LGBTphobies à l’école : une étude révèle une prévalence inquiétante, notamment dans les lycées professionnels

Insultes, coups, harcèlement ou attaques à caractère homophobe ou raciste, les incidents graves déclarés dans les établissements scolaires français ont connu une nouvelle hausse en 2023-2024, selon les données publiées cette semaine par le ministère de l’Éducation nationale. Les lycées professionnels apparaissent comme les plus exposés à ces violences, notamment celles motivées par des formes de rejet de l’autre.

En effet, d’après l’enquête annuelle SIVIS réalisée par la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp), 16 incidents graves ont été signalés pour 1 000 élèves dans les collèges et lycées, contre 14 l’année précédente. Un chiffre en progression constante depuis 2018-2019, où l’on comptait 12 signalements pour 1 000 élèves.

Les lycées professionnels en première ligne

Le phénomène est particulièrement marqué dans les lycées professionnels, où l’on recense 23 incidents graves pour 1 000 élèves, un taux presque quatre fois supérieur à celui des lycées généraux et technologiques. Si tous ne sont pas motivés par la haine anti-LGBT+, ces établissements concentrent une part significative des signalements liés à des discriminations, selon la Depp.

Un climat délétère pour les jeunes LGBT+

Les violences verbales restent les plus fréquentes : moqueries, injures, propos stigmatisants. Mais les agressions physiques et le harcèlement, souvent motivés par l’homophobie ou la transphobie, sont aussi présents. L’étude montre qu’au moins un incident grave sur dix dans le secondaire est motivé par une forme de rejet liée à l’origine, la religion ou l’identité, dont font partie les LGBTphobies.

Si la hausse globale des signalements peut refléter une meilleure vigilance des équipes éducatives, elle témoigne aussi d’un mal enraciné : la difficulté persistante pour de nombreux élèves LGBT+ à évoluer dans un climat scolaire serein. Et ce, malgré les campagnes de sensibilisation et les plans de lutte contre le harcèlement mis en œuvre ces dernières années.

Des efforts encore trop inégaux sur le terrain

Le ministère rappelle que ces chiffres doivent être interprétés avec nuance : l’augmentation des signalements peut traduire une amélioration de la détection, et non forcément une hausse des faits eux-mêmes. Mais dans les établissements les plus touchés, notamment les lycées professionnels, les acteurs de terrain alertent régulièrement sur le manque de moyens, de formations spécifiques et d’interventions ciblées pour prévenir les LGBTphobies.

En 2023, le Défenseur des droits estimait déjà que « l’école n’est pas toujours un lieu sûr pour les jeunes LGBT+ », confirmée par cette nouvelle enquête SIVIS.