Témoignages : C’est la Journée Internationale du Coming-Out, comme tous les 11 octobre depuis 1988

Le terme « coming out » est tiré de l’expression anglaise « coming out of the closet », littéralement « sortir du placard ». Elle consiste à annoncer son orientation sexuelle à ses proches. C’est souvent une étape difficile à franchir. Le plus important est de choisir le moment adéquat et cela vous en êtes le seule juge. Cependant le bon moment correspondant souvent au moment où vous êtes le plus honnête avec vous-même, confiant et serein. Si vous n’êtes pas sûre de votre homosexualité, si vous avez encore quelques difficultés à vous assumer, mieux vaut reporter. Tous vos doutes doivent être dissipés pour parler calmement et être à l’aise. La peur du coming out résulte d’une peur d’être rejetée, de décevoir et/ou de n’être pas compris. Il faut dépasser cette peur et aller de l’avant.

Si vous avez décidé de vous lancer, il est important de se préparer avant en anticipant les réactions de vos proches de manière à pouvoir répondre à leurs éventuelles questions. Réfléchissez aux conséquences qu’aura votre révélation sur votre entourage pour ne pas être pris au dépourvu.

Vous pouvez choisir d’en parler d’abord à vos amis, ils sont généralement plus faciles à aborder et plus tolérants. Préférez le face à face pour annoncer votre homosexualité car il est plus honnête, annule tout quiproquo et permet d’éviter les tabous. Faites comprendre ensuite à vos proches que le plus important, c’est que vous soyez heureux. Vous n’êtes pas là pour vous justifier ou pour vous excuser mais bien pour entamer une discussion.

A la suite de cette annonce, certaines personnes accepteront sans problème votre homosexualité, d’autres auront sans doute besoin d’un peu plus de temps pour assimiler cette nouvelle. Si le silence s’installe, brisez-le. Ne laissez pas s’installer un tel climat. Restez vous-même, plus vous vous assumerez, mieux les autres vous accepteront telle que vous êtes.

Si tout ne se passe pas comme vous l’imaginiez, tournez-vous vers les personnes qui vous soutiennent. Discuter avec d’autres homosexuels qui pourront vous apporter leur soutien et expérience. Si vous ne savez pas à qui en parler, les psychologues (qu’ils soient en cabinet ou en consultations en ligne) pourront vous donner un coup de pouce pour remonter la pente.

Toutefois tous les coming out ne se passent pas mal. Les personnes sont plus ou moins ouvertes, plus ou moins tolérantes. Peu importe l’avis des autres, l’important, c’est d’être bien dans son corps et d’être honnête avec soi-même pour pouvoir s’épanouir pleinement.

Adrien, 18 ans

Je suis Adrien, j’ai 18 ans, et je suis gay. Je suis en couple avec un garçon depuis maintenant 3 ans, certains de mes amis sont au courant mais pas mes parents. J’ai grandi dans une famille très catholique, où parler d’amour est tabou.

Je n’ai jamais été intéressé par les filles, du moins pas plus que par les hommes. La première fois que je suis tombé à amoureux d’un garçon c’était en début d’année de 5ème, un nouveau voisin du même âge que moi avec qui je m’entendais très bien. Quand je me suis rendu compte que j’étais amoureux de lui j’ai d’abord essayé de rejeter ces sentiments, par peur sans doute de la réaction de mes parents.

J’ai finalement cédé et lui ai avoué mes sentiments, qui par chance étaient réciproques. On est donc sortis ensemble en cachette pendant un mois avant que ma mère en rentrant à l’improviste ne nous surprenne en train de nous embrasser, suite à quoi sa réaction fut celle que je redoutais : elle m’a interdit de le revoir, insulter de tout les noms, et frappé “pour me remettre dans le droit chemin”. Mon grand frère et ma grande soeur n’ont pas été mis au courant de cet “incident”, mais auraient selon moi eu la même réaction. Mon père lui bien que plus ouvert que m’a mère été du même avis qu’elle. J’ai donc passé 2 ans enfermé chez moi avec pour unique sortie le collège. Même là bas je ne pouvais en parler à personne. J’ai très mal vécu cet période, j’étais isolé, sans amis, timide et fragile, la victime des moqueries de mes camarades de classe car je manquais d’assurance et ne sortais jamais avec eux après les cours à part pour aller à l’église. Cet période de ma vie est selon moi celle qui restera la plus triste.

