Témoignage : Quand j’ai annoncé mon homosexualité à mon père, il m’a dit, “peu importe qui tu aimes mon coeur de beur, ce qui compte c’est que tu sois heureuse.”

Je m’appelle Samia, j’ai 16 ans et je vais bientôt intégrer la première L dans mon lycée.
Pour ce qui est de mon homosexualité, je me posais déjà des questions à l’âge de 12 ans, en sixième. Au fond de moi, je savais que j’aimais les filles mais ça me faisait peur…
Du coup je suis sortie avec beaucoup de garçons jusqu’à la troisième (une vingtaine environ) ce qui m’a valu une réputation d’allumeuse et de briseuse de coeurs..
En faisant cela, je tentais de me persuader que j’étais hétéro mais au final, ça me rendait encore plus triste.
En troisième donc, après une énième rupture avec un garçon formidable, j’ai compris qu’en réalité, j’aimais effectivement les filles. Et une fille en particulier : une amie avec qui je jouais au handball mais qui n’était pas dans mon collège. Je me sentais mal de me cacher alors j’ai décidé d’en parler à mes plus proches copines. Quand je leur ai anoncé la nouvelle, elles ont très bien réagi et m’ont soutenu.
C’était un vrai soulagement et ça m’a encouragé à en parler ensuite à mon meilleur ami. C’est là que les choses ont changé. Je ne savais pas, à l’époque, qu’il était homophobe..
Quand je lui ai tout raconté, il a commencé à m’insulter de “sale broute-minou” et de “sale gouinasse de merde”. Il me disait aussi que je devais aller me faire soigner et au pire brûler sur un bûcher, moi et tous ceux qui appartenaient à cette “secte malsaine”… Ses propos m’ont rendu très triste. Puis il a répandu la nouvelle dans tout le collège et a commencé à me harceler.
Certains se sont joints à lui tandis que d’autres me soutenaient. J’étais très mal à l’aise à cause de cette situation.
Souvent, lorsqu’on se croisait dans les couloirs, il me bousculait ou me faisait tomber. Moi je ne faisais rien, me disant que ça passerai, mais je me trompais. Il est devenu plus insistant encore et un jour, à bout de nerf, je l’ai giflé et lui ai dis que j’étais fière d’être “différente”. On s’est battu et il a finalement été renvoyé.
Après ça, plus personne n’osait me critiquer en face. Je me sentais forte et prête à affronter quiconque me dénigrerait parce que mon homosexualité.
J’ai fini mon année de troisième et je suis rentrée en seconde, au lycée. Là bas, j’ai vite compris que les gens était différents, plus compréhensifs.
J’ai pu m’assumer pleinement en temps que lesbienne et avoir le courage d’annoncer la nouvelle à mes parents.
Mon père a très bien réagi. Il m’a dit : “Peu importe qui tu aimes mon coeur de beur, ce qui compte c’est que tu sois heureuse. Tu restes mon petit bébé d’amour que j’aime fort fort fort” (adorable ce paternel, n’est-ce pas ?) Pour ce qui est de ma mère, avec qui s’était déjà “tendu” depuis quelques années, ce fut un peu plus compliqué. Au début, elle pensait que je racontais tout ça pour qu’elle s’intéresse à moi. Mais, lorsqu’elle a compris que j’étais sérieuse, elle m’en a voulu : “je ne lui ferai jamais de ‘vrais petits enfants’.”
Je lui ai laissé le temps de s’y habituer et maintenant elle accepte la situation. Je sais que par rapport à certains témoignages, j’ai eu pas mal de chance et j’en suis consciente. Mais je sais aussi que tout cela m’a rendu plus forte et heureuse. Je pense que, qui que nous soyons, blancs, noirs, asiatiques, homo ou hétéro, nous devons accepter nos différences et ne pas avoir peur de les montrer car c’est ce qui nous rend unique et plus fort.

À tous ceux qui liront ce témoignage : soyez qui vous êtes et vivez heureux, je vous le souhaite de tout coeur.

Samia.

Propos recueillis par Joelle B.
JoellealecoutedesJeunesLGBT