Emmanuel Macron : « La lutte contre la discrimination sera l’un des grands chantiers de mon quinquennat » (VIDEO)

Le fondateur d’En marche ! veut être « le président de la République qui donnera à toutes les citoyennes et tous les citoyens les mêmes possibilités de déployer leur liberté et de vivre la vie qu’ils souhaitent. » Et le respect étant « essentiel à notre cohésion sociale », il est déterminé à mener une « lutte intraitable » contre la haine et les discriminations « pour que les personnes LGBTI se sentent en sécurité, partout dans nos villes, campagnes et quartiers, et que, plus jamais, elles n’aient à baisser la tête ni craindre pour leurs vies », explique-t-il ce dimanche 16 avril dans une lettre adressée à toute la communauté.

Ainsi, près de quatre ans après les déchainements qui auront entouré le vote de la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples homosexuels, l’ancien ministre déplore que l’on puisse, en 2017 encore, « subir des agressions et des violences, parfois au quotidien, en raison de ce que l’on est, de son orientation sexuelle ou de son identité de genre. »

« Les blessures sont loin d’être pansées » et beaucoup de personnes LGBTI traversent des « situations de profonde souffrance », parce qu’elles ne se sentent pas acceptées. D’où « un taux de suicide 3 à 4 fois plus élevé que la moyenne », notamment chez les jeunes, qui auront pour un tiers tenté de mettre fin à leurs jours.

Mais, si l’égalité des droits conquise « après des décennies de mépris et de rejet », est « une victoire à porter au crédit de la société civile et d’une partie de la classe politique », elle n’est pas entière et par ailleurs « insuffisante » pour « renvoyer les anti-LGBTI à un lointain souvenir », écrit-il : « Nous nous sommes collectivement trompés. » Et sur ces sujets qui touchent « à des projets de vie, à l’amour, à l’intime », l’ancien ministre ne veut plus que le pays soit « coupé en deux ! » Il se battra contre « l’intransigeance » et cherchera constamment « à convaincre par l’éducation et le débat ».

Emmanuel Macron réaffirme ainsi sa volonté d’ouvrir la PMA aux femmes célibataires et couples lesbiens, « afin de ne pas réitérer les erreurs du passé », mais attendra « que le Comité consultatif national d’éthique ait rendu son avis, prévu pour la fin du printemps 2017, pour pouvoir construire un consensus le plus large possible. » Cette question mérite « un débat serein, préservé des insultes et des attaques qui blessent les couples de même sexe et leurs familles ».

Favorable « à la reconnaissance des enfants nés d’une gestation pour autrui » à l’étranger, « nous avons le devoir de les protéger », fait-il remarquer, avec son intention de compléter la circulaire Taubira de Janvier 2013 par la Jurisprudence de la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Il n’autorisera cependant pas la GPA en France et lancera « une initiative internationale pour lutter contre les trafics et la marchandisation des femmes  » liés à son développement dans le monde.

STOP homophobie a interpellé le candidat, comme d’autres prétendants à la fonction présidentielle, après l’engagement de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui a fait suite à notre appel et entend soutenir une résolution pour la dépénalisation universelle de l’homosexualité.

Il semble que l’équipe d’EM ! ait noté nos remarques, ainsi que les chiffres transmis par le ministère de l’intérieur, dévoilés par Flag !, soulignant toute l’importance des actions pédagogiques à mener auprès des agents de la fonction publique, plus particulièrement au sein de la police et de la gendarmerie, pour que les LGBTI puissent, outre déposer plainte sans appréhension, être orientées vers les structures adéquates. Mais le candidat n’annonce aucune mesure en particulier.

Estimant néanmoins l’éducation comme « fer de lance », l’école ayant pour mission « d’éduquer nos enfants au respect mutuel et à l’égalité », Emmanuel Macron demandera à la communauté éducative « d’être particulièrement vigilante et à l’écoute car les souffrances causées par la haine sont d’autant plus profondes qu’elles sont éprouvées dans son jeune âge. »

Un combat qui ne s’arrêtera pas « au numérique », les injures répandues, sous couvert de l’anonymat d’internet, devant être punis.