Heureusement, en 3ème ma mère a commencé à me laisser plus de liberté, en partie parce qu’elle pensait que j’avais changé sans doute. Et c’est également en 3ème que j’ai rencontré mon copain. Il était nouveau au collège, timide également. On est vite devenu amis, puis au bout de quelques mois on est sortis ensemble en cachette.

C’est une fois arrivé au Lycée (premier établissement non Privé-Catholique que je fréquentais) que je me suis de plus en plus accepté. Je ne cache pas être gay, mais je ne le dis à personne non plus. Je reste moi même. Excepté au sein de ma famille, je suis moi même en toute circonstance.

La première personne à s’être rendu compte que nous étions en couple mon copain et moi à été sa meilleure amie, qui un jour, quand on est allé au cinéma tous les trois, nous a dit le plus calmement du monde : “vous savez, vous pouvez vous embrasser devant moi, ça me dérange pas”. On a d’abord cru qu’elle rigolait mais quand on a vu qu’elle était sérieuse et qu’elle avait deviné d’elle-même, on s’est senti soulagés de pouvoir être nous-mêmes en public.

J’ai ensuite avoué mon homosexualité à un bon ami à moi. On parlait des films à l’affiche au cinéma, et ça c’est parfaitement passé, dans le sens où pour lui, que je sois gay ne changeait absolument rien à notre relation d’amitié, ça c’est passé du style : “Oh ce film je suis allé le voir avec ma copine, il est trop bien !” – “Me raconte rien je vais le voir avec mon copain d’ici deux trois jours..” – “Ton copain ?” – “Oui mon copain, mon amoureux quoi.” -“Ah ok, je savais pas que t’etais gay ! Bah tu verras le film est super !”

J’en ai ensuite parlé à plusieurs amis proches lorsqu’ils me posaient la question parce qu’ils avaient des doutes ou bien quand j’avais envie qu’ils le sachent, certains ont accepté et sont restés les mêmes, d’autres ont simplement cessé de m’adresser la parole, c’est triste mais c’est comme ça, on peux pas changer les gens.

Aujourd’hui je continue de rester caché au yeux de ma famille, et n’envisage absolument pas de leur en parler avant d’être totalement indépendant, au vu de leurs réactions qui m’ont profondément marqué.

Sara, 15 ans – Lesbienne

Hey, mon histoire ne sera pas différente des autres mais j’ai besoin de la raconter.

J’ai toujours su que j’aimais les filles depuis mon plus jeune âge. En primaire je sortais avec une fille on s’embrassait comme les autres couples mais pas devant tout le monde nous le faisions en cachette. A cette époque je ne me suis poser aucune question, c’était juste naturel pour moi. Notre relation n’a duré qu’un an.

Quand je suis entré au collège, je me suis dites hétérosexuelle. J’étais dans un collège de “banlieue” là où il n’y a que des racailles. Là-bas les propos homophobes étaient normaux et un jour j’ai dis à mon amie “pourquoi ils insultent les homosexuelles?” Elle m’a répondu “parce que c’est contre nature!” Ayant peur de les affronter, et étant un petit mouton je n’ai rien dit, je les ai tous laissés parler et insulter chaque personne qu’ils pensaient homo. Même si en cachette je suivais des lesbiennes sur les réseaux sociaux.

En 5ème j’ai changé d’établissement à cause de mes fréquentations. Tout me paraissait bizarre. Je suis passée d’un collège public où il n’y a que des racailles à un collège privé rempli d’enfants habillés entièrement de marques. Et moi j’arrivais là, paumée, dans un collège où les survêtements étaient interdits sauf pour les cours d’EPS.

Dès le premier jour, ELLE m’a adressé la parole, cette fille qui m’a de suite plu. On va l’appeler Coline. Les mois passent, et elle devient mon quotidien. Même manière, même façon de penser. Elle était mon double. On parlait de tout, puis vient ce sujet. D’un coup elle me lance “Je pense que je suis bi” je lui ai dit que moi aussi. A partir de ce jour-là, nous nous sommes mises en couple, mais pas officiellement, personne ne le savait. On est resté ainsi jusqu’à la fin de notre 4ème. Nous nous sommes quittées sur de bons termes, nous n’étions pas prêtes à l’assumer. Après notre rupture, nous avons avoué à notre groupe d’amies tout ce qu’il s’était passé. Elles en étaient très contentes, elles nous acceptaient. J’ai adoré leurs réactions. Coline et moi sommes en très bons termes.

