux critères… qu’on pourra ensuite utiliser dans la jurisprudence hétérosexuelle ! »

Depuis le vote de la loi Taubira, Me Berdeaux-Gacogne fait part d’une « nette augmentation des dossiers d’homoparentalité ». « Certains veulent sécuriser le lien avec l’enfant… d’autres l’absence de lien », rapporte-t-il. « J’ai par exemple plusieurs dossiers en cours de couples de femmes qui craignent que l’homme qui leur a donné son sperme se découvre un jour un instinct paternel. Ou d’hommes qui veulent être sûrs que l’enfant ne viendra pas les chercher plus tard. Dans ces cas-là, que faire ? Je ne peux pas les empêcher. Je ne peux que les prévenir des risques et leur dire “ eh bien, faites un enfant, vous verrez bien…” ».

Me Sylvie Coville-Locatelli, elle, a déjà eu affaire, il y a quelques années, à des cas de grossesse pour autrui (GPA). « Il était impossible à l’époque de faire les démarches en France », indique-t-elle. « Du coup, ces familles sont parties à l’étranger. Vont-elles revenir? Je n’ai pas d’échos. Aujourd’hui, les problèmes restent les mêmes, malgré la circulaire Taubira. »

PMA, GPA, les demandes spécifiques des couples homosexuels concernent aussi les médecins. Voilà pourquoi Stéphane Cola a eu l’idée de recenser les « praticiens non seulement bienveillants à leur égard, mais surtout sensibilisés aux problèmes qu’ils peuvent rencontrer ». Une étude menée par l’association Aides et la Fédération française des centres LGBT montre que si 93 % des personnes interrogées déclarent avoir été bien accueillies par les soignants, 30 % des femmes et 27 % des hommes disent avoir eu peur de dire qu’ils étaient homosexuels ou bisexuels. « Les médecins bienveillants pour les lesbiennes, pour l’instant, on se les refile entre nous ! », raconte Alice Coffin, du collectif Ouiouioui, qui défend « l’ouverture à toutes et tous du mariage, de l’adoption et de la PMA. Pour ces gynécologues-là, il y a au moins deux ou trois mois d’attente ! »

Pédopsychiatre périnataliste, « c’est-à-dire spécialiste des femmes enceintes et des hommes enceints », le Dr Luis Alvarez s’occupe de nombreux cas de «nouvelles parentalités». Ces dernières années, il a ainsi été consulté par trois couples ayant effectué une GPA en Russie. « Ces enfants vont très bien!, tient-il d’abord à souligner. Mais leurs parents se posent beaucoup de questions, comme “Quelle est la part de la maman qui reste dans la mémoire du bébé ?” L’aspect transgressif peut les perturber, tout comme des interrogations de type éthique. Mon rôle est de faire en sorte qu’ils puissent se positionner de manière constructive. »

S’agissant de ces avocats et de ces médecins gay-friendly, Stéphane Cola décrit « une France coupée en deux verticalement, la moitié ouest étant beaucoup moins bien couverte que l’est du pays. Pour l’instant, par exemple, on n’a personne en Bretagne! », note-t-il. « Mais j’espère que d’ici la fin de l’année, on arrivera à couvrir tout le territoire. »

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