L’application au succès mondial Grindr, qui favorise les rencontres entre homosexuels, a modifié son système de localisation afin de protéger ses utilisateurs dans plusieurs pays. La police utilisait en effet l’application pour arrêter des homosexuels, notamment en Égypte, en Russie et en Arabie Saoudite… toute une liste exhaustive dont le détail n’a pas été communiqué.
Des pays qui ont tous un point commun : l’homosexualité y est passible de prison, de châtiments corporels ou même de mort. Et où les autorités locales n’ont parfois pas hésité à utiliser l’application pour traquer les homosexuels et les prendre “en flagrant délit”.

Avec quatre millions d’utilisateurs dans plus de 192 pays, Grindr constitue en effet un immense réseau gay où les autorités sont susceptibles de trouver des informations. Chaque utilisateur a son profil, avec un pseudo, une photo et un petit texte de présentation. Le système de géolocalisation permet d’afficher les autres gays proche de soi. Problème : une faille de sécurité, récemment mise au jour par les médias américains, permet au tout-venant non-inscrit de retrouver un utilisateur avec toutes les données qu’il a renseignées (âge, photo, taille, etc.) et de le localiser sur une carte. Une “faille” qu’aurait déjà exploité la police dans plusieurs pays ces derniers mois.

L’homosexualité, une “déviance” en Egypte

En Egypte, “il y a eu un nombre croissant d’arrestations liées à cette application ces derniers mois, assure une source proche du milieu gay au journal égyptien Cairoscene. La police utilise une technique de triangulation pour les localiser”. Dans ce pays, où l’homosexualité est assimilée par la loi à une “déviance” et une “débauche”, les réseaux sociaux se sont transformés en véritable “terrain de chasse” pour les policiers. Ce samedi encore, sept hommes ont été arrêtés pour être apparus dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux, qui mettait en scène un mariage entre deux personnes de même sexe. Pour voir la vidéo : https://www.stophomophobie.com//le-caire-sept-hommes-detenus-en-egypte-pour-avoir-participe-a-un-mariage-homosexuel/

Considérant que l’utilisation de Grindr puisse donc constituer une menace pour ses utilisateurs, ses responsables ont récemment annoncé “avoir pris des mesures préventives pour garantir la sécurité de ses utilisateurs”. Dans sept pays, “la localisation n’est désormais plus visible sur les profils en dessous d’un mile (1,6 kilomètres)”. Renonçant de céder à la panique, un porte-parole de la communauté gay en Egypte recommande sur sa page Facebook à tous les utilisateurs d’être “extrêmement prudents”.

Le danger n’empêche pas le succès. Lors des Jeux olympiques de Sotchi, en février dernier en Russie, le nombre d’abonnés sur Grindr avait explosé dans le village olympique. Et ce, malgré la récente loi contre la “propagande homosexuelle” instaurée par le Kremlin en juin 2013.