Boycott : Et si les Etats-Unis ne participaient pas aux JO de Sotchi ?

Vingt-deux ans après la guerre froide, un nouveau conflit diplomatique éclate entre la Russie et les Etats-Unis. La raison ? Edward Snowden, l’ex-consultant du renseignement américain à l’origine des révélations sur le programme de surveillance Prism, vient d’obtenir l’asile politique en Russie. Conséquence : des journalistes et officiels américains ont appelé au boycott des JO de Sotchi en 2014.

La menace d’une non-participation de la délégation américaine aux Jeux Olympiques de Sotchi est-elle vraiment crédible ? Il est encore bien trop tôt pour le dire. Mais elle existe. En Juillet dernier, le sénateur américain Lindsay Graham avait proposé de boycotter les prochains JO si la Russie accordait l’asile à l’ex-agent de la NSA (“National Security Agency”) :” J’adore les jeux Olympiques, mais je déteste ce que le gouvernement russe est en train de faire dans le monde”, avait-il déclaré sur la chaîne NBC. “Si on pouvait revenir dans le passé, est-ce qu’on aurait laissé Adolf Hitler organiser les JO en Allemagne?”. La comparaison est osée, mais elle n’a eu aucun impact sur la décision du Comité olympique américain, qui avait balayé d’un revers de main la proposition du sénateur : “Notre boycott des jeux Olympiques de 1980 n’a pas contribué à résoudre le conflit sous-jacent”, a estimé le porte-parole du comité Patrick Sandusky dans un communiqué. “Mais il a privé des centaines d’athlètes américains, qui s’étaient tous consacrés à la représentation de notre pays aux jeux Olympiques, d’une opportunité qui ne se présente qu’une fois dans la vie”.

Sauf qu’hier soir, Edward Snowden a reçu le document lui permettant de quitter l’aéroport de Moscou où il “campait” depuis plus d’un mois, et de rejoindre le territoire russe. La donne a changé, et le président Américain Barack Obama serait, selon le journal Le Monde, “déçu et embarrassé” par la décision du Kremlin. De quoi faire resurgir la rumeur d’un boycott des JO de Sotchi ? Oui, si l’on en croit la chaîne I<télé. Jeudi soir, plusieurs officiels ont de nouveau appelé au boycott de la compétition olympique.
Un enjeu sportif et économique

Les Jeux Olympiques ne sont pas des compétitions comme les autres. Déjà parce qu’on y investit beaucoup. Ainsi, au vu de des sommes avancées par les compagnies américaines dans la préparation de l’évènement, l’hypothèse d’un boycott est très mince. Sans parler des sponsors, qui misent énormément sur les bénéfices réalisés par les sportifs américains. En 2008, la marque Speedo avait versé la modique somme de 800 000 € à Michael Phelps pour ses huit médailles glanées aux JO de Pékin. Soit 100 000 € par médaille d’or. Alors même s’il s’agit dans ce cas-ci des JO d’hiver, un boycott générerait un manque à gagner considérable pour les sponsors et pour les sportifs.

Si l’enjeu est économique, il est aussi sportif. Avec 216 sportifs états-uniens présents aux JO de Vancouver en 2010, les USA étaient le pays le plus représenté de la mythique compétition. Leur absence pourrait offrir un boulevard au Canada et à l’Allemagne, sur le podium en 2010.

A ce titre, difficile d’imaginer les Etats-Unis manquer les JO de Sotchi. L’hypothèse d’un boycott de la cérémonie d’ouverture pourrait toutefois gonfler dans les prochaines semaines, comme elle avait été envisagée  pour les JO de Pékin  par de nombreux chefs d’État, notamment par l’ancien président français Nicolas Sarkozy.