Les #homosexuels sud-africains inquiets après le décès de #NelsonMandela

Les droits des homosexuels en Afrique du Sud sont les plus avancés de tout le continent africain, devançant aussi les législations de beaucoup de pays de par le monde. Un héritage légué par Nelson Mandela, qu’une partie de la population gay et lesbienne craint de voir disparaître avec son décès.

Darren, Emanuel et Jeremy : une gentille petite famille de la classe moyenne sud-africaine. Une famille qui, cependant, sort un peu des normes : des pères de couleurs différentes, et gays.

Dans le reportage vidéo réalisé par le New York Times, les deux parents témoignent : l’héritage de Nelson Mandela, en Afrique du Sud, c’est la fin de l’apartheid entre Blancs et Noirs, mais aussi la reconnaissance des droits des homosexuels. Une avancée unique sur le continent. Ces derniers ont le droit de se marier, et d’adopter des enfants.

Mais les parents du jeune Jeremy, s’ils ont bénéficié de ces changements fondamentaux, craignent, comme ils le racontent au journaliste du New York Times, que les protections offertes par la Constitution sud-africaine ne soient remises en question.

Alors que l’homosexualité est très largement acceptée dans les quartiers huppés de Johannesburg ou du Cap, majoritairement blancs, elle reste taboue dans les townships populaires, où s’exerce la violence homophobe.

Bases constitutionnelles solides

“Il y a encore beaucoup d’ignorance et d’homophobie vis-à-vis des homosexuels, mais nous avons une base constitutionnelle très solide, et nous sommes à des années lumières d’autres pays africains”, tempère Edwin Cameron, juge à la cour constitutionnelle de Johannesburg. Interrogé par The Guardian, il souligne la répression en vigueur dans des pays comme le Zimbawe ou l’Ouganda.

Mais il est d’accord : les choses sont loin d’être idylliques. “Nous sommes encore un pays déchiré par les inégalités et la discrimination fondée sur le sexe et la race ; un pays de plus en plus préoccupé par les problèmes de corruption et de criminalité. Les attentes 1990 n’ont pas été comblées (…) nous n’avons pas accompli la promesse de ces années-là”, dit-il, ajoutant qu’il reste très sceptique sur les avancées pour les années à venir.

Pour le journaliste sud-africain, Mark Grevisser, interrogé par le Huffington Post, “il n’est pas question de remettre en doute le leadership de l’Afrique du Sud en termes de droits des homosexuels”.

La constitution de 1996 criminalise la discrimination sur base de l’orientation sexuelle. Cette disposition, explique-t-il, a ouvert la voie au débat parlementaire, puis a facilité l’adoption d’une nouvelle loi, autorisant le mariage entre personnes du même sexe en 2006. Les homosexuels ont, par ailleurs, le droit d’adopter des enfants.

Le combat de Nelson Mandela contre le SIDA dans son pays, même s’il a démarré relativement tard, a contribué de façon décisive dans le changement d’attitude face aux couples gays, ajoute Mark Grevisser.

Un débat difficile, pour la génération Mandela

Mais le journaliste, observateur avisé de la vie politique sud-africaine, insiste : le combat des droits des homosexuels n’est pas à proprement parler un combat de Nelson Mandela lui-même. “Comme pour plusieurs personnes de sa génération, ce n’était pas quelque chose qui mettait Mandela à l’aise”, raconte-t-il. “Ce qui est extraordinaire, c’est que quand des camarades plus jeunes tentaient d’expliquer cette problématique, et que les droits humains sont indivisibles , et que, tout comme vous ne pouvez pas discriminer quelqu’un à cause de la couleur de sa peau, vous ne pouvez pas discriminer quelqu’un à cause de son orientation sexuelle, ils l’ont obtenu. Et très rapidement”.

Mais la vieille culture homophobe du pays n’a pas disparu pour autant. Des gays et lesbiennes sont régulièrement assassinés en raison de leur mode de vie, note l’AFP en octobre dernier. Les associations, elles, continuent de dénoncer les “viols correctifs”, pratiqués dans les townships pour “corriger” l’homosexualité féminine, comme en témoigne l’assassinat, en juin, de Duduzile Zozo, une lesbienne de 26 ans.

La haut-commissaire de l’ONU aux Droits de l’Homme, Navi Pillay, notait que l’Afrique du Sud connaissait “quelques-uns des pires cas de violence homophobe”, malgré l’une des législations les plus libérales du monde en matière de droit des homosexuels.

Si Nelson Mandela, et son combat, ont contribué à ce changement fondamental d’attitude dans la société sud-africaine, ce sont les jeunes qui ont imposé l’égalité entre hétérosexuels et homosexuels. Mais cela ne rassure qu’à moitié Darren et Emanuel : la présence de Nelson Mandela n’est pas indispensable pour la cause homosexuelle, mais l’évolution des mentalités doit encore se poursuivre, surtout dans les milieux défavorisés, avec l’aide des nouvelles générations.

>> South Africa’s constitution guarantees equality. But some gays worry that with Nelson Mandela’s passing, some of those rights could come under threat.

Few images better depict what was not so long ago called “the new South Africa” than the Kelly-Loulié family portrait.

Dads, Darren and Emanuel, and baby Jeremy, nicknamed J.J., are all different colors. Darren is white. Emanuel is “colored” — a term South Africans use for people of mixed race — as is Jeremy.

Two of the hallmarks of Nelson Mandela’s South Africa were not just an end to racial separatism, but also the embrace of equal rights for gays, including the right to marry and adopt.

The Kelley-Louliés have benefited from those changes. But Emanuel Kelly-Loulié worries that the protections provided by South Africa’s Constitution may be threatened now that Mr. Mandela, is gone — especially on a continent where gay rights are rarely granted.

W. Fayoumi, avec le NYT, The Guardian et le Huffington Post

http://www.rtbf.be/info/monde/detail_les-homosexuels-sud-africains-inquiets-apres-le-deces-de-nelson-mandela?id=8158891