« Je constate que les victimes sont de plus en plus nombreuses à porter plainte, les services de police enquêtent désormais et les auteurs sont plus souvent traduits devant la justice : Un progrès qu’il faut continuer à encourager », s’est-il félicité. « Les victimes de la haine envers les LGBTI doivent retrouver confiance dans leurs institutions et être certaines que les auteurs seront punis si elles décident de porter plainte. Je sais par exemple que les magistrats de la XVIIe chambre correctionnelle du TGI de Paris qui jugent ces affaires sont parfaitement formés sur ces questions. »

Et pour que la justice soit rendue, « il faut que les injustices soient mieux détectées en amont », ajoute-t-il, préconisant comme dans son agenda présenté début mars, des opérations de contrôles aléatoires dans les entreprises, ou dans l’accès au logement.

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La lutte contre la discrimination sera donc « l’un des grands chantiers de son quinquennat », insiste Emmanuel Macron, qui promet « une lutte implacable contre les anti-LGBTI dans toutes leurs dimensions. » Car la France et l’Europe doivent s’impliquer pleinement pour l’égalité, « un combat encore trop souvent nécessaire, comme nous l’a malheureusement rappelé l’actualité internationale. »

Les informations et témoignages rapportés depuis fin mars par le journal d’investigation indépendant « Novaya Gazeta », confirmés par des associations du mouvement LGBT russe, font en effet état d’arrestations en Tchétchénie de centaines d’hommes homosexuels, réels ou supposés, évacués vers des prisons secrètes pour y être torturés, parfois jusqu’à la mort. Exactions que M. Macron a également condamné. Les LGBTI de la Fédération de Russie subissait déjà l’arsenal législatif adopté en juin 2013 par Vladimir Poutine « contre la propagande homosexuelle », pour n’évoquer que cette région.

D’où nos préoccupations et demandes de précisions sur ses engagements laissés « en suspens »«  Emmanuel Macron portera-t-il une résolution auprès de l’ONU pour une dépénalisation universelle des discriminations à raison de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre », alors que plus de 75 États criminalisent à ce jour l’homosexualité, dont 13 qui prévoient de la peine capitale ? Ce serait un objectif majeur ! La réponse restera-t-elle « en suspens » ? Monsieur Macron ne se prononce pas non plus sur les attentes des personnes trans, intersexuées ou actions de prévention du VIH et des IST, en recrudescence..

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Enfin, sur les déclarations de François Fillon qui n’exclut pas, dans une interview diffusée ce dimanche 16 avril sur Radio J, d’intégrer à son gouvernement des membres de Sens commun ? « Des femmes et des hommes qui pensent que leur principal combat dans notre société, c’est d’aller réduire les droits de certaines ou certains », charge Emmanuel Macron, pointant « le conservatisme social et sociétal » de son concurrent, « une radicalisation. »

Fillon a décidé « de réveiller une part de la droite qui ne se sent plus totalement à l’aise, dans la poursuite de l’intérêt général républicain. Une part de la droite, dont la foule parfois trahit le peuple », s’indigne-t-il, citant Victor Hugo dans son « Entretien d’embauche », ce lundi 17, face à Jean-Jacques Bourdin. Décider « que les médias mentent et font des complots quand ils disent du mal de leurs leaders, que les juges ne sont pas impartiaux dans notre pays… », pour le candidat d’En Marche !, son rival LR attaque « le cœur de la démocratie », « notre état de droits », ce que nous avons « de plus cher », défend-il, exhortant à la responsabilité de la préserver, « toutes celles et ceux qui aspirent aux plus hautes fonctions », alors qu’elle aura considérablement été mise à mal durant cette campagne.

Joëlle Berthout
stophomophobie.com