Maroc : Ouverture à Marrakech du « procès » de deux mineures accusées d’« homosexualité »

Les deux adolescentes de 16 et 17 ans, qui avaient été arrêtées le 27 octobre dernier, sur dénonciation de l’une des deux familles, après avoir été « surprises » en train de s’embrasser sur le toit d’une maison, ont été présentées dans la matinée de ce vendredi 25 novembre à un juge du tribunal de première instance, a indiqué à l’AFP l’un des trois avocats de la défense, Me Rachid Al Ghorfi.

Poursuivies par la justice marocaine pour « homosexualité », elles ont nié les accusations et assurent n’entretenir qu’une relation amicale. Le procès avait déjà été reporté une première fois.

Les avocats de la défense ont débattu de « la philosophie » de l’article 489 du code pénal marocain, qui criminalise « les actes licencieux ou contre-nature avec un individu du même sexe », soulignant par ailleurs ses « contradictions » avec les protocoles internationaux signés par le Maroc et la Constitution même, insiste Me Ghorfi. « Le juge a fixé la date de la plaidoirie au 9 décembre prochain, date à laquelle sera prononcé le jugement », a-t-il précisé.

Les deux jeunes filles encourent une peine de six mois à trois ans de prison. C’est la première fois qu’un cas impliquant des femmes, qui plus est mineures, défraie ainsi la chronique.

Une vingtaine d’organisations et collectifs, dont l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH), ont dénoncé leur arrestation et conditions de détention, ainsi que « les mauvais traitements constatés durant toutes les étapes de l’affaire ».

« Ces deux filles pourraient faire de la prison simplement pour avoir fait preuve d’affection l’une envers l’autre », s’est inquiétée Sarah Leah Whitson, directrice exécutive de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch, exhortant dans un communiqué les autorités marocaines à lever les accusations et « cesser de poursuivre des individus pour des actes privés n’engageant que leur consentement mutuel », a-t-elle ajouté.

Ce jeudi 24 novembre, selon AlYaoum24, un autre Marocain d’une vingtaine d’années aurait également été interpellé, « surpris » dans le même lit avec un touriste Espagnol par la femme de ménage de l’hôtel à Marrakech, où le couple résidait. Elle a alerté la direction de l’établissement qui a appelé la police. Les agents ont découvert les deux hommes en plein ébat. Ils ont été placés en garde à vue.

Anne V. Besnard
stophomophobie.org