Homophobie : En Tunisie, un rassemblement pour les droits des LGBT interdit par les autorités

Les autorités tunisiennes ont fait interdire une mobilisation organisée devant le Parlement en signe de protestation contre l’emprisonnement de l’étudiant accusé d’« homosexualité », et condamné à un an de prison par le tribunal de première instance de Sousse. Un verdict doit être rendu le 17 décembre prochain.

« Dès qu’on a demandé l’autorisation en tant qu’association (pour les droits des LGBT), on nous a insultés en disant, “on est occupés par la lutte contre le terrorisme et non par les pédés” » a déclaré sur RFI Ahmed Ben Amor, vice-président de l’association Shams. « Dans une société homophobe, machiste et masculine, dans un pays qui pénalise l’homosexualité, c’était vu qu’on nous refuse une autorisation. C’est une honte dans un pays qui se dit démocrate que l’on puisse se voir refuser un rassemblement pacifique, et se faire insulter. »

Shams et d’autres organisations, ainsi que des partis politiques, dont El Qotb et El Massar, ont appelé à l’abrogation de l’article 230 du code pénal qui punit l’homosexualité de peines qui peuvent aller jusqu’à trois ans de prison. Mais, Shams est depuis menacée par un député islamiste, accusant entre autres ses membres de pervertir la jeunesse.

On notera qu’à l’occasion du procès en appel de l’étudiant, l’association « Mawjoudin – We exist », des activistes de la société civile et artistes ont lancé une compagne de soutien aux homosexuels, où ils posent en photo en brandissant une pancarte où il est inscrit « L’article 230, jusqu’à quand ? ».

« Nous sommes le 10 décembre 2015. Aujourd’hui, et depuis 1948, nous célébrons chaque année la déclaration universelle des droits humains. Un avion tunisien s’envole vers Oslo avec une délégation de 180 représentants de la société civile et de défenseurs des droits humains pour l’obtention du prix Nobel de la Paix. Aujourd’hui, le jeune étudiant Marwen, condamné sur la base de l’article 230 du Code pénal après avoir subi un examen anal, comparaîtra en appel devant le juge. Nous souhaitons, à travers cette campagne de photos, condamner les nombreuses atteintes faites à la dignité humaine en Tunisie et manifester notre soutien pour Marwen et à toutes les personnes qui ont été arrêtées suite à leur orientation sexuelle », a précisé l’association.