L’Indonésie en pleine « hystérie anti-LGBTI » depuis le lancement de la campagne pour les élections présidentielles et législatives

Plusieurs administrations régionales ont annoncé vouloir mettre en place des réglementations destinées à restreindre encore davantage les droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT), déjà fréquemment incriminés en période électorale, rapporte le Jakarta Post.

La ville de Payakumbuh, dans la province de Sumatra Ouest, l’une des plus conservatrices du pays sur le plan religieux, prévoit notamment d’interdire toutes les activités liées à ce type de comportements déviants, pour endiguer sa promotion, avec la révision de dispositions, adoptées en 2016, « pour lutter contre les maux sociaux ».

Le sous-gouverneur de la province, Nasrul Abit (du parti Gerindra), a même encouragé l’adoption de nagaris (règlements locaux) pour « sanctionner » les personnes LGBT par des parades en public « pour les humilier » ou le paiement d’une lourde amende.

Dans la province centrale de Kalimantan, les législateurs s’attèlent également à la rédaction d’un texte « pour contrer la propagation alarmante des activités LGBT » dans le pays. Selon Supian Hadi, qui assure la régence de la région, « l’homosexualité serait une maladie contre les normes religieuses ».

D’autres autorités ont opté pour une politique moins contraignante en diffusant des « circulaires » incitant la population à agir, comme à Cianjur (Java Ouest), où le 15 octobre dernier des messages haineux ont été adressés aux prédicateurs pour alimenter leurs sermons et prières, et « prévenir les infections par le VIH ».

Quelques jours après, la police de Java-Ouest arrêtait un couple gay, qui administrait le groupe « Gay Bandung Indonesia » sur Facebook. Les deux hommes ont été inculpés pour « diffusion d’informations électroniques contenant des atteintes à la pudeur ».

« Les abus des organes responsables de l’application des lois à l’encontre des personnes LGBTI sont considérés comme une pratique normale par de nombreuses personnes en Indonésie », a déclaré Usman Hamid, directeur d’Amnesty International dans le pays.

« Certaines encouragent même la police et la Satpol PP à procéder à ces arrestations. Le gouvernement central doit prendre des mesures pour faire cesser cette répression et ordonner aux autorités locales de supprimer tous les règlements discriminatoires. Les policiers doivent recevoir l’ordre de protéger les personnes LGBTI persécutées en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre supposée, qui font partie des caractéristiques innées et ne doivent pas être érigées en infractions. »

Et si les sentiments hostiles se sont bien renforcés, depuis le lancement de la campagne pour les élections présidentielle et législatives d’avril 2019, il y a deux mois, peu probable qu’un quelconque parti politique ose prendre la défense des personnes LGBT, ajoute Dede Oetomo, fondateur de « GAYa Nusantara », le plus ancien groupe dédié dans le pays.

Ce 4 novembre, des agents de la Satpol PP de Padang (Satuan Polisi Pamong Praja), dans la province de Sumatra-Ouest, ont arrêté 10 femmes, présumées lesbiennes, après que l’une d’elles ait publié là encore, sur Facebook, une photo sur laquelle on la voit embrasser sa petite-amie. Elles ont été obligées de suivre un « programme de sensibilisation », dans un organisme social local.