Religion Les religieuses américaines gay-friendly répondent vertement au Vatican

Les religieuses américaines se sont vivement défendues vendredi face au Vatican, qui leur a récemment reproché des positions jugées trop libérales notamment sur la sexualité, en répondant que ces accusations étaient “sans fondement” et issues d’un “processus vicié”.

Le conseil national de la Conférence de direction des femmes religieuses (Leadership Conference of Women Religious, LCWR) a exprimé vendredi “ses préoccupations à la fois sur le contenu de l’évaluation doctrinale et sur la façon dont elle a été conduite”, écrit-il dans un communiqué.

Cette “évaluation est basée sur des accusations sans fondement, au terme d’un processus vicié manquant de transparence”, ajoute le conseil réuni de mardi à jeudi à Washington pour décider d’une réponse aux récentes décisions du Vatican le concernant.

A la mi-avril à Rome, la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), dirigée par l’Américain William Levada, avait appelé à une réforme de la LCWR, qui compte 1.500 déléguées pour environ 57.000 religieuses, et avait délégué l’archevêque de Seattle (nord-ouest), Mgr Peter Sartain, pour cette mission.

La CDF a reproché aux responsables de la LCWR leur “absence de soutien aux enseignements de l’Eglise sur l’ordination des femmes et sur l’homosexualité”, ainsi que leur silence sur l’avortement ou l’euthanasie.

La direction de la LCWR se rendra à Rome le 12 juin pour “exprimer ses préoccupations” en rencontrant le cardinal Levada et l’archevêque Sartain, à la suite de quoi la Conférence des religieuses se réunira en assemblées régionales et lors de son assemblée annuelle en août, pour “décider d’une réponse”

Le communiqué des religieuses américaines ajoute que “les sanctions imposées sont disproportionnées par rapport aux reproches soulevés et pourraient compromettre la mise en oeuvre de leurs missions”, tout en évoquant le “scandale et le chagrin” provoqué par le rapport du Vatican dans la communauté.

L’affaire a “heurté profondément catholiques et non-catholiques dans le monde”, écrit la LCWR qui parle de “milliers de messages de soutien” et des “dizaines de veillées de prières” dans le pays.

“L’engagement dans la foi et la justice des religieuses catholiques sont clairement partagés dans le monde. Alors que l’Eglise et la société font face à des temps tumultueux, il est impératif que ces questions soient étudiées par toute la communauté ecclésiastique dans une atmosphère d’ouverture, d’honnêteté et d’intégrité”, conclut le communiqué.

La mission lancée par le Saint-Siège à l’issue d’une longue enquête, qui consiste à contribuer à la révision des statuts du groupe, à revoir les textes liturgiques et à examiner l’affiliation de la LCWR à d’autres organisations ne partageant pas les objectifs de l’Eglise, avait reçu le soutien du pape Benoît XVI à la mi-janvier 2011.

Une visite d’inspection menée par un autre évêque, Mgr Leonard Blair, avait ainsi reproché à l’association de faire appel à des intervenants qui “souvent contredisent l’enseignement du magistère” et fustigé le refus de “promouvoir l’enseignement de l’Eglise sur les questions de la sexualité humaine”.

La question de la contraception et de son remboursement a mis récemment aux prises les évêques américains et l’administration du président Barack Obama dans le cadre de sa réforme de la santé.