Iran : Coming-out au péril de sa vie pour échapper à l’armée

Quand de jeunes Iraniens choisissent de révéler leur homosexualité afin d’être exemptés des 24 mois de service militaire. Un pari téméraire.

C’est un euphémisme: il ne fait pas bon être ouvertement gay en Iran. Le pays passe pour l’un des plus répressif du monde vis-à-vis des homosexuels, durement réprimés pénalement et rejetés par la société et par la religion d’Etat, l’islam chiite. Et pourtant, comme dans beaucoup d’autres pays (notamment la Turquie), des jeunes hommes s’aventurent à faire un coming-out risqué pour échapper au service militaire obligatoire, rapporte le site d’information sur le Moyen-Orient Al-Monitor.

Humiliant et stressant

Interrogée par la journaliste Mehrnaz Samimi, Afshin, un jeune gay, décrit la procédure qu’il a endurée comme «humiliante et stressante». La conscription passe par une évaluation médicale et mentale. Face à un sujet qui déclare son homosexualité, le médecin procède le plus souvent à un examen rectal. De fait, seuls les homosexuels perçus comme passifs ont une chance de se faire exempter. «Certains de mes amis gay s’étaient maquillés lourdement et s’habillaient en famme pour faciliter et accélérer la procédure. Mais les officiels n’étaient pas convaincus», raconte Afshin. Les autorités militaires peuvent aussi entendre les parents afin de confirmer le «diagnostic» d’homosexualité.

Manifestement, certains sont prêts à jouer le jeu. Même au péril de leur vie, puisque les rapports «contre-nature» sont théoriquement passibles de la peine de mort, sans parler des crimes d’honneur perpétrés contre les individus susceptibles de souiller la réputation d’un clan.

Intérêt économique

La journaliste ne précise pas l’origine sociale de ces témoins qui ont recouru au coming-out pour éviter les 24 mois de service militaire. En tout cas, cette période apparaît comme du temps perdu pour les diplômés ou ceux qui disposent déjà d’un travail. En plus, le risque est toujours présent d’être entraîné dans un conflit armé. Le souvenir de la boucherie de la guerre Iran-Irak, dans les années 1980-1990, est encore vivace. Dans ces conditions, et compte tenu de la profonde crise économique qui frappe le pays, la carte d’exemption vaut de l’or. Reste que ce document spécifie le motif de l’exemption sous la forme d’un code, au moyen duquel il est possible de remonter jusqu’à l’homosexualité du titulaire. Une véritable épée de Damoclès.

On l’aura deviné: la République islamique ne tient pas de statistiques sur le nombre d’hommes dispensés de leurs obligations militaires en raison de leur homosexualité. De tels chiffres contrediraient la version officielle, popularisée par l’ancien président Mahmoud Ahmadinedjad: à savoir qu’il n’y a pas d’homos dans la société iranienne.

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