L’année suivante, une nouvelle est arrivé en 4ème. On va l’appeler Lisa. Du premier jour nous nous sommes parlé. Je l’ai draguée, comme ça, pour voir si je pouvais la faire changer d’orientation. Au fil des mois elle est devenue amoureuse de moi. Moi, je l’aimais… Mais pas plus que ça. J’avais toujours Coline en tête. J’ai dit à mes amis que Lisa et moi étions ensemble. Coline l’a très mal pris et l’a raconté à qui voulait l’entendre. Je lui en ai beaucoup voulu. J’ai tout nié. Je me suis séparée de Lisa pour que plus personne n’aie de doute.

Je suis bi, j’étais bi. Je n’en sais rien. Tout le long de l’année j’ai refoulé ce que j’étais. Vient alors la Gay Pride. On a décidé d’y aller avec mes amies. Je m’y suis sentie tellement bien, comme dans mon élément. Du soir même je me suis dit “eh merde, on n’a qu’une vie” Je ne voulais plus refouler ce que j’étais. J’ai commencé à douter, bisexuelle ou lesbienne ? Je me suis dite bi.

J’ai reparlé à Lisa qui était toujours autant folle de moi. Je me suis blâmée du mal que je lui avais fait. Nous sommes ensemble depuis plus d’un mois et nous avons assumé pleinement, que ce soit au collège ou dans la rue. Les gens de mon collège ont bien réagi. Les questions sont de plus en plus lourdes mais ça va. Dans la rue, les regards sont insupportables mais j’ai décidé de m’en foutre au final. Pour le coup, je redouble ma 3ème, alors je serai encore un an auprès d’elle. J’en suis amoureuse, folle amoureuse.

Je l’ai dit à ma soeur (j’en ai deux), elle a bien réagi. Elle m’a dit d’aimer qui mon coeur choisit. Venant d’elle c’est normal, ses meilleurs amis sont gay/lesbiennes. Je l’ai dit à ma cousine, avec qui je partage tout depuis ma tendre enfance. Elle m’a dit “ce n’est pas grave ! Je serais toujours là, je t’aimerais peu importe.”

J’aimerais faire mon coming-out auprès de mes parents, ma famille… mais je n’en ai pas la force. Je suis d’une famille musulmane pratiquante. C’est d’autant plus dur. Mes parents ne sont pas homophobes, ils sont pour le mariage pour tous mais ils n’accepteront pas que leur fille soit lesbienne. Je le sais, je ne sais pas quoi faire. Les garçons ne m’attirent aucunement. Je suis lesbienne et je n’en ai pas honte.

Alison, 18 ans

Je m’appelle Alison, j’ai 18 ans, je suis étudiante. Mon attirance pour les filles n’a pas toujours été évidente. Je me suis longtemps considérée comme totalement hétéro. Mais, en seconde, j’ai rencontré une fille, Marine, qui a découvert qu’elle était lesbienne. Au fil des ans, notre relation évoluant, je suis tombée éperdument et irrévocablement amoureuse d’elle. Au début, je ne voulais pas me l’avouer, et j’ai passé de nombreux mois dans le déni. Mais, mes sentiments sont devenus tellement forts que je ne pouvais plus me les cacher. J’ai donc fini par lui avouer. Je pensais que c’était réciproque, mais non. Elle m’a gentiment repoussée, tout en m’assurant que ça ne changeait rien et qu’on restait amies.

Suite à ce “rejet”, je suis tombée en dépression. Je l’aimais comme une folle, et je n’avais personne, à part elle, à qui parler. En effet, j’avais trop peur de la réaction des gens pour en parler. Et, en parler, c’était admettre cette attirance, et mon orientation sexuelle différente. Alors, j’ai sombré. Pendant des mois, son sourire étant ma seule lumière. Au bout de quelques mois, j’ai décidé d’en parler à une amie, une fille étant en famille d’accueil avec moi (oui, je suis en famille d’accueil). Je lui ai juste dit que j’étais amoureuse de cette fille. Elle a bien réagi, et m’a même dit qu’elle s’en doutait. Elle m’a demandé “ce que j’étais”. N’en sachant rien moi-même, je lui ai dit. J’ai ajouté, je crois, que je préférais faire mes expériences avant de me coller une étiquette. Suite à ça, je pensais avoir trouvé quelqu’un à qui en parler, mais elle faisait l’autruche dès que j’abordais le sujet. Je me retrouvais donc de nouveau seule.

