Mariage gay : Taubira ouvre le débat à l’Assemblée au son du “temps des cerises”

Christiane Taubira a ouvert, mercredi 17 avril à l’Assemblée, la seconde lecture du projet sur le mariage gay en fredonnant Le Temps des cerises pour décrire des bonheurs futurs, mais s’en est pris aux “factieux” et aux “cracheurs de haine” qui s’opposent violemment au projet.

La garde des sceaux a salué un texte “légitime” qui “tient sa raison d’être d’un engagement du président de la République”, mais a constaté que “malgré sa force et sa légitimité”, ce texte “ouvre une contestation chez certains de nos concitoyens”. “Ce texte ne leur enlève rien, il n’y a pas qu’une seule façon de vivre en couple et en famille”, a poursuivi Mme Taubira dans un hémicycle bien plus dégarni qu’en première lecture.

“Quel est le sujet qui provoque un tel bouillonnement chez certains ?” a-t-elle poursuivi, se référant aux diverses manifestations et opérations coup de poing de ces derniers mois. “C’est la représentation de la famille que certains ont bâti au cours de l’histoire. Cela nous le respectons et nous voulons apporter des réponses à ces troubles intimes, a-t-elle dit. Avec le temps, ils consentiront que ce texte ne les prive de rien.”

“Ces préoccupations n’ont rien à voir avec les factieux qui mettent en question les prérogatives mêmes de celles et ceux qui, dans les hémicycles, se font les porte-voix outrés” du mouvement anti-mariage pour tous, a-t-elle dit. Et de continuer à l’adresse de l’UMP: “Ils devraient bien prendre garde de ces embrassades sulfureuses.”

PAS UN “COUP D’ÉTAT LÉGISLATIF”

La ministre a fustigé les termes de “guerre civile” ou encore du “sang versé“, en référence aux propos de Christine Boutin et Frigide Barjot. Le texte tient “sa légitimité de sa source, sa légitimité juridique de la qualité des échanges dans les deux chambres parlementaires et sa légitimité sociale lui sera conférée par celles et ceux qui attendent” de célébrer le mariage.

“Nous y voilà, la lecture définitive du projet”, a lancé le président de la commission des Lois, Jean-Jacques Urvoas (PS), et “pas dans un moment de coup d’Etat législatif”, comme l’a dit Hervé Mariton (UMP). Le président des députés UMP, Christian Jacob, s’est insurgé contre “la panique” du gouvernement. “Vous craignez à ce point le peuple que vous avez décidé en début de semaine d’en finir, coûte que coûte, le plus vite possible”, a-t-il lancé, en promettant que “la majorité de demain” allait “remettre l’ouvrage sur le métier”.

“Vous nous dites : ‘Vous avez cinq semaines d’avance’, mais vous avez quinze ans de retard sur la société, a rétorqué Bruno Le Roux, président des députés PS. Vous nous dites: ‘Vous reviendrez sur le texte’ mais vous le disiez déjà pour le PACS !”

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Le Monde.fr