Témoignage. Gabriel : «Il y a des jours où je me sens bien en fille et d’autres en garçon. Je veux avoir le choix !»

Gabriel est canadien, il a 16 ans, et souhaite porter l’uniforme obligatoire prévu pour les filles à l’école. Mais son établissement le lui interdit.

«La direction croit que c’est un caprice, mais c’est pas ça», confie le jeune homme qui se définit comme un travesti et arbore déjà depuis quelques mois, à extérieur des cours, vêtements et accessoires féminins. Il l’avait également fait savoir à une intervenante de l’école, qui lui aurait suggéré d’attendre que le conseil d’établissement se penche sur la question.

«Je sais que j’aime les garçons depuis que j’ai 10 ans et je ne veux pas changer de sexe avec une opération. Il y a des jours où je me sens bien en fille et d’autres en garçon. Je veux avoir le choix… Je veux être bien en allant à l’école.»

Mais, il y a quelques jours, le conseil a rejeté sa demande. «On m’avait déjà dit que ma jupe pourrait devenir une distraction pour les autres. Ça m’a blessé qu’on me compare aux gens qui niaisent.». Alors, Gabriel a décidé d’outrepasser la décision «en enfilant une jupe».

«On m’a sorti de mon cours […] pour me demander de l’enlever sinon je serais suspendu», explique l’adolescent.
La mère de Gabriel a confirmé que l’école l’avait informée que son fils s’était présenté avec une jupe et qu’il devrait la retirer.

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«On va faire un suivi pour savoir ce qui s’est produit… On ne peut pas arriver à l’école avec une jupe sans prévenir. Il y a un code vestimentaire à respecter» a déclaré ensuite la conseillère en communications de la commission scolaire, qui souligné qu’il s’agit «d’un cas d’exception et chaque cas est différent. Il y a une façon de faire et avant toute action, il faut convenir avec les parents et l’élève d’une modalité».

Pourtant, dans le code de vie en question, aucun point ne fait mention de l’interdiction pour un garçon de porter l’uniforme féminin. Et Gabriel assure qu’il n’a jamais été victime d’intimidation. Il bénéficie même d’un certain soutien. Pendant l’entretien, plusieurs élèves se sont arrêtés pour venir le saluer.
Et, à l’extérieur de l’école, d’autres encore, filles et garçons qui ne sont pas spécialement de ses amis proches ni même dans sa classe confirment : «Il est bien entouré et je n’ai jamais vu personne lui faire du mal… Certains vont rire ou passer des petits commentaires, mais c’est tout…». «C’est un bon gars, drôle et souriant. Il est toujours lui-même. Il ne fait pas semblant». «Ça ne nous dérange pas qu’il porte une jupe…».

«Je m’entends bien avec les autres […] Au primaire ça a été très difficile, j’étais rejeté. Mais au secondaire mon frère était là donc l’intégration s’est bien faite.». Et, pour l’uniforme, l’établissement lui demande de patienter jusqu’en septembre [pour trouver une solution]. «Je suis tanné d’attendre. Mais, si mon témoignage peut toucher une seule personne, ça me ferait plaisir.», conclut Gabriel.

Mise à jour : Le 19 juin

Quelques jours après la publication de son histoire dans les médias, la direction a finalement accédé aux requêtes du jeune homme, même si depuis ce vendredi, comme le rapporte journaldemontreal.com, Gabriel a terminé son année.

«J’ai tenu mon bout parce que je tiens à mes convictions et j’en suis fier», a déclaré le jeune homme, qui confie avoir également reçu l’autorisation d’utiliser les toilettes du personnel, puisqu’il ne peut pas se changer dans les vestiaires des filles.

Ni la direction de l’établissement, ni la Commission scolaire de la Rivière-du-Nord n’ont voulu confirmer l’accord.

«J’imagine qu’on a rencontré l’élève et ses parents, c’est ce qu’on fait pour des mesures particulières», a expliqué Nadyne Brochu, conseillère en communications de la commission scolaire.

Propos recueillis par Marie-Christine Noël.
Gabriel est un nom d’emprunt.

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