Ensuite, les coming out auprès des amis se sont un peu enchainés. (Je cherchais toujours désespérément quelqu’un à qui parler, je crois.) Tous ont bien réagi (la majorité de mes amis du lycée appartiennent à la communauté LGBT), certains (les autres) me font comprendre qu’en parler ne les met pas à l’aise. Je m’adapte, même si cela m’énerve un peu, les regards fuyants lorsque j’évoque Marine. Mais bref.

Du côté de ma famille, pendant ma dépression (que personne n’a remarquée), mon oncle s’est mis à me parler de coming out, de mariage pour tous. Il me demandait régulièrement si j’avais un copain et, suite à mes réponses négatives, il ajoutait : “une copine…?”. Je répondais toujours négativement, et ne profitais pas de la perche, n’étant pas prête à assumer sûrement.

Cet été, je suis allée voir ma mère (qui n’est pas présente dans ma vie quotidienne et habite assez loin de chez moi) avec ma tante. Alors que nous parlions toutes les deux (ma mère et moi), assises dans l’herbe, elle m’a posé la question de mes amours. Et… je lui ai tout déballé : Marine, ma dépression… Comme ça, naturellement. Je pleurais, j’étais stressée (mais si je pensais qu’elle réagirait bien). Elle a été géniale. Elle m’a dit que, fille ou garçon, peu importait du moment que j’étais heureuse. Elle m’a demandé si ma tante et ma grand mère savaient. J’ai répondu non, et elle m’a conseillé de leur dire, me disant qu’elle était sûre qu’elles réagiraient bien. Elle a dû sentir que c’était compliqué pour moi, parce que, suite à cette discussion, elle a prit ma tante à part. Je me suis doutée qu’elle lui parlait. Dans la voiture, en revenant dans ma région, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai demandé à ma tante :

– Tata, est ce que maman t’as parlé de…

– Oui, m’a t-elle coupé. Pourquoi tu ne m’en as pas parlé? a t-elle ajouté après un silence. Tu sais, du moment que tu es heureuse, ça me va. Et puis, on s’en doutait, avec tonton. Tu aurais dû m’en parler, Alison. J’aurais pu essayer de t’aider. Tu peux en parler à tes cousines, si tu veux. Je veux qu’elles soient tolérantes et ouvertes.

Je pleurais. J’étais tellement soulagée. Ensuite, elle m’a posé des questions. Est ce que j’aimais exclusivement les filles? Est ce que j’avais une copine? J’étais heureuse de pouvoir en parler à quelqu’un. Heureuse d’avoir une famille aussi compréhensive et ouverte.

Je n’en ai pas parlé à ma grand-mère, parce qu’elle est en partie sourde, ce qui rend la chose compliquée. Et puis, tant que je n’ai pas de copine, je n’en ressens pas le besoin. On verra plus tard.

Pour le reste de ma famille, j’ai posté un long texte sur Facebook, pour les un an de mon “râteau”. Une lettre à la moi du passé, où je fais comprendre que je suis amoureuse d’une fille. Mais je fais passer le côté “problèmes de cœur” avant le fait que ce soit une fille. Je n’ai eu que des retours positifs et des messages pleins d’amour.

Je n’ai rien dit à ma famille d’accueil, parce qu’elle est profondément homophobe et qu’elle déteste Marine. Je lui dirai si un jour j’ai une copine avec qui c’est sérieux.

Mes amis de la fac savent, de manière générale. Et ça leur va.

Voilà. Pour ma part, le coming out m’a libérée. Aujourd’hui j’assume totalement de fantasmer sur des filles, tout en refusant de me coller une étiquette pour le moment.

Georges, 47 ans

Cette semaine, à l’âge de 47 ans, et pour la première fois de ma vie, j’ai dit à un ami proche que j’étais attiré par les hommes. Cela m’a procuré une libération, un sentiment d’honnêteté total. Cette amitié, récente, je ne voulais pas la construire sur un mensonge.

Sa réaction immédiate a été un peu décevante. (“tant que tu restes à ta place, ça me dérange pas…”) mais compréhensible. Nous en avons reparlé le lendemain, et je pense, j’espère, que cela ne va pas altérer notre amitié. Ma famille est très compréhensive sur le sujet de l’homosexualité, mais je n’ai jamais réussi à franchir le pas, à m’ouvrir. Mon cercle d’amis également. Je sais que cela passerait sans problèmes, mais c’est trop tard pour moi je pense.

