Les députés socialistes retirent leur amendement sur la procréation médicalement assistée

C’est une reculade ?

– Pas du tout. Un amendement n’avait plus aucun sens, dès lors que le gouvernement aborde la PMA dans le cadre d’une loi plus complète. Le Premier ministre nous a dit deux choses. Premièrement, que le projet de loi sur la famille ira au-delà de l’ouverture de la PMA aux couples de femmes homosexuelles. Deuxièmement, que les deux textes, parce qu’ils sont imbriqués l’un dans l’autre, pourront entrer en application de façon presque concomitante, à quelques mois près.
Le projet de loi sur la famille sera présenté en Conseil des ministres dès le mois de mars, pour une première lecture devant le Parlement avant l’été [le débat parlementaire sur le projet de loi “mariage pour tous” débute pour sa part le 29 janvier, NDLR]. Il permettra aussi d’aborder le statut du tiers, le statut des enfants nés par gestation pour autrui, la question de l’accès aux origines; autant d’enjeux qui concernent majoritairement les familles hétéroparentales.
Le retrait de l’amendement vise-t-il aussi à calmer le jeu, à l’approche de la grande manifestation des anti mariage homosexuel, ce dimanche ?

– Non, il ne faut y voir aucun calcul. Nous avions jusqu’à ce vendredi, 17h, pour déposer nos amendements au projet de loi mariage pour tous. C’est tout simplement le calendrier parlementaire qui nous dicte son tempo.
Ne pas débattre de la PMA dans l’immédiat, c’est aussi éviter des divisions au sein du groupe des députés PS…

– Une partie des députés PS s’étaient prononcés contre l’amendement sur la PMA. Mais je n’ai senti parmi eux aucun désir de voter pour le mariage et contre la PMA dans le projet de loi famille. Je note surtout que le travail réalisé par le groupe parlementaire a payé. Si les députés PS n’avaient pas pris position pour la PMA, le gouvernement n’aurait pas annoncé une loi sur la famille dans des délais aussi brefs.
Les associations de défense des droits des homosexuels se disent déçues. Que leur répondez-vous ?

– Je suis en contact régulier avec les associations. Je me soucie de leurs inquiétudes car je sais ce que représentent des dizaines d’années d’un militantisme souvent déçu. Mais elles savent que la voie de l’amendement n’était pas très confortable juridiquement. Nous n’étions pas certains de la réaction du Conseil constitutionnel. Nous avons tous intérêts, les associations comme la majorité, à voir l’adoption d’un dispositif sur la PMA complet, solide, dans un texte issu du gouvernement. Le plus important, c’est que la PMA soit inscrite dans le calendrier parlementaire.
Propos recueillis par Baptiste Legrand le mercredi 9 janvier 2013