Nouvelle démonstration de la répression qui s’abat sur la communauté LGBT+ en Indonésie. Samedi 22 juin, la police a interpellé 75 personnes lors d’une descente dans une villa privée à Bogor, dans la grande banlieue de Jakarta, qualifiant l’événement de « gay party ».
Les forces de l’ordre affirment avoir saisi des préservatifs, des sextoys et même une épée présentée comme accessoire d’une performance artistique. Les personnes arrêtées ont été interrogées sur leurs « activités homosexuelles », sans qu’aucune accusation formelle n’ait été rendue publique.
Pourtant, l’homosexualité n’est pas illégale en Indonésie, à l’exception notable de provinces comme Aceh ou le Sud de Sumatra où la charia interdit explicitement les relations entre personnes du même sexe. Mais la réalité est plus complexe : les autorités utilisent la loi anti-pornographie de 2008, un texte flou criminalisant la production et la possession de contenus jugés « obscènes », pour cibler les personnes LGBT+. La peine encourue peut aller jusqu’à 15 ans de prison.
Depuis 2016, les descentes de police lors de rassemblements privés se sont ainsi multipliées. Déjà cette année, au moins deux autres raids similaires ont eu lieu : 56 personnes ont été arrêtées en février, neuf autres en mai. En parallèle, deux étudiants ont été publiquement flagellés à Aceh en février pour avoir eu des relations homosexuelles consenties.
L’ONG Amnesty International Indonésie a dénoncé une « violation flagrante des droits humains et de la vie privée » et réclame la libération immédiate des personnes interpellées. « Ces arrestations humiliantes doivent cesser », martèle Wirya Adiwena, directeur adjoint de l’organisation, qui rappelle qu’aucune loi n’interdit ce type de rassemblement dans le reste du pays.
Au-delà des arrestations, en mai dernier, la régence de Gorontalo a interdit les artistes transgenres dans les spectacles publics. Et un projet de loi sur l’audiovisuel envisage d’interdire toute représentation de comportements LGBT+ sur internet, sous couvert de protection des enfants. Un discours qui fait écho aux rhétoriques anti-LGBT+ en Russie ou aux États-Unis.
En Indonésie, la communauté LGBT+ vit depuis dans un climat de peur, entre lois liberticides, stigmatisation publique et violences policières. Les associations locales et internationales appellent la communauté internationale à se mobiliser face à cette offensive de plus en plus organisée contre les droits fondamentaux.