Le match des législatives s’annonce incertain pour Brigitte Barèges (UMP), à Montauban, où cette figure de la Droite populaire – connue pour une sortie homophobe retentissante – va devoir siphonner une bonne partie de l’électorat du Front national pour garder la circonscription prise au Parti socialiste en 2002.
En face de la députée-maire, la socialiste Valérie Rabault, 39 ans, dont c’est la première campagne, sillonne la circonscription dédiée par le PS à une femme en déclarant qu’elle veut « être députée avec François Hollande ». Elle se présente aussi comme candidate PS-PRG, un parrainage radical de gauche qui compte dans le département du président du PRG, Jean-Michel Baylet.
Pour Brigitte Barèges l’équation est difficile car François Hollande a recueilli 51,66% des voix au second tour de la présidentielle dans cette 1ère circonscription du Tarn-et-Garonne, et Marine le Pen y a obtenu 20,6% au premier tour, soit 2,7 points de plus que sa moyenne nationale.
Au fil de ses mandats, devenue maire en 2001, puis députée l’année suivante, elle a souvent adopté des positions sur l’immigration ou sur le mariage gay séduisantes pour l’électorat du FN, mais le candidat frontiste Thierry Viallon espère bien atteindre la barre des 12,5% des inscrits synonyme de maintien au 2e tour, même s’il n’a pas la notoriété de Marine Le Pen.
Il est convaincu que Brigitte Barèges ne reproduira pas le siphonnage réussi par Nicolas Sarkozy en 2007 « car les électeurs ont compris que rien n’a été fait en cinq ans ».
Arithmétiquement, une triangulaire devrait condamner la députée sortante, mais le suppléant de Valérie Rabault, l’ancien député-maire Roland Garrigues (PS) qu’elle avait battu, se souvient qu’en 2001 Mme Barèges avait emporté la mairie malgré une triangulaire : la liste FN était tombée de 11,4% à 3,9% des suffrages d’un tour à l’autre au profit de Brigitte Barèges.
Elle-même reconnaît que la situation est « compliquée », mais se défend de tout « calcul de stratège » visant à attirer les voix du FN ou du Modem (8,45% à la présidentielle), sans condamner le « vote d’exaspération » en faveur du parti d’extrême droite.
Elle se dit « membre de la droite sociale comme de la droite populaire » et continue de marteler ses valeurs: « Patriotisme, opposition à la supercherie du vote des étrangers, valorisation du travail de la justice et de la sécurité, refus du laxisme ».
Valérie Rabault, économiste chez BNP-Paribas, rétorque que leurs électeurs « se soucient bien davantage d’éducation, de dépendance, d’emploi et d’avenir de l’agriculture que d’immigration et d’insécurité ».
La candidate de la gauche part légèrement favorite, car en 2007 Brigitte Barèges n’avait