Une députée PS exprime ses réserves sur le mariage pour tous

Bernadette Laclais, 45 ans, est maire de Chambéry depuis 2007 et députée depuis juin 2012. Elle a publié une tribune sur lemonde.fr pour faire part de ses interrogations sur le projet de loi en faveur du “mariage pour tous”. Ce texte mesuré réclame un débat approfondi et la possibilité d’un vote en conscience. Pour La Vie, elle revient ouvertement sur ses questionnements.

Vous avez publié une tribune sur lemonde.fr dans laquelle vous faites part de vos réserves sur le mariage pour tous. Pourtant, vous avez été élue sur les engagements de François Hollande. N’y a-t-il pas là une contradiction ?

Durant la campagne, certains de nos concitoyens m’ont interrogée sur cette proposition du candidat. J’ai toujours souligné sur ce point la distinction entre un engagement entre adultes et des décisions qui impliquent des enfants. Je l’ai fait publiquement lors d’interviews et de réunions de campagne.

Pourquoi avez-vous eu besoin de publier cette tribune, en amont du débat à l’Assemblée ?

J’ai publié ce texte pour que personne ne prenne la parole à ma place et ne transforme mon propos. En effet, je m’étais exprimée au sein du groupe de travail interne au PS sur cette question, à l’Assemblée nationale, notamment par rapport à un projet d’amendement PMA portés par certains et qui va bien au-delà de l’engagement de campagne du président de la République. Mes propos ayant été repris et déformés dans la presse, j’ai souhaité faire connaître ma position.

Considérez-vous que vous êtes contre le mariage pour tous ?

Le fait que deux adultes de même sexe souhaitent voir reconnu officiellement leur engagement, ne me pose pas de problème. Partant de là, l’utilisation du mot «mariage» non plus. Le PS et la gauche en général veulent reconnaître l’égalité entre les adultes, je le comprends. Mais quand cela engage des enfants, cela devient problématique.

Ce sont les conséquences pour la filiation qui vous heurtent.

Ouvrir un droit pour tous à l’adoption, reconnaître par la loi un droit à l’enfant, m’interrogent grandement. Je considère que ce qui doit primer c’est le droit des enfants. Même si chacun peut constater que le schéma « père, mère, enfants » n’est plus l’unique réalité de la famille, doit-on, du seul fait de la loi, reconnaître que des enfants adoptés grandiront dans des familles avec un père et une mère, et d’autres avec deux pères ou deux mères ? En tout état de cause, du point de vue de l’enfant, ce n’est pas la même chose. Au nom d’une égalité compréhensible entre adultes, doit-on créer par la loi des inégalités entre enfants ?

Que réclamez-vous aujourd’hui ?

Ce projet de loi nous engage. On ne reviendra pas sur le texte une fois qu’il sera voté. Il faut donc se donner un temps de dialogue, d’échanges, de débat. Cette loi engage chacun de nous dans ce qu’il a de plus intime. Nous devons donc avoir la possibilité d’un vote en conscience.

Votre position se fonde-t-elle sur une foi catholique?

Ce n’est pas une question de foi pour moi. Je suis élue de terrain, j’entends les interrogations de mes concitoyens et je mesure la responsabilité qui nous revient dans un tel choix.

Célèbrerez-vous des mariages ?

Oui, bien sûr, je suis républicaine. Dès lors que les lois sont votées, elles s’appliquent à tous.

Source : http://www.lavie.fr/actualite/france/une-deputee-ps-exprime-ses-reserves-sur-le-mariage-pour-tous-27-11-2012-33608_4.php