Le tout premier mémorial national rendant hommage aux personnes déportées pour homosexualité sous le régime nazi et, plus largement, à l’ensemble des victimes LGBTQIA+ persécutées au cours de l’Histoire a été inauguré ce 17 mai 2025 dans les jardins du port de l’Arsenal, à quelques pas de la Bastille.
Conçue par l’artiste Jean-Luc Verna en partenariat avec l’association Les Oublié·es de la Mémoire, l’œuvre, une étoile d’acier noir et miroir de cinq mètres, a été dévoilée en présence de la maire de Paris, Anne Hidalgo, et de son adjoint chargé de la lutte contre les discriminations, Jean-Luc Romero-Michel.
Un devoir de mémoire longtemps ajourné
On estime que 5 000 à 15 000 personnes furent déportées en Europe pour motif d’homosexualité pendant la Seconde Guerre mondiale ; en France, les historiens n’ont pu identifier que 60 à 200 noms, tant les archives demeurent lacunaires. « Reconnaître ces crimes, c’est affirmer qu’ils ont existé et qu’ils ne doivent jamais se répéter », a rappelé Anne Hidalgo.
Un symbole tourné vers l’avenir
L’œuvre se lit en deux temps : une face sombre évoque le passé des persécutions, l’autre, polie comme un miroir, reflète le ciel et appelle à la vigilance. « La mémoire ne vit que si elle circule », souligne Jean-Luc Verna.
Jean-Baptiste Trieu, président des Oublié·es de la Mémoire, a annoncé la mise en place de parcours pédagogiques et d’ateliers scolaires : « Ce lieu doit devenir à la fois espace de recueillement et outil d’éducation. »
Vigilance face aux reculs actuels
Jean-Luc Romero-Michel a replacé l’événement dans un contexte mondial où les droits LGBTQIA+ sont régulièrement remis en question : lois restrictives en Hongrie, offensives anti-trans aux États-Unis, et, en France, le récent refus du Sénat d’indemniser les personnes condamnées pour homosexualité avant 1982. « Ce monument est une balise : il rappelle notre histoire et l’exigence de rester mobilisés », a-t-il insisté.
Repères
Du discours fondateur de Lionel Jospin, le 26 avril 2001, à l’allusion décisive de Jacques Chirac en 2005, la reconnaissance officielle de la déportation homosexuelle a progressé lentement avant d’aboutir, en 2025, à l’inauguration à Paris du premier mémorial national – point d’orgue d’une mobilisation de plus de dix ans menée par la société civile.
Déjà présentes à Mulhouse ou au Struthof, les initiatives mémorielles trouvent ainsi leur prolongement national à Paris. Ce monument rappelle que la lutte contre la haine se fonde autant sur l’histoire que sur la vigilance quotidienne.

















