Élections départementales 2015 : Un enjeu pour l’égalité des personnes LGBT

Plus de 43 millions d’électeurs sont appelés aux urnes ce dimanche pour le premier tour des élections départementales, ex-cantonales, un scrutin où l’abstention est traditionnellement élevée. Pour la première fois, les électeurs votent pour un binôme homme-femme dans les 2054 cantons afin de constituer des assemblées paritaires. Paris, le grand Lyon la Martinique et la Guyane ne votent pas.

Ces élections vont permettre de désigner 4108 conseillers départementaux (dont 3990 en métropole), à l’issue du second tour le 29 mars. Jusqu’ici appelés conseillers généraux et renouvelés par moitié tous les trois ans, ils sont désormais tous élus en même temps, toujours pour six ans.

Le scrutin ne concerne ni Paris, où le conseil municipal fait aussi office de conseil départemental, ni la métropole de Lyon, qui exerce aussi depuis le 1er janvier les missions d’un conseil départemental. Outre-mer, Guyane et Martinique, qui deviendront des collectivités territoriales uniques au 1er janvier 2016, ne votent pas non plus.

Il y a au total 18194 candidats, dont l’âge moyen s’élève à 51 ans

Dans chaque canton, les candidats se présentent en binôme, obligatoirement composé d’un homme et d’une femme. Conséquence, le nombre d’hommes et de femmes sera égal dans chaque assemblée départementale. Cette formule est apparemment unique au monde.

Pour être élu au premier tour, le binôme doit obtenir au moins la majorité absolue des suffrages exprimés (plus de 50%) et un nombre de suffrages égal à au moins 25% des électeurs inscrits.

Si aucun binôme n’est élu dès le 1er tour, les deux binômes arrivés en tête au premier tour peuvent se maintenir. Les binômes suivants peuvent se maintenir seulement s’ils ont obtenu un nombre de suffrages au moins égal à 12,5% des électeurs inscrits.

Le binôme qui obtient le plus grand nombre de voix au second tour est élu. Une fois élus, les deux membres du binôme exercent leur mandat indépendamment l’un de l’autre.

La carte des cantons a été redessinée après un travail d’un an et validée entièrement par le Conseil d’Etat malgré plus de 2000 recours, tous rejetés. La carte de près de trois cantons sur cinq n’avait pratiquement pas bougé depuis… Napoléon.

La nouvelle carte comporte 2054 cantons (au lieu de 4035 jusqu’ici). Conséquence, ces circonscriptions sont en moyenne deux fois plus grandes qu’avant.

Untitled-2Les sondages sont alarmistes : le Parti socialiste est placé derrière l’UMP et le FN.

Sauf surprise, plusieurs dizaines de départements risquent de basculer. Parmi eux, le Nord, les Pyrénées-atlantiques ou encore la Drôme. Plus symbolique, la Corrèze, le département du président François Hollande.

Nicolas Sarkozy croit d’ailleurs voir venir une «vague immense»

Alors que, sur 101 départements, la droite en dirige actuellement 40 et la gauche 61 (dont 48 pour le PS), l’UMP espère inverser le rapport de forces. Elle espère également remporter des départements franciliens et lorgne notamment sur l’Essonne, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne.

Tout au long de la campagne, le FN a fait la course en tête dans les intentions de vote de premier tour.

Mais rien n’est gagné pour autant. Les études portent sur des intentions de vote national, alors qu’il s’agit d’un scrutin local. Surtout, le parti de Marine Le Pen n’a pas d’allié pour constituer des majorités.
Sinon, le Front national couvre le territoire comme il ne l’a jamais fait avec des candidats présents dans 93% des cantons métropolitains. Ses chances de gagner des sièges de conseillers départementaux s’en retrouvent démultipliées, mais cela ne va pas sans heurts. Deux candidates malgré elles, les dérapages de certains sur les réseaux sociaux… Le FN est rattrapé par ses vieux démons. De quoi parasiter sa campagne, même si cela ne l’empêche de faire la course en tête dans les sondages.

Un enjeu pour l’égalité des personnes LGBT

Les départements, par leurs compétences en matière d’éducation, d’action sociale et de culture, jouent un rôle crucial dans l’accompagnement des personnes et le renforcement du lien social, comme le rappelle dans un récent communiqué le Centre LGBT Paris Ile-de-France.
Le respect de nos droits et de notre dignité ne semble pas une évidence pour tous ceux et toutes celles qui prétendent aux suffrages. Nous sommes dans toutes les classes sociales, dans tous les départements, nous avons tous les âges et nos familles existent ! Nous attendons des départements qu’ils soient inclusifs et égalitaires envers les publics qu’ils accompagnent et dans les agréments qu’ils donnent, qu’ils favorisent les actions d’éducation contre les préjugés et la haine, notamment sexistes et LGBT-phobes, dans les collèges, qu’ils ne cèdent pas aux chantages mesquins de groupes douteux pour gommer notre existence des ouvrages des bibliothèques…
Comme c’est à eux qu’il revient de protéger les mineurs mis en danger en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, par eux que peuvent se mettre en place des actions en direction des personnels de maisons de retraite et d’autres structures départementales autour de l’accompagnement des familles, des personnes handicapées, des jeunes, pour mieux prendre en compte les attentes et réalités des publics, notamment des personnes LGBT.

Alors, votons juste et bien 🙂