Agression homophobe à Beni Mellal : la justice marocaine « relâche » les deux victimes avec trois mois de sursis

>> Morocco court releases 2 men convicted of homosexuality

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Ils avaient été violemment lynchés avant d’être trainés nus sur la voie publique par quatre jeunes qui s’étaient introduits dans leur appartement au début du mois de mars  à Beni Mellal. La scène filmée avait ensuite été diffusée sur les réseaux. Mais au-delà de cette violence, le procès intenté aux deux victimes a soulevé un véritable tollé dans une partie du milieu associatif marocain. L’une des deux victimes avait en effet été condamnée en première instance à quatre mois ferme et 500 dirhams d’amende pour « homosexualité », tandis que l’un de ses agresseurs écopait d’une peine dérisoire.

A l’issue du second procès, déjà reporté, qui s’est tenu ce lundi sur fond de polémique et d’indignation, la justice marocaine a finalement décidé de libérer les deux hommes, avec trois mois de sursis chacun.

Devant le palais de justice, une centaine de manifestants, femmes à gauche, hommes à droite, s’étaient pourtant rassemblés pour exiger avec véhémence leur condamnation et la libération des assaillants. Mais le juge les a condamné au contraire à quatre et six mois de prison ferme. A l’annonce du verdict, l’un des deux agresseurs a menacé de se suicider. Sa famille est effondrée et son avocat compte bien faire appel. On est pourtant responsable de ses actes ! Deux autres ont été relaxés et un cinquième devait comparaître mercredi devant un tribunal pour mineurs.

Alors qu’au Maroc, depuis quelques mois, les tribunaux populaires se multiplient, l’avocat des victimes s’est pour sa part réjouit dans la presse du message clair envoyé par les autorités marocaines : « ceux qui voudraient se substituer à la justice, iront en prison ! »

« Même si j’ai plaidé pour l’abandon des charges, je trouve que le jugement est positif pour nous », souligne Maître Ibrahim Hassala. Il espérait vivement faire abroger l’article 489 qui criminalise les rapports homosexuels, mais se satisfait largement de ce sursis.

« Loi inhumaine, morale inhumaine. La haine n’est pas une valeur familiale »

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En marge du procès, deux ressortissantes françaises, membres des Femen, qui appelaient justement à la libération des victimes, ont tenté de poser seins nus devant le tribunal, avant d’être rapidement interpellées par des policiers, a déclaré à l’AFP Hussein Harchi, représentant de l’Association marocaine des droits humains. Selon un communiqué de la préfecture de Beni Mellal-Khénifra reproduit par l’agence officielle MAP, elles devraient être expulsées pour « tentative de mener des actes portant atteinte aux bonnes mœurs et à la morale publique ».

Valentine Monceau
stophomophobie.org

>> A Moroccan court on Monday released two men convicted of homosexuality — which normally carries a jail sentence in the kingdom — in a case that stirred emotions throughout the country.

The court also jailed two men convicted of attacking the couple, while outside two topless Femen activists from France were detained and deported after protesting for Rabat to decriminalize homosexuality.

Residents of the town of Beni Mellal in central Morocco, meanwhile, gathered to demand the release of the jailed attackers.

The trial centered on an alleged assault of two homosexual men by a group of individuals in an apartment in Beni Mellal last month.

A video of the alleged attack appeared on YouTube, showing two half naked men with bloodied faces being attacked and dragged into the street.

A first victim was sentenced to four months in jail for “acts against nature”, but an appeal hearing decided Monday to release him on time served.

The other victim was handed a four-month suspended sentence for “sexual deviancy”.

For the attack on the couple, one defendant was handed a six-month prison sentence and another received four months for forced entry, resorting to violence and carrying weapons.

Two others were acquitted and a fifth was to be tried later in a minors’ court.

Rights organizations have demanded that Morocco decriminalize homosexuality, which is punishable by up to three years in jail.

Last August, a court in Rabat sentenced two men to four months in prison for beating up a presumed homosexual because of his appearance.

The men were arrested after websites posted a video of the victim trying in vain to take shelter in a taxi to escape a crowd.

And in another incident in a string of controversies over homosexuality, two men were jailed for four months in June for kissing in public in the capital.