J’ai eu besoin de cette franchise au moins une fois, cette franchise de me dévoiler complètement, tel que je suis. Vivre dans le mensonge, c’est quelque chose de très dur, de très dangereux. J’ai en quelque sorte fait un test cette semaine.

J’ai été marié plus de 10 ans, et heureux de l’être, avec une femme que j’ai aimé. Aujourd’hui je suis divorcé, père de deux ados en garde alternée. Situation pas du tout propice pour un coming out. Je ne désire pas être enfermé dans une case car je ne me sens pas gay à 100%. J’aime les femmes également, et se déclarer homo risque de me cantonner uniquement à une rôle. La bisexualité est encore perçue d’une façon différente aujourd’hui.

Paola, 24 ans

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été bien avec les filles et très bonne copine avec les garçons. C’est en fin de primaire que j’ai commencé à ressentir du désir pour une de mes copines (j’ai eu envie de l’embrasser), puis au collège, sans m’en rendre compte j’ai eu un béguin comme on dit ! J’ai commencé à me poser des questions et à avoir peur du regard des autres lorsque j’ai ressenti de la jalousie en voyant la fille pour qui j’avais craqué sans m’en rendre compte partir avec une autre.

Puis vint le lycée, autre béguin, autre désir plus fort mais la peur me retint une fois de plus. Je n’ai rien dit jusqu’à ce que je parte à Bordeaux préparer un bac professionnel. Et là durant l’année, j’ai vraiment craqué. Une fille est venue s’asseoir à coté de moi et m’a parlé de tout et de rien. Je buvais ses paroles, mon cœur s’emballait, je voulais la serrer dans mes bras, rester à ses cotés, la protéger…

Pendant 6 mois, j’ai fait comme si de rien n’était mais cela me torturait l’esprit. Un soir, en rentrant chez moi pour le week end, ma mère m’a prise à part et m’a dit :

“Tu passes beaucoup de temps sur internet…”

Moi : “Oui, ça m’évade.”

En réalité, j’avais décidé depuis un moment de tout dire et avais laissé des indices un peu partout, surtout sur internet : adresses de blog lesbiens, 1 ou 2 images de gay pride…

Ma mère : “Tu sais si tu as un soucis tu peux m’en parler.”

Moi : “Je n’ai aucun soucis.”

Ma mère: “Tu te poses des questions sur toi ? Par exemple, est-ce tu aimes les filles ?”

Vlan!! En une seconde, tout était dit, j’étais libre enfin !! Après des mois de torture, J’ETAIS LIBRE !!!

Depuis ce jour, je peux dire que je vis pleinement ma vie sans crainte et sans regret !!

Baptiste, 19 ans

Bonjour à tous !

Cela fait aujourd’hui exactement 10 jours que je suis “sorti du placard” officiellement auprès de mes parents. Contrairement à beaucoup, et bien que j’aie longtemps réfléchi sur la manière de le faire, cela a plutôt été involontaire.

Depuis toujours, j’ai l’impression d’être plus ou moins différent. Je n’en ai jamais vraiment tenu compte, jusqu’au lycée. Durant tout le collège, je n’ai jamais vraiment été intéressé par les filles. Je pensais que ça viendrait, que ce serait peut être plus long que pour d’autres personnes. Je voyais mes amis parler des filles, de leurs dernières expériences, de leurs fantasmes aussi. J’acquiesçais, patiemment, mais je savais que je n’étais pas tout à fait “identique” à d’autres garçons. J’étais un peu à la marge des grands groupes du collège, je traînais avec quelques amis, garçons ou filles. Mais je ne savais pas quoi en penser. C’était un sujet tabou dans ma famille – ça l’est toujours un peu – et même au collège, jamais aucun professeur, aucun intervenant ne nous a parlé de l’homosexualité.

