Discrimination : une série de conférences sur la santé de la communauté LGBT à Beyrouth

L’Association Médicale Libanaise pour la Santé Sexuelle (Lebanese Medical Association for Sexual Health – LebMASH), regroupant médecins, psychiatres ou encore psychologues qui militent contre les préjugés, organise du 11 au 17 mars 2017 une série de conférences dédiées pour sensibiliser la population, et notamment les professionnels de la santé, aux difficultés rencontrées par les personnes LGBT, toujours victimes de discrimination même lorsqu’il s’agit d’accéder aux soins.

En 2013, s’opposant aux « conceptions dépassées », l’Association Libanaise de Psychologie (ALP) déclarait que « l’homosexualité n’est pas une maladie », ni mentale ni d’ailleurs curable, s’alignant ainsi sur les positions de la Société de psychiatrie contre « les thérapies de conversion » et traitements censés modifier l’orientation sexuelle, des pratiques non étiques et potentiellement dangereuses.

En 2016, évoquant également « la vie privée et les droits fondamentaux », la Cour d’appel civile de Beyrouth reconnaissait pour la première fois le droit à une femme transgenre de « changer de sexe » avec modification du registre à l’état civil. La décision pourrait faire jurisprudence, c’est une sérieuse avancée mais qui n’empêche pas la mise à l’écart de la communauté, insiste sur L’Orient-Le Jour le psychiatre Omar Fattal, membre du comité de LebMASH.

L’homosexualité reste réprimée, en vertu de l’article 534 du code pénal, qui punit d’emprisonnement les relations entre personnes de même sexe, toujours qualifiées de « contre nature » et perçues comme telles par une majorité. Un magistrat a néanmoins refusé d’appliquer le texte en janvier 2017.

Mais pour le Dr Fattal, le corps médical doit donc déjà « apprendre à ne pas faire de suppositions » et respecter la dignité de tous les patients au sein d’un service de santé. Il préconise le recours à des experts pour dispenser aux professionnels une formation spécifique afin de contredire les mythes par la science. « Le concept est nouveau, il faut donner du temps à la société pour les intégrer. »

Il rappelle en outre que beaucoup de services de santé ont été créés par des associations locales pour s’occuper en particulier des personnes marginalisées, qu’il invite massivement à s’exprimer pour briser l’omerta et les clichés.

Il n’est pas rare en effet de se sentir rejeté dans les hôpitaux, confie Norma, qui témoigne et espère que cette semaine de sensibilisation ait un véritable écho, surtout au niveau médical avec l’instauration de mesures de protection. « Je veux me sentir à l’aise quand je vais chez le médecin. En tant que membre LGBT, très vite on relie vos symptômes à ceux du VIH, à la prostitution », déplore-t-il.

« Parfois, les hôpitaux nous refusent l’accès, sans raison valable… Et puis, même si nous ne sommes pas acceptés de tous, je ne veux pas non plus qu’on m’attaque en pleine rue parce que je suis gay ou trans », et ça passe par l’éducation, conclut-il, se réjouissant que la presse et les célébrités commencent aussi à émettre des opinions favorables qui influencent positivement la société.

Terrence Katchadourian
stophomophobie.com