Persécutions des homosexuels en Tchétchénie : « Que fait la justice internationale ? » (VIDEO)

Après les révélations du journal indépendant russe Novaya Gazeta sur les arrestations de masse, tortures et exécutions d’homosexuels en Tchétchénie, confirmées par plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, affirmant que ses sources sur le terrain corroboraient ces informations, STOP homophobie, Mousse et le Comoré IDAHO France ont déposé plainte pour « génocide » devant la Cour pénale internationale contre le président Ramzan Kadyrov. Le congrès américain a suivi, votant même une résolution « H.Res.351 », et de nombreuses personnalités politiques ont réclamé l’ouverture d’une enquête.

Convoqué par Vladimir Poutine, M. Kadyrov a démenti toute exaction et son porte-parole, soutenu ironiquement qu’il n’y avait pas de gays dans sa république, invitant autrement les familles à s’en occuper, pour « purger » le sang tchétchène.
La médiatrice russe pour les droits de l’Homme, Tatiana Moskalkova, anti-LGBT notoire mais chargée de l’enquête, et qui avait jusque-là qualifié ces accusations de rumeurs, a finalement annoncé avoir reçu une première plainte. Le Kremlin regrettait qu’il n’y en ait aucune officielle.

Maxime Lapounov, gay, 30 ans, sibérien, victime de ces violences et libéré le 28 mars dernier, est en effet devenu le premier à témoigner publiquement et à visage découvert, pour déposer plainte.

« L’accusation principale contre moi était d’être homosexuel », a-t-il assuré, ce lundi 16 octobre, lors d’une conférence de presse dans les locaux de Novaya Gazeta. Il a en outre évoqué les supplications des autres détenus et les meurtres.

La disparition du chanteur tchétchène Zelimkhan Bakaïev, 26 ans, soupçonné d’homosexualité et arrêté le 8 août à Grozny, où il s’était rendu depuis Moscou pour assister au mariage de sa soeur, semble là encore en attester : « Lorsqu’une personne disparaît et que les forces de l’ordre refusent d’enquêter sur sa disparition, on peut craindre sérieusement pour sa vie », a indiqué le responsable d’une association locale, proche de la mère de l’artiste.

La porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès Romatet-Espagne, s’est exprimée, ce 28 octobre, sur la situation, appelant une nouvelle fois les autorités russes à diligenter des enquêtes, pour que les auteurs des persécutions soient punis : Ils ont un devoir de protéger les LGBTI, a-t-elle insisté, rappelant que la France avait accueilli des victimes et continuera de le faire.

Incitons la Cour Pénal Internationale à ne pas se laisser amoindrir, parce que derrière le vassal, « logisticien » du « génocide », se cache M. Poutine, exhorté depuis le début par le Conseil de l’Europe à réagir. Difficile d’imaginer toutefois que le prochain Mondial de football, par exemple, se déroule en Russie, qui devrait au contraire en être exclue. Citons l’événement, puisqu’il mobilise davantage.

Plus de 80 rescapés ont été exfiltrés depuis ce printemps, via le Russian LGBT network déjà, qui a ouvert une ligne téléphonique d’urgence.

Et nous continuons de recevoir des témoignages, enregistrer des plaintes, traiter les dossiers : Trois cette semaine, dont une famille qui avait précédemment fui le Kazakhstan, et se trouve désormais menacée pour avoir défendu en Tchétchénie leur plus jeune fils, « accusé d’homosexualité » et survivant d’un des camps d’enfermement. Ils seront pris en  charge. Nous œuvrons dans ce sens. Mais dans la crainte d’une diaspora trop importante en France, qui a promis de les châtier, certains hésitent pour se tourner vers le Canada.

À la mi-octobre, un journal d’État de l’ancienne république soviétique du Tadjikistan a annoncé que le ministère de l’Intérieur avait créé un registre des gays et lesbiennes « avérés ». 319 hommes et 48 femmes auraient ainsi été identifiés lors d’opérations appelées « Morale » et « Purge », rapporte cette semaine l’AFP. La répression gangrène et inspire. Égypte, Indonésie, Azerbaïdjan, Tanzanie… Les instances s’offusquent, s’inquiètent, mais que fait la justice internationale ?

Au moins 75 pays criminalisent encore les personnes LGBT, dont 13 qui prévoient la peine de mort. Votre soutien est essentiel pour nous permettre de poursuivre au mieux nos actions.

STOP homophobie.