Au lycée, tout était différent. Enfin presque. En seconde, j’ai découvert des garçons très beaux, je passais vraiment mon temps à les regarder. Je me souviens avoir rejoint un garçon tout seul dans ma classe juste pour son physique. Et puis c’était un lycée très ouvert sur la question : de nombreux garçons ou filles ne se cachaient pas, et pour moi, ça a été une révélation: et si j’étais comme eux, finalement ? Cette idée a mûri dans ma tête. J’ai bien essayé de sortir avec une fille, mais finalement ça n’a pas fonctionné. Je me suis rendu compte de l’hypocrisie dans laquelle je m’embarquais, alors j’ai abandonné. Mais ce n’est pas pour autant que j’étais prêt à m’assumer. Loin de là.

C’est vraiment en terminale que je me suis dit: “Ne cherche pas, Baptiste. Tu es gay et c’est tout.” Non que j’ai rencontré le “grand amour”, mais je le savais au fond de moi. La première à le savoir a été simplement une très bonne amie qui a cherché à sortir avec moi au lycée. Nous nous parlions souvent. C’était en septembre, avant que je rentre à la fac. Nous parlions sur Facebook, et j’ai été pris d’un mouvement de courage, et je me suis lancé: “j’ai quelque chose à te dire. Je crois que je préfère les mecs”. Sortir cette phrase a été la première marche, et quelle marche, que j’aie franchie dans cette lutte pour moi-même. Là, ça été un soulagement énorme. J’avais enfin une personne avec qui parler. Rien que d’échanger sur les mecs qu’on trouvait mignons, c’était un soulagement. Deux mois après, c’était au tour de ma meilleure amie de le savoir. Je me souviendrai longtemps de ce moment, je suppose. Nous étions à une soirée, et, installés dans un coin de l’appartement, je lui ai tout simplement dit que si je n’étais pas sorti avec la fille évoquée précédemment, c’est que j’étais gay. Elle m’a saisi dans ses bras, a lâché une larme puis nous avons parlé une heure de ça. C’est finalement un processus d’un an qui a suivi pour l’avouer à toute ma bande d’amis.

Pour ce qui est de la famille, tout a toujours été compliqué. Je n’ai jamais été très proche de mes parents : mon père, fils d’ouvriers, n’a jamais été proche de moi ou de mon frère. Très manuel, il n’a jamais su s’intéresser vraiment à nos centres d’intérêts, n’a jamais été très démonstratif avec nous. Ma mère, elle, fonctionnaire, catholique pratiquante, a toujours été fermée à ce sujet. Elle avait même évoqué, je m’en souviens comme si c’était hier, quand j’avais 17 ans et que je me questionnais alors sur mon orientation sexuelle, qu’elle ne “saurait pas comment elle réagirait si moi ou mon frère étions homosexuels” et qu’il n’était pas impossible qu’elle nous “mette à la porte.” A partir de là, son discours a déteint sur mon frère, parlant souvent de “pédés” pour les homosexuels ou ses copains un peu plus en retrait. Moi, je me suis alors dit que j’attendrais d’être sorti de la fac pour tout leur révéler, ce serait plus sûr.

Jusqu’à ce jours de Pâques 2015. C’était une période plus ou moins difficile pour moi. J’ai eu quelques soucis de santé, et ce jour là, je ne me sentais pas très bien. Pour expliquer cela rapidement, mon cœur s’emballait et je faisais des épisodes de tachycardie et d’angoisse. Le soir, je descends voir mes parents, inquiet de la rapidité de mon rythme cardiaque. Ni une ni deux, ma mère prend ma tension, rien de très exceptionnel. Puis elle me pose la question fatidique “tu n’as pas de soucis en ce moment ? Une rupture, une copine ? Quelque chose que tu voudrais nous dire ?” Je nie tout en bloc. Puis elle rajoute “ Tu n’as pas de copain ?”. Un sentiment de panique m’envahit. J’ai l’habitude de ce genre de questions ironiques de la part de ma mère. Mais là, je ne sais pas ce qu’il m’a pris, mais j’ai voulu me soulager. J’en avais marre de vivre caché, de dissimuler mes SMS avec mes amis qui parlent de ce sujet, de me retenir de complimenter un acteur canon à la télé.

Alors j’ai répondu “Non, mais…” Puis ”C’est possible que ça vienne, un jour.“ J’ai jeté un froid. Imaginez la scène: moi, dans le canapé, le tensiomètre autour du bras, ma mère immobile, mon père en face qui ne dit pas un mot. Puis ma mère qui sort dehors, mon père qui rigole, et moi qui remonte dans ma chambre. Je ne réalise pas ce qu’il s’est réellement passé, si j’ai vraiment bien joué mon coup ou si j’ai fait la plus grosse erreur de ma vie. Je commence à fondre en larmes. J’appelle alors ma meilleure amie, qui me dit qu’il faut absolument que je sorte et que j’échappe à ce climat. Puis ma mère qui remonte, en pleurs, et tente de comprendre, pense que ce n’est que de passage, est dans le déni complet. Finalement, je pars chez mon amie, avec le consentement de mes parents.

Finalement, 10 jours après, je ne sais toujours pas vraiment comment le prendre. Mon père l’a bien pris, ma mère ne m’a pas rejeté. C’est plutôt positif. Mais, étant dans une ville éloignée pour les études, je ne les ai pas revus depuis, et leur ai juste parlé par téléphone. Comment vont-ils réagir quand je vais les revoir ? Ma mère va-t-elle me parler comme avant ? Rien n’est moins sûr.

Le pire – et le meilleur – c’est qu’à la même période, j’ai rencontré quelqu’un: un garçon formidable, qui, malheureusement, est de Paris. J’ai du prétexter plusieurs sorties pour aller le voir. Nous sortons ensemble depuis 5 jours. Ce coming-out, finalement, c’est une forme de libération, difficile et avec de multiples conséquences, mais une libération.

Voilà pour moi. Je suis désolé, mon histoire est longue, mais je tenais à la raconter dans son ensemble. J’ai toujours appréhendé de sortir du placard. J’avais raison. C’est une étape difficile, sans doute la plus difficile que j’ai eu à vivre jusqu’ici, sujette à de multiples réflexions, à un processus long d’acceptation de soi, mais aussi des autres. Si j’avais un conseil à donner: si vous n’êtes pas sûr de vous, ne le faites pas. Certes, l’aboutissement est grand, mais les risques peuvent être bien plus graves que la seule récompense obtenue.

Juliette, 25 ans

Quand j’ai commencé à me poser des questions, à me sortir la tête de l’eau, ça devait faire au moins plusieurs années que ça trottait en boucle dans ma tête. Au collège, c’était super mal vu, mais au lycée c’était “in”.

Quand j’étais en quatrième, je me souviens de la célébrité passagère du groupe taTu, dont la notoriété était surtout basée sur le fait que les deux filles soient lesbiennes. Je me souviendrai toujours du jour où, en récré, on m’a craché au visage que je devrais aller rejoindre ce groupe, parce que ce sont mes “copines”. Je me souviens avoir été choquée, de ne pas avoir compris la raison pour laquelle on me sortait ça avec autant de haine. J’étais tellement au fond de mon placard que je ne voyais pas la lumière…

Au lycée, j’ai eu des coups de foudre, dont un qui a duré deux ans. A l’époque, j’avais un groupe d’amis très gay-friendly, et parmi eux un mec qui était gay et qui était persuadé que je n’étais tout simplement pas prête à m’assumer (il avait raison). Et en première, cette fille m’a retourné le coeur. Je passais mon temps à l’observer, on se donnait rendez-vous sur MSN…On mettait la webcam et je pouvais passer des minutes entières, juste à la regarder. Ma jolie bulle de bonheur idyllique non réciproque a éclaté le jour où elle en a parlé à toute la classe de Terminale à deux mois du bac, et où je me suis retrouvée seule (à l’exception de mon groupe d’amis), alors que je m’entendais bien avec tout le monde.

Les études supérieures n’ont pas été à la hauteur de ce que j’espérais – pas d’histoire d’amour à l’horizon, mais énormément d’amis très tolérants et même ravis pour la plupart, parce qu’ “avoir une amie lesbienne, c’est trop cool !” Mais à part être l’élément “cool” du groupe, je me sentais de plus en plus seule.

En 2009, j’ai rencontré cette fille par Internet, avec qui j’ai été rapidement très fusionnelle. On passait des heures à se parler mais – c’est là que le bât blesse – elle habitait à l’autre bout de la France. J’ai passé des soirées à pleurer en pensant que rien n’arriverait jamais entre nous, et je ressentais le besoin urgent de parler à quelqu’un dans mon cercle familial proche. Un soir de déprime totale, mon grand frère m’appelle et me demande ce qui ne va pas. Bingo, mon premier coming-out sort tout seul de ma bouche, et je me souviens clairement avoir formulé cette phrase “mais t’imagines comment maman va le prendre ?” Je me souviendrai toujours de sa réponse “on s’en fout de maman. C’est ton bonheur qui compte.” Jamais je ne me suis jamais remise de son amour pour moi, qu’il n’a jamais remis une seule seconde en question. Mon premier soutien, et ça je ne l’oublierai jamais.

En septembre 2011, Dieu seul sait pourquoi, j’étais en train d’échanger des textos avec mon petit frère et tout d’un coup, viennent les questions sur mes histoires de coeur. Je me souviens distinctement d’avoir reçu d’abord “et toi ? t’as un copain ?”, moi d’avoir répondu non, et mon frère de répondre “…ou une copine ?” Mon coeur battait tellement fort, j’ai cru que le monde allait s’arrêter de tourner. Et surprise, rien n’a changé. Il m’a dit qu’il était super content pour moi, que ça ne changeait rien pour lui…Et qu’il s’en doutait.

Début janvier 2012, après avoir passé des années et des années à me stresser toute seule rien qu’à penser à en parler à mes parents et à ma grande soeur (oui, on est quatre enfants dans ma famille, je suis la troisième !), à me mettre une pression folle pour ça, je descends dans le salon, après un repas de Noël tardif au cours duquel je n’avais pas réussi à manger grand-chose. Et pour cause, la veille sur Facebook, j’avais annoncé à l’ensemble de mes contacts que je ferais mon coming-out à mes parents et ma soeur le lendemain – histoire de n’avoir aucune échappatoire, et de m’y coller coûte que coûte. J’avais reçu un soutien hallucinant de la part de l’ensemble de mes vrais amis, et des encouragements de la part des contacts plus ou moins vagues.

Boule au ventre, j’annonce donc, une fois tout le monde assis, que “je ne suis pas attirée par les garçons”. Mon père me répond qu’il est content que je leur en ai parlé, ma soeur est ravie pour moi, et ma mère, assise à côté de moi, fixe la nappe. Je la sens triste, déçue, un mélange d’émotions que je n’ose pas raviver en lui parlant. Ma soeur, après avoir essayé de détendre l’atmosphère, finit par me dire “je crois que tu vas devoir aider maman…ça va pas être facile pour elle”. Ma mère ne dit toujours rien, elle finit par se lever après une tentative de câlin ratée de ma part, et sort avec mes frères, pour fumer.

Elle revient cinq minutes après, après avoir parlé avec mes formidables frères génialissimes, et me prend dans ses bras en me disant “ce qui compte, c’est que tu sois heureuse”. J’ai fondu en larmes, sans pouvoir m’arrêter.

On a eu une discussion ou deux, saupoudrées de larmes des deux côtés (nous sommes toutes les deux très émotives), puis plus rien pendant des mois et des mois.

En juillet 2013, je me mets en couple, et après six mois de relation (à distance), je finis par l’annoncer à ma mère. Elle pleure (à nouveau), on en parle à peine et j’ai l’impression qu’on avance à reculons depuis mon coming-out. Je suis frustrée et triste…

Ce n’est que deux ou trois semaines plus tard, que je l’ai au téléphone et qu’elle m’a dit des choses très fortes, qui m’ont fait pleurer. Elle commence par me dire de faire attention à moi, à nous quand on marche dans la rue, que les gens sont cons et potentiellement homophobes, et puis après un silence, elle me dit ces paroles que je n’oublierai jamais. “Tu sais Juliette, on fera tout pour t’aider à avoir des enfants. On fera tout pour que tu sois heureuse. Je sais que les manifs pour le mariage pour tous sont finies, mais si il y en avait encore, j’y serais allée pour toi.” A nouveau, mes larmes, de soulagement et de joie, coulent (et encore maintenant en écrivant ces mots…)

Quand je me suis séparée de mon ex, en mars 2014 après neuf mois de relation, j’en parle à ma mère, que je sens hésitante quand à la réponse à apporter. A nouveau, quelques mois de silence, et puis graduellement, jusqu’à aujourd’hui, je sens qu’elle s’ouvre au sujet. Elle vient m’en parler d’elle-même, me demande si j’ai une copine. Me dit des choses comme “tu sais, ça nous oblige à être moins cons, à casser nos préjugés”. Je suis tellement fière d’elle…

Maman, si tu lis ces mots un jour…Je t’aime de tout mon coeur.

Pour lire d’autres témoignages de coming out : https://www.stophomophobie.com//?s=coming+out

Merci à easycomingout.