Royaume-Uni : une loi « Alan Turing » pour gracier les hommes condamnés pour homosexualité

>> Government « committed » to Alan Turing gay pardon law

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Jusqu’en 1967 et le vote du « Sexual Offences Act », des milliers d’hommes ont été condamnés au Royaume-Uni pour « indécence » ou « atteinte aux bonnes mœurs » parce qu’ils étaient homosexuels. Au moins 49.000 (environ 100.000 selon l’association britannique Outrage ! qui lutte contre les discriminations), pour la plupart emprisonnés ou qui subiront la même sanction qu’Alan Turing : une castration chimique.

« Ils seraient innocentés de tout crime aujourd’hui », a expliqué un membre du cabinet de la Première ministre, Theresa May, en annonçant ce 22 septembre qu’une loi baptisée en hommage au célèbre Mathématicien serait présentée « en temps opportun » devant le Parlement « pour accorder un pardon posthume à ces hommes. »

Roger Lockyer, 88 ans, et son époux Percy s’en souviennent. Ils n’ont jamais été poursuivis mais vivaient constamment sous la menace des rafles. « Quand nous allions dans des endroits fréquentés par les gays, on faisait d’abord une reconnaissance des lieux pour pouvoir rapidement s’échapper en cas de descente de police. Certains ont été condamnés. Et le pire, c’est qu’avec la prison, ils perdaient leurs emplois, réputations, foyers… Et même leurs amis s’écartaient dans la crainte d’être associés aux enquêtes. Des vies injustement détruites. C’est bien que le gouvernement s’amende de toutes ces erreurs judiciaires, même si de manière posthume. »

Des excuses officielles anticipées en 2009 par l’ancien Premier ministre britannique, Gordon Brown, qui réhabilitait ainsi au nom de son gouvernement la mémoire d’Alan Turing. Il sera « gracié » en 2013 par la reine Elisabeth II.

Ses travaux sur la cryptanalyse des codes allemands pendant la seconde guerre mondiale ont permis de mettre un terme au conflit et sauver des millions de vie. Malgré ses contributions significatives à l’humanité, Alan Turing sera harcelé et condamné en 1952 pour « indécence manifeste » en raison de sa relation avec un autre homme de 19 ans. Il n’aura guère de choix : l’incarcération ou le traitement aux hormones. Brisé, il se serait suicidé deux ans plus tard.

Sa famille milite aujourd’hui pour toutes les autres victimes de cette terrible loi, et « ce gouvernement s’y engage », a assuré le représentant de Theresa May. Car cette mesure permettrait aux survivants également, jusqu’à 15.000 qui vivent encore avec cette condamnation inscrite à leur casier judiciaire, d’anticiper l’avenir plus sereinement, même si le mal ne pourra pas être défait.

Terrence Katchadourian
stophomophobie.org

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>> Proposals to introduce new legislation which would pardon gay men convicted under historical gross indecency laws will be brought forward « in due course », the government has said.

The so-called Alan Turing law could see thousands of men pardoned for crimes of which they would be innocent today.

World War Two code-breaker Turing was pardoned in 2013, decades after he was convicted of gross indecency in 1952.

A government spokesman said it was « committed » to the proposal.

« This government is committed to introducing posthumous pardons for people with certain historical sexual offence convictions who would be innocent of any crime now, » the spokesman said.

« We will bring forward our proposals in due course. »

Homosexuality was decriminalised in England in 1967.

Although never prosecuted, Roger Lockyer and his husband Percy were constantly aware of the threat of being convicted for homosexuality in the 1960s.

Mr Lockyer said when he frequented gay clubs he would « always check for the exits », in case of a police raid.

The 88-year-old added : « At times you were fearful of being prosecuted… it was the case for many people that they retreated, never committing sexual acts. »

There were people in the retired history professor’s friendship group who were jailed for gross indecency.

He said : « In one particular case the person went to jail and lost their job. »

« The awful thing was the people who had been his friends and colleagues carefully distanced themselves, they were frightened and didn’t want to be tarred with the same brush. »

He added : « I think it’s right to [pardon the men], it was a miscarriage of justice. They may have been legally convicted, but they were unjustly convicted. »