Foi et arc-en-ciel : les LGBT catholiques font campagne en Pologne pour une église plus « inclusive »

Deux personnes qui se serrent la main, avec pour l’une un bracelet arc-en-ciel au poignet et sur l’autre un rosaire. Malgré la vive hostilité des milieux conservateurs, les LGBT catholiques polonais ont décidé de « s’afficher » pour sensibiliser l’église aux réalités de la communauté.

Et pour accompagner la campagne, des vidéos de témoignages sur un site dédié, znakpokoju.com, où les croyants s’expriment sur leurs objectifs et parlent de leur foi, dans un pays où 89% se déclarent catholiques et 66% pratiquants.

Tirée à 4000 exemplaires, l’affiche a été vue « un peu partout en Pologne », suscitant de nombreux soutiens, même si la hiérarchie de l’Eglise s’est montrée moins enthousiaste. La présidence de la conférence des évêques a notamment publié un communiqué pour demander aux fidèles de ne pas participer à cette initiative « qui dilue les exigences explicites de l’Evangile » :

Le signe de la paix (la main que les catholiques tendent tant à leurs proches qu’aux inconnus vers la fin de la messe) « exprime l’acceptation de la personne, mais jamais de son péché, quel qu’il soit », disent les évêques, et la campagne, « en sortant ce geste de son contexte liturgique, lui donne une signification incompatible avec l’enseignement du Christ et de l’Eglise ».

Mais, Pawel Dobrowolski, l’un des trois militants à l’origine de l’initiative, avec Katarzyna Remin, de « la Campagne contre l’homophobie » et Marcin Dzierzanowski, du groupe « Wiara i Tecza » (Foi et Arc-en-ciel), préfère prendre les choses du bon côté. Soulignant que les évêques invitent aussi les fidèles à offrir aux homosexuels « respect, ouverture et dialogue bien intentionné », il évoque les résultats « extraordinaires » de la campagne qui vient de s’achever, « tant en termes des citations dans les médias, que par l’écho suscité dans la société. »

Les réactions hostiles, dit-il, ont été moins importantes que ce qu’il attendait : « Toutes les grandes chaînes de télévision ont parlé de nous » et « après une émission sur une chaîne publique nous avons reçu des centaines de courriels, venant par exemple de parents d’enfants LGBT, qui disaient leur reconnaissance, avouant que jusque-là ils n’avaient pas osé aborder leur situation avec eux. »

Quatre publications catholiques du courant libéral de gauche, l’hebdomadaire Tygodnik Powszechny, les mensuels Znak et Wiez, et le trimestriel Kontakt, ont par ailleurs officiellement accordé leur appui à la campagne.

« Des religieux, des prêtres, nous ont écrit pour dire qu’ils priaient pour nous et, à l’église où je vais à la messe, des gens m’ont salué amicalement », raconte le jeune homme, directeur d’un festival de théâtre à Varsovie.

Un site conservateur, Protestuj.pl, a également lancé une pétition appelant les publications soutenant la campagne à « renoncer à l’homo-hérésie», rapporte l’AFP. Mais, avec seize mille clics d’approbation enregistrés en quinze jours, dans un pays de 38 millions d’habitants, son succès est resté limité.

Joëlle Berthout
stophomophobie.org