Ouganda: un Britannique accusé de “trafic d’images” homosexuelles expulsé

>> Uganda gay sex case Briton Bernard Randall to be deported

Un tribunal ougandais a ordonné mercredi l’expulsion sous 12 heures de Bernard Randall, un homosexuel britannique qui était jugé pour “trafic d’images obscènes“.

Ces charges ont été finalement abandonnées mais le tribunal a jugé le retraité, agé de 65 ans, coupable de “séjour illégal” et de corrompre les moeurs de la jeunesse de l’Ouganda, un pays où l’homosexualité est réprimée par la loi.

M. Randall avait été inculpé fin octobre après la parution dans la presse, à son insu, de photos le montrant ayant des relations sexuelles avec un homme, des images privées qui, selon lui, avaient été récupérées sur son ordinateur personnel, volé lors d’un cambriolage.

“La Cour ordonne l’expulsion immédiate dans les douze heures”, a déclaré la juge Hellen Ajio du tribunal d’Entebbe, dans les faubourgs de Kampala.

“En Ouganda, nous vous aimons mais nous n’acceptons pas les rapports homosexuels“, a dit la juge à l’adresse de M. Randall.

Mercredi, à l’ouverture de l’audience – plusieurs fois reportée -, le Parquet a annoncé finalement abandonner les poursuites pour “trafic d’images obscènes” pour lesquelles le prévenu encourait deux ans de prison, admettant ne pas avoir assez de preuves.

Le procureur a en revanche réclamé l’expulsion de M. Randall, qui “n’a pas renouvelé son visa à temps” et qui “a vécu comme mari et femme” avec un Ougandais, tous deux “ne cessant de corrompre la jeunesse ougandaise”.

Cet Ougandais, qui nie être homosexuel et que M. Randall présente comme un simple ami, est de son côté jugé pour “outrage à la décence” et risque une peine de sept ans de prison. Présent dans le box au tribunal, son cas n’a pas été évoqué durant l’audience et aucune date n’a été fixée pour son procès.

L’avocat de M. Randall, John Francis Onyango, avait demandé au juge d’accorder cinq jours à son client pour quitter le pays librement. Il a plaidé que M. Randall n’avait pu renouveler son visa, car son passeport était aux mains de la police et qu’il n’avait commis aucune infraction justifiant son expulsion.

Brièvement interrogé par l’AFP après la décision, Bernard Randall, qui se rendait régulièrement en Ouganda depuis 2011, a répondu: “je ne sais pas encore. Mais ça va être formidable de rentrer finalement à la maison, de voir ma famille”.

“Nous sommes heureux que les charges aient été abandonnées, parce que nous avons toujours dit qu’il n’y avait pas de preuves”, a réagi son avocat, John Francis Onyango, tout en estimant les bases de l’expulsion “ténues”.

Il a toutefois indiqué qu’il ne ferait pas appel du jugement: “Cela n’a pas beaucoup de sens au vu des délais, mais aussi parce que l’Etat a le droit souverain d’accepter ou de refuser les demandes de quiconque de rester dans le pays”.

M. Randall “est entre les mains de la police actuellement. Sous peu ses biens lui seront rendus et il sera accompagné à l’aéroport”, a-t-il ajouté.

Les relations homosexuelles sont illégales en Ouganda et passibles de la prison à vie. Le président Yoweri Museveni a refusé mi-janvier de promulguer une loi controversée durcissant encore la répression de l’homosexualité, adoptée à une écrasante majorité par le Parlement. La nouvelle loi avait été très critiquée par les pays occidentaux et l’ONU.

En 2011, un militant des droits des homosexuels en Ouganda, David Kato, avait été assassiné à son domicile, après la publication dans un journal de noms, photos et adresses d’homosexuels vivant en Ouganda,sous le titre: “Pendez-les!”

>> A British man who was facing charges in Uganda of possessing a gay sex video is to be deported, a court has ruled.

Retired Bernard Randall, 65, from Faversham in Kent, denied a charge of trafficking obscene publications.

Judge Hellen Ajio ordered Mr Randall should be deported from Uganda within 12 hours.

Mr Randall, who first appeared in court in Uganda in November, would have faced a possible two-year prison sentence if found guilty.
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Analysis
image of Catherine Byaruhanga Catherine Byaruhanga BBC, Uganda

When Bernard Randall arrives back home he will be a free man, but Uganda’s decision to deport him is motivated by making his case disappear.

The government here has come under a lot of international pressure for its anti-homosexual legislation.

Charging a gay man for possessing a sex tape he made outside of your country doesn’t go down well with donors.

Another British man David Cecil was also deported last year after being charged for staging a gay play. The global media also covered his case.

Activists have focused on a new anti-homosexuality bill passed by parliament last month that would mainly ban the promotion of homosexuality.

Uganda’s president, Yoweri Museveni, is very aware of the international backlash that could follow if such a law was enacted, so he has refused to approve it.

The court here agreed to drop Mr Randall’s case should he leave the country and he will undoubtedly be relieved.

But the government will be also be thankful that it doesn’t have to face questions about him anymore.

He was charged alongside his friend Albert Cheptoyek, 30, a Ugandan national with whom he shares a house.
Gross indecency charge

Mr Cheptoyek told the BBC’s Catherine Byaruhanga that Mr Randall was being held in the court’s cells awaiting his deportation.

Mr Cheptoyek has denied a more serious charge of carrying out “acts of gross indecency”, which could see him jailed for up to seven years if found guilty.

Ms Byaruhanga said the charges against Mr Cheptoyek still stood as the trial against both men had not officially started.

The Foreign Office said it would not be commenting on Mr Randall’s deportation.

Earlier a spokesman said they had been aware of the arrest and had provided consular assistance.

Mr Randall was arrested after thieves stole a laptop from his house. Stills from a video on it then appeared in a tabloid newspaper in the country.

Last week, Uganda’s president refused to approve a controversial bill to toughen punishments for homosexuals in Uganda, where homosexual acts are already illegal.

It would have made it a crime not to report gay people – and even talking about homosexuality without condemning the lifestyle would have become punishable by a prison term.

AFP