La GPA, la religion, la politique, les Français et les enfants

Agitée comme un chiffon rouge, la proposition de loi pourtant soutenue par le Député Léonetti et ses 152 signataires députés UMP et UDI s’en est allée, ce 4 décembre 2014, sur la pointe des pieds de 16 députés esseulés qui ont voté en sa faveur… Effacée par une simple motion de censure, la page est tournée.

Le Député Léonetti voulait envoyer en prison des français qui ont recours à la Gestation Pour Autrui (GPA) dans les pays étrangers où elle est autorisée. Imaginez un peu: vous roulez à 150 km/h sur les autoroutes allemandes où cela est autorisé? En prison! Vous faites un test ADN en Grande-Bretagne? En prison!

Non seulement cette proposition de loi était inapplicable sur la forme, mais plus grave, sur le fond elle vient dire que pour le bien des enfants, certains Députés sont prêts à mettre leurs parents en prison. La France ne peut interdire à l’étranger ce qui y est légal. Les deux pays concernés doivent appliquer la même restriction pour envisager une telle coopération binationale. Mais la contagion des esprits sur les dérives de la GPA pousse certains à croire qu’ils deviennent les rois du prêt-à-penser devenant les seuls à détenir La vérité en la matière. Comme si les autres pays qui ont légalisé la GPA ne s’étaient jamais penchés sur le sujet! Qui pourrait encore croire une telle histoire? 16 députés, une philosophe, et un Premier ministre.

Aujourd’hui les français se rendent bien compte que la réalité des parcours éthiques de GPA échappe aux caricatures brandies. La notion de marchandisation du corps, notion totalement inventée pour l’occasion, ne résiste pas une seconde au fonctionnement même de notre société. Pourquoi les opposants à la GPA ne s’en prennent pas à ceux qui “vendent” leurs corps et sont indemnisés pour les tests cliniques sur les nouveaux médicaments?

Publié le 4 décembre 2014, un sondage IFOP/ADFH nous donne une belle leçon d’humanité: si pour l’instant la France s’y refuse en contravention de l’arrêt de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) du 26 juin 2014, 72% des français souhaitent que les enfants nés par GPA puissent être reconnus et mentionnés sur le livret de famille de leurs parents. 60% des catholiques pratiquants y sont favorables, n’en déplaise à l’ancienne responsable média de la Conférence des évêques de France aujourd’hui propulsée à la tête du mouvement réactionnaire de LaManifPourTous. 57% des sympathisants UMP y sont favorables, 87% pour ceux du Parti Socialiste. En réalité, tous les sympathisants de tous les partis politiques y sont favorables! du Front national (56%) au Front de gauche (94%). “Enorme” comme diraient les enfants!

Tellement énorme que l’appareil gouvernemental patine et s’enlise dans la définition des modalités d’application des arrêts de la CEDH ayant condamnés la France. Responsables politiques, la solution est pourtant simple car humaine, inversez la hiérarchie proposée dans le titre de cette tribune et vous trouverez une porte de sortie.