Mariage pour tous Le casting du débat à l’Assemblée

Christiane Taubira, Claude Bartolone, Hervé Mariton, Christian Jacob, Erwann Binet, Marie-George Buffet: depuis une semaine ces femmes et ces hommes occupent le devant de la scène à l’Assemblée pour le le débat sur le mariage homosexuel.

– Christiane Taubira, ministre de la Justice (photo): l’ancienne candidate à la présidentielle de 2002 est incontestablement la star du débat. “Une grande dame”, “elle a gagné ses galons de ministre”, “ne lâche rien, “répond sur tout et sans notes”. Bluffés, les députés PS ne tarissent pas d’éloges sur la garde des Sceaux depuis son discours inaugural du 29 janvier.

“Une combattante de l’humanisme (…) au bord de la limite physique parfois, qui porte ses convictions de progrès avec la flamme et le lyrisme de sa culture littéraire. Pour tout le monde, c’est un enchantement quand elle parle”, dit le président de la commission des Lois, Jean-Jacques Urvoas (PS). Mardi, à peine se levait-elle pour répondre lors de la séance de questions au gouvernement que les socialistes, une fois de plus, se levaient de leurs bancs pour l’applaudir. Du côté de la droite, qui ne l’a pas ménagée depuis sa nomination, Christian Jacob, le président du groupe UMP, lui reconnaît “un certain talent dans l’expression”.

– Claude Bartolone, président PS de l’Assemblée: alors que certains le disaient peu rompu à la procédure parlementaire, il fait un quasi sans-faute au perchoir, de l’aveu de députés de droite comme de gauche. Dans une ambiance parfois très chaude, il cornaque l’hémicycle, essaie de calmer les esprits, et coupe les micros quand les orateurs abusent de leur temps. Dans les couloirs, il n’hésite pas à faire la leçon à certains députés: “Non, écoute, c’est pas possible, tu ne peux pas parler à la ministre comme ça!”. Au risque d’énerver son camp, il donne largement la parole à l’opposition. Pour M. Urvoas qui le compare à ses prédécesseurs, “il est plus Jean-Louis Debré, respectueux de l’opposition” que “Bernard Accoyer, sectaire”.

– Hervé Mariton, député UMP de la Drôme: il porte le fer au nom de l’UMP, aux côtés de Philippe Gosselin. Habitué des joutes budgétaires, y compris nocturnes, il a été choisi “parce qu’on savait qu’il ferait bien le job”, confie Christian Jacob. “Homme de convictions”, il coupe parfois les cheveux en huit et “se disperse”, lui reprochent ses adversaires. Mais, pas de doute, affirme Annick Lepetit, porte-parole du groupe PS, il remporte “la palme de l’endurance” depuis la semaine dernière. Alors que la couleur de ses pulls fait l’objet de nombreux messages sur Twitter, il a confié être daltonien. Sa notoriété grandissante sur le réseau social permet de populariser la procédure du “rappel au règlement”, dont il fait un usage incessant.

– Christian Jacob, président des députés UMP: il est lui aussi omniprésent dans un débat où la gauche fait remarquer que les ténors UMP sont “très absents”. Attentif à tout, il n’épargne rien à la majorité et demande à tour de bras suspensions de séance et rappels au règlement. Annick Lepetit le juge “agressif”, notamment envers Christiane Taubira et Dominique Bertinotti, tandis que Jean-Jacques Urvoas lui reproche d’être “dans une posture politique” et de “ne pas connaître le sujet”.

– Erwann Binet, rapporteur PS du projet de loi (photo): nouvellement élu en juin, ce quadragénaire, catholique et père de famille nombreuse, a hérité d’un “gros morceau” comme il le dit lui-même. Les socialistes le jugent “bosseur” et “investi”, l’opposition le qualifie de “taiseux” et de “sectaire”. Dans un tweet féroce, le député UMP Gérald Darmanin l’épingle: “On a parlé de Sartre hier, personne ne peut nier que Madame Taubira fait l’Etre et le rapporteur Binet le Néant”.

– Marie-George Buffet, ancienne ministre et députée communiste: elle “n’a jamais été autant portée par un texte”, dit d’elle Claude Bartolone. Elle répond du tac-au-tac, vibrante de convictions, comme encore lundi soir lorsqu’elle a lancé à l’UMP qu’elle “n’avait pas le couteau entre les dents” car elle l’avait “oublié dans la cuisine ce matin”… Elle s’est retrouvée un peu seule lorsqu’elle a défendu un amendement, visant à ouvrir la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes homosexuelles, que ne soutenaient pas les autres députés du Front de gauche.