La droite face au mariage gay : de la théorie à la pratique

C’était il y a 90 jours. Le décret ouvrant le mariage aux couples de même sexe était publié. Trois mois plus tard, l’heure de dresser un premier bilan est arrivée.

Coté comptable, il est dressé par France Inter qui a dénombré un peu moins de 600 unions homosexuelles dans les 50 premières villes de France, soit environ 1% des mariages. Un chiffre très inférieur au Pacs. A l’époque, plus d’un millier avaient été contractés au bout d’un mois et demi.

Mais ce point d’étape est également l’occasion de s’intéresser à la manière dont les maires de droite réagissent face aux demandent des couples homosexuels (et à leur place dans ce classement).

Leur réactions peuvent être regroupées en quatre catégories.

1. Je suis contre, je le fais quand même

Après Paris, Nice est la deuxième ville à avoir célébré le plus de mariages homosexuels : 37 l’ont déjà été et d’ici à la fin de l’année, 38 devraient encore l’être. Un paradoxe quand on se rappelle l’opposition de Christian Estrosi, maire de la ville. Mais aujourd’hui, le vice-président de l’UMP se félicite de l’image donnée par la cité: «J’aurais préféré que nous nous dotions d’une union civile mais je suis heureux de cette image de tolérance», a-t-il déclaré à France Info. Selon ses services, contactés par le HuffPost, le député des Alpes-Maritimes a lui-même célébré le mariage de l’un des cadres de l’équipe municipale.

2. Je suis contre, je délègue

A Bordeaux, le maire Alain Juppé n’a pour l’heure officié dans aucun mariage homosexuel, sur les 19 qui l’ont été en trois mois. «Sur les 18 qui sont programmées d’ici à la fin de l’année, il n’est pas prévu pour le moment qu’il en célèbre. Mais si deux personnes de même sexe lui demandent de leur accorder ce privilège et qu’il n’y a pas de problème d’agenda, je ne pense pas qu’il refusera», assure au HuffPost l’un des collaborateurs de l’ancien Premier ministre. Jusqu’à présent, ce sont donc des élus qui étaient plutôt favorables à la loi qui ont procédé aux unions. «Tout cela se fait en bonne intelligence», explique-t-on à la mairie de Bordeaux.

Le maire UMP de Vienne Jacques Remiller l’avait dit haut et fort: il ne célébrera pas de mariage homosexuel, en raison de ses convictions religieuses. Début juillet, quand il apprend que des hommes veulent s’unir dans sa commune durant le mois d’août, il lance donc un appel aux élus de sa ville. «Pour l’instant, je n’ai pas de candidat, mais le mariage sera célébré, il n’y a pas de problème», disait-il à la presse le 10 juillet. Et effectivement, la célébration a pu avoir lieu le 17 août. C’est sa première adjointe, Michèle Desestret, qui a officié.

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3. Je suis pour, j’en célèbre

Avignon est l’autre ville UMP qui figure en bonne position dans le classement de France Inter. Avec neuf mariages célébrés depuis que la loi a été adoptée, la cité des Papes figure en huitième position. Mais à la différence de Christian Estrosi, Marie-Josée Roig s’était prononcée en faveur de la loi Taubira.

De quoi améliorer l’image de la préfecture du Vaucluse qui, au printemps, avait été classé à la 43e place des 50 villes les moins gay-friendly de France.

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4. Je suis contre, la justice s’en mêle

L’affaire avait fait grand bruit en juin dernier. Guy Martineau-Espel et Jean-Michel Martin avaient porté plainte pour discrimination contre le maire (divers-droite) et plusieurs élus de la commune d’Arcangues qui refusaient de célébrer leur mariage. Après plusieurs jours de bras de fer, un adjoint s’est finalement «porté volontaire» pour le faire. Et après 17 ans de vie commune, les deux quinquagénaires ont pu se marier le lundi 22 juillet. «On espère n’avoir froissé personne, on va savourer, passer à autre chose et repartir dans notre anonymat», avaient déclaré les époux.

Bollène fait, en cette rentrée, la une de l’actualité. En cause, le refus de Marie-Claude Bompard, maire extrême-droite de cette ville du Vaucluse, de célébrer le 10 août prochain le mariage de deux femmes. Et cette élue encartée à la Ligue du Sud (comme son mari, le député Claude Bompard) refuse catégoriquement de déléguer ses pouvoir à des élus de l’opposition qui souhaitent marier Amandine et Angélique. Le parquet de Carpentras s’est auto-saisi de l’affaire qui pourrait déboucher sur une condamnation de l’élue. Elle risque jusqu’à cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende.

http://www.huffingtonpost.fr/2013/08/27/droite-mariage-gay-ump-maires_n_3822642.html