Cinéma : Des militants gays et lesbiens à la rescousse de mineurs en grève dans «Pride»

Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en mai dernier à Cannes, “Pride” est une histoire vraie qui s’est déroulée en 1984 en Grande-Bretagne, lors de la grève des mineurs à laquelle Margaret Thatcher, Premier ministre, resta insensible pendant près d’un an. Un groupuscule d’activistes gays et lesbiens décide de récolter des fonds pour soutenir les grévistes et, mis à l’écart par les syndicats, s’en va remettre l’argent en mains propres aux intéressés dans un village gallois. Passé le choc des cultures, le respect et l’amitié débouchent sur une solidarité exemplaire. Le combat des uns et des autres n’est pas gagné pour autant.

Et c’est là tout l’intérêt du film : Pride n’est pas une “success story”, mais une leçon de courage et de tolérance. C’est surtout une nouvelle preuve qu’en matière de chronique sociale les Anglais sont les meilleurs. Matthew Warchus, le réalisateur, n’a pas froid aux yeux et n’a pas peur du rebrousse-poil en faisant ainsi resurgir quelques bons vieux mots aujourd’hui disqualifiés : union, solidarité. Il a également retenu de ses mentors la leçon de l’humour nécessaire, surtout au pire moment de blues. Ce qui se traduit par quelques dialogues étincelants de drôlerie proférés par une palanquée d’acteurs épatants, en particulier du côté de certaines mamies galloises qui hésitent entre Miss Marple sous ecstasy et dame Margaret Rutherford shootée à Louise Michel. A cet égard, leur tournée des backrooms londoniennes, où elles veulent «tout voir !» en compagnie de leurs nouveaux gays amis, est un sommet.

Il y a de l’émotion, de l’humour, de la réflexion, servis par la crème des interprètes britanniques, de Bill Nighy (Good Morning England) à Imelda Staunton (Vera Drake), en passant par Paddy Considine (In America) ou Dominic West (la série Sur écoute). C’est l’énergie communicative de The Full Monty mixée avec le militantisme d’un Ken Loach.

Pour Bruce LaBruce, qui présidait le jury de la “Queer  Palm” 2014 (récompense hors compétition officielle de Cannes qui distingue chaque année le film traitant le mieux les questions homosexuelles, bisexuelles ou transgenres), “Pride”, grand Lauréat de l’édition, est une histoire importante et pertinente à raconter aujourd’hui vu le climat d’intolérance et de violence dirigé contre ceux d’entre nous dont la sexualité questionne les normes de la culture dominante.”

>> On entend déjà au loin : “Un film de propagande gauchiste bien pensant LGBT. Encore un complot d’Hollande… Taubira démission” 🙂

@stop_homophobie
Avec Christophe Carrière (lexpress.fr), Gérard Lefort (libé) et Camille N.