Question de survie : Cinq prisonniers transsexuels en grève de la faim à Istanbul

Cinq prisonniers transsexuels – quatre Espagnols et un Azerbaïdjanais – ont entamé une grève de la faim à la prison stambouliote de Maltepe après avoir été transférés dans une nouvelle cellule, à l’écart de leurs anciens codétenus transsexuels turcs. Sans famille et presque sans ressources, les cinq captifs ont déclaré que l’aide de leurs amis turcs leur était vitale, notamment pour surmonter la barrière de la langue.

Ils étaient 26 transsexuels dans la même cellule. Désormais, ils ne sont plus que 21. Les cinq détenus étrangers du groupe, déplacés dans une nouvelle cellule, ont entamé une grève de la faim dans l’espoir de réintégrer l’ancienne. C’est une question de survie :
« Personne ne nous aide à l’extérieur. Nous ne parlons pas turc et nous n’avons pas de ressources financières pour subvenir à nos besoins. Nos codétenus turcs étaient les seuls à nous aider. »
Tous insistent sur l’entraide entretenue tout au long des quatre années de cohabitation.

Le groupe est désorienté, mais décidé à tenir bon : « Nous continuerons notre grève jusqu’à ce que nous soyons à nouveau avec nos amis turcs. La cellule dans laquelle nous sommes actuellement n’est pas appropriée », a déclaré l’un des prisonniers espagnols.

Hilal Başak Demirbaş, de la Société civile pour le système pénal, a déjà réagi en rappelant que les détenus étrangers vivaient la plupart du temps dans de mauvaises conditions et que les prisonniers n’étaient jamais consultés pour les décisions de transfert de ce type, tout en se réjouissant que la solidarité avec les personnes LGBT était désormais importante dans les prisons.

L’identité sexuelle en milieu correctionnel : une question sensible malgré des améliorations

Bien que, depuis une trentaine d’année, les améliorations soient sensibles au niveau de la tolérance envers les personnes homo- et transsexuelles dans les prisons, deux problématiques restent sensibles pour les détenus LGBT : celle de la sécurité bien sûr, et celle de la poursuite de leur éventuel traitement hormonal.

Des études statistiques continuent de montrer que les violences envers les personnes LGBT sont importantes dans les établissements pénitentiaires, où l’homophobie atteint des records. En 2014, en Turquie, le gouvernement avait d’ailleurs envisagé de construire des prisons réservées aux homosexuels, suscitant l’inquiétude des associations de défense de leurs droits qui redoutaient un renforcement de la discrimination dans un pays déjà très homophobe.

L’autre problème réside dans le fait que les détenus transsexuels suivant un traitement hormonal en prison – lorsque celui-ci est autorisé – ne bénéficient pas du suivi médical et psychologique nécessaire à une thérapie aussi intense et éprouvante.

Avec aujourdhuilaturquie.com