La France approuve t elle les loi homophobes Russes ?

La ministre chargée des Sports Valérie Fourneyron a confirmé sa présence aux Jeux olympiques de Sotchi en février prochain, sans pour l’instant accepter à ses côtés des activistes LGBT. Une position à l’opposé de la décision des Etats-Unis d’envoyer des athlètes militants pour la cause homosexuelle dans sa délégation officielle.

Le message de la France est clair : il n’y aura pas de boycott politique de la part de la France aux Jeux olympiques d’hiver Sotchi. Prévu depuis plusieurs mois, le déplacement de la ministre en charge des Sports Valérie Fourneyron en Russie en février a été confirmé en début d’après-midi par un communiqué joint des ministres des Affaires étrangères et des Sports :

“La ministre en charge des Sports assistera à la cérémonie d’ouverture et aux compétitions pour soutenir les sportives et sportifs tricolores engagés dans la compétition et qui préparent ce rendez-vous de longue date. Cette représentation officielle rappellera également l’attachement de la France à promouvoir les valeurs humanistes de l’olympisme au plus haut niveau.”

Et le gouvernement de rappeler que l’absence de la France aux Jeux n’a “jamais été souhaitée par les principales organisations non gouvernementales”.

La décision de la Maison blanche soutenue par la Fédération sportive LGBT russe

On ne sait pas si les organisations non gouvernementales mentionnées par le gouvernement sont françaises ou étrangères. Mais une chose est vraie : la majorité des associations de défense des droits des LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) russes est opposée à tout boycott sportif des Jeux.

En revanche, la décision de Barack Obama de n’envoyer dans sa délégation aucun membre de son actuel gouvernement, ni de la présidence et vice-présidence, a été prise en accord avec la Fédération sportive LGBT russe. D’après Marc Naimark, vice-président de la Fédération des Gay Games, des représentants de cette association sportive russe ont rencontré des membres de la Maison blanche à ce sujet la semaine dernière :

“Ils ont consulté les personnes intéressées, et c’est le plus important. La fédération sportive LGBT russe voulait un boycott politique, ce qu’Obama a fait.”

La délégation de la ministre française sans activiste LGBT

Un boycott politique mais pas sportif : le gouvernement américain a réussi à faire d’une pierre deux coups en montrant son désaccord avec les récentes lois “anti-propagande homosexuelle” tout en soutenant ses athlètes, en envoyant dans sa délégation politique deux anciennes sportives homosexuelles Billie Jean King et Caitlin Cahow. Un choix “malin”, car la Russie n’a officiellement fait passer aucune loi “contre” les homosexuels. Le président Poutine aurait ainsi du mal à s’offusquer légitimement de la présence de ces deux athlètes dans la délégation américaine.

De son côté, le ministère français des Sports, de la Jeunesse, de l’Education populaire et de la Vie associative a choisi la solution inverse. Comme prévu depuis plusieurs mois, Valérie Fourneyron se rendra aux Jeux olympiques d’hiver de 2014, mais sans activistes LGBT à ses côtés. ”Pour nous, ces jeux ne doivent pas faire l’objet d’une récupération politique. Il y a une forme de respect vis-à-vis des Jeux, il ne s’agit pas d’en faire une tribune politique”, confie-t-on au ministère.

Selon nos informations, le cabinet de la ministre a d’ailleurs refusé il y a quelques mois d’être accompagné par un militant LGBT reconnu, pour “des raisons financières” avancées à l’époque. Aujourd’hui, même si “la porte n’est pas fermée“, il est peu probable que des activistes ou militants soient conviés à se joindre à la ministre pendant son déplacement. Pour éviter toute “provocation“.

La solution française : pas de boycott, pas de symbole

“J’aurais été satisfait si la ministre n’y était pas allée“, souligne Marc Naimark, “mais si elle y va, j’ai confiance. Elle n’y va pas pour ne rien dire et ne rien faire.” La décision du ministère des Sports de ne pas s’entourer d’activistes LGBT est d’autant plus étrange que Valérie Fourneyron est considérée comme extrêmement ouverte sur les questions d’orientation sexuelles et de respect des minorités. Pour le ministère, cette dernière “parlera des droits de l’homme à chaque fois qu’elle en aura l’occasion“, en utilisant la voie diplomatique et politique.

“Je n’ai aucun doute sur l’engagement de Valérie Fourneyron sur ces questions. Mais ça, c’est dans la parole, après, dans les actes, c’est autre chose“, ose un autre militant d’une association française de défense des droits des homosexuels.

Un communiqué “sans rapport” avec la décision de la Maison blanche

Le sujet est toutefois sensible. Le communiqué joint des ministères des Sports et des Affaires étrangères, qui est arrivé moins de 24 heures après la déclaration de la Maison blanche, soulève quelques questions. Même si d’après une source proche de la ministre, ce communiqué était prévu bien avant la déclaration du gouvernement américain, dans le but de répondre aux accusations de “boycott des Jeux” émanant de l’opposition depuis que l’on a appris que François Hollande ne se rendrait pas en Russie dimanche dernier.

Dans son communiqué, le ministère rappelle la “qualité des relations que les autorités française entretiennent avec leurs homologues russes“. La position du gouvernement est claire : il n’y aura ni boycott sportif, ni boycott politique de la part de la France. Et pour l’instant, aucune manifestation symbolique d’un soutien aux athlètes et à la population homosexuelle de Russie à la hauteur de la présence de Billie Jean King et Caitlin Cahow dans la délégation américaine.

par Marie Turcan

http://www.lesinrocks.com/2013/12/19/actualite/jo-sotchi-france-contrepied-decision-obama-11454141/