Le Vatican refuse la nomination de Laurent Stefanini, ambassadeur français gay

Il n’y aura pas d’ambassadeur français au Vatican. Après plusieurs mois de bataille diplomatique, le favori à ce poste, Laurent Stefanini, vient d’être recalé par le Vatican. Selon une information de Libération, le Saint-Siège a indiqué son refus de voir ce dernier s’installer à la Villa Bonaparte, l’ambassade de France au Saint-Siège.
De son côté, l’Elysée affirme qu’il ne présentera pas un autre ambassadeur jusqu’en 2017.

C’est une attitude peu charitable», relève l’historien Philippe Levillain, éminent spécialiste de la papauté, dans Libération. A Paris, pas question de donner l’impression de s’être couché devant le Vatican. «On n’a pas trouvé d’autre poste à Stefanini et pour cause, on ne lui en a pas proposé», dit-on officiellement.

«C’est plutôt couillu de ne pas céder au pape, je ne comprends pas pourquoi on ne le dit pas plus fort», se désole une source ministérielle. «Si tu cannes devant le Vatican, c’est la victoire d’une partie des intégristes français et cela, on ne le peut pas. Mais on n’assume pas ouvertement cette position. C’est dommage», ajoute un autre conseiller de l’exécutif. C’est en revanche raccord avec la personnalité de Hollande de ne jamais aller au clash.

Dès l’automne dernier, le nom de Laurent Stefanini a commencé à circuler avec insistance. Mais, au goût des milieux romains, l’intéressé a participé un peu trop ouvertement à sa campagne pour succéder à Bruno Joubert, l’ancien Monsieur Afrique de Sarkozy. L’empressement à présenter comme acquise sa nomination a froissé au Vatican, un monde où l’on est très à cheval sur l’étiquette. Et peut-être plus que l’homosexualité de Stefanini, pitoyablement révélée à cette occasion. Dans le passé, il y a eu des ambassadeurs français gays auprès du Saint-Siège. En fait, Laurent Stefanini, reconnu comme un expert des questions religieuses et ancien numéro 2 de la Villa Bonaparte, est bel et bien une victime collatérale du mariage pour tous, dont le vote a crispé les relations avec le Vatican. Sauf que «le pape François est indifférent à la France. Il ne redoute pas l’affrontement avec Paris», relativise l’historien Philippe Levillain.

Dans l’entourage proche de Laurent Stefanini, quelques-uns continuent d’espérer. «Il y a deux semaines, Laurent y croyait encore», confie un ami du diplomate. Le déplacement à Rome de Bernard Cazeneuve le 18 octobre est-il la dernière chance de Stefanini ? La canonisation des parents de Thérèse de Lisieux, raison officielle de ce déplacement, sera l’occasion d’une rencontre entre le ministre français de l’Intérieur et le cardinal français Jean-Louis Tauran, l’un des grands diplomates du Vatican, proche du pape et qui a soutenu la candidature Stefanini.

Cependant, cet appui substantiel (tout comme celui de l’archevêque de Paris, André Vingt-Trois) n’a pu faire pièce à une virulente campagne menée à Rome et au sein même du Quai d’Orsay contre le chef du protocole de l’Elysée. Ses amis dénoncent une «poussée de fièvre hors du champ de la réalité» ainsi qu’un «sale règlement de comptes» au sein du Quai d’Orsay.

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Pour l’heure, Stefanini est impliqué dans l’organisation du sommet de Paris sur le climat. «C’est une mission très importante qui va l’occuper à temps plus que plein jusqu’à la fin de l’année», insiste un conseiller présidentiel.