Dans une tribune publiée par la Licra et le collectif #jesuislà, les récentes décisions de Meta, maison-mère de Facebook, Instagram et Threads, sont décrites comme un danger pour les démocraties. Alors que l’Union européenne cherche à sécuriser l’espace numérique, les auteurs alertent sur les conséquences de cette transformation orchestrée par Mark Zuckerberg.
Des choix stratégiques contestés
Aux États-Unis, Meta a acté des changements majeurs : suppression du programme de fact-checking, arrêt de la modération sur des sujets comme l’immigration ou l’identité de genre, et transfert des équipes de modération vers le Texas, un État conservateur. Ces mesures reflètent une vision extrême de la liberté d’expression, en résonance avec l’idéologie populiste de Donald Trump.
Pour les signataires, ces orientations visent à imposer une liberté d’expression dénuée de régulation, inspirée par le premier amendement américain, mais inadaptée à une société démocratique. Une telle approche, dénoncent-ils, ouvre la voie à une amplification des discours de haine et de la désinformation, déjà problématiques sur les réseaux sociaux.
Une portée mondiale inquiétante
Les plateformes numériques jouent désormais un rôle central dans la diffusion de l’information et l’influence des opinions. La fin du fact-checking et la mise en avant de contenus politiques non modérés par Meta risquent d’accentuer la propagation de fausses informations, de faciliter les manipulations d’opinion et de multiplier les ingérences étrangères en Europe.
La tribune met aussi en garde contre la collaboration de Meta avec des gouvernements populistes. En s’alignant sur l’administration Trump, Mark Zuckerberg ambitionne de faire pression sur d’autres nations pour imposer sa vision de la liberté d’expression, renforçant ainsi l’influence politique des géants technologiques.
L’Europe doit réagir
Face à ces dérives, les auteurs saluent le règlement européen sur les services numériques (DSA), conçu pour encadrer les grandes plateformes et limiter la diffusion de contenus illicites. Ce texte ambitieux prévoit des sanctions financières significatives en cas de non-respect.
Cependant, ils insistent : ce cadre légal doit être appliqué sans relâche. La Commission européenne et les autorités nationales sont appelées à renforcer les contrôles, sanctionner les violations et garantir la transparence des enquêtes visant Meta et X (anciennement Twitter). Selon eux, il en va de l’intégrité des institutions européennes.
Un défi pour l’avenir
Les plateformes numériques, comparées à des empires technologiques, concentrent un pouvoir sans précédent. Avec des milliards d’utilisateurs, elles influencent directement les débats publics et les processus électoraux.
« L’Europe possède les outils nécessaires pour protéger ses citoyens et ses valeurs démocratiques. Il est urgent de les utiliser avec détermination », conclut la tribune. À l’heure où les réseaux sociaux redéfinissent l’espace public, l’Union européenne doit relever un défi historique : garantir une liberté d’expression équilibrée, sans compromettre la dignité humaine ni la stabilité de ses démocraties.