Tunisie : l’étudiant condamné à un an de prison pour homosexualité, fixé sur son sort le 17 décembre

Marwen, l’étudiant tunisien de 22 ans, ayant fait appel de sa condamnation à un an de prison pour homosexualité sera fixé sur son sort le 17 décembre, a indiqué son avocate jeudi à l’AFP. Lors de la deuxième audience de son procès en appel, le jeune homme a demandé un non-lieu au tribunal, selon Me Fadwa Braham.

“Il a dit au juge qu’il allait être diplômé cette année, qu’il allait chercher du travail et que ce serait très difficile avec un casier judiciaire”, a-t-elle ajouté.

Arrêté le 6 septembre dans la région de Hammam-Sousse afin d’être interrogé dans le cadre d’une affaire d’homicide, son numéro ayant été retrouvé sur le téléphone de la victime, le jeune homme avait nié toute implication dans le décès mais reconnu avoir eu, par le passé, des relations sexuelles avec la victime. La police avait alors, selon son avocate, rédigé un autre procès-verbal et l’avait obligé à se soumettre à un examen anal pour justifier de son orientation sexuelle :

« Un autre procès-verbal a alors été rédigé, et mon client a, contre son gré, été soumis à un examen anal », a poursuivi Me Braham. Inculpé, il avait ensuite été condamné à un an de prison ferme par le tribunal de première instance de Sousse, jugement dont il a fait appel. L’étudiant avait ensuite été remis en liberté provisoire début novembre en échange du paiement d’une caution de 500 dinars (soit environ 230 euros).

L’article 230 du code pénal tunisien punit la sodomie et le lesbianisme de trois ans d’emprisonnement. Sa condamnation a été dénoncée par des ONG réclamant une révision du code pénal en se fondant sur la nouvelle Constitution qui fait de l’Etat tunisien le “garant de la protection de la vie privée des citoyens”.

L’association Shams a notamment réclamé la libération “immédiate” de toutes les personnes “détenues pour leur homosexualité” et lancé une campagne sur internet contre les “tests de la honte”, jugeant “scandaleux” le recours à un examen anal.

Il s’agit d’une pratique “cruelle”, “inhumaine” et “dégradante”, contraire aux lois internationales et pouvant être assimilée à un acte de “torture”, a également estimé Human Rights Watch (HRW), en appelant à l’annulation de la condamnation de l’étudiant.

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Rappelons que Hedhi Sahly, vice-président de “Shams” est depuis quelques jours réfugié à Paris, où il va demander l’asile politique. Sa vie à Tunis est devenue trop dangereuse, avec des menaces de mort et humiliations quotidiennes, depuis qu’un député islamiste a pris violemment la parole contre l’association, accusant entre autres ses membres de pervertir la jeunesse. Depuis, le gouvernement essaie de dissoudre “Shams” et refuse de protéger Hedhi et ses camarades.

“Il y a la société qui nous persécute mais il y a aussi l’Etat qui entre dans le jeu des islamistes fanatiques, qui incite à nous haïr, à nous persécuter. Et là c’est grave.”

Aujourd’hui Shams appelle à manifester pour défendre le jeune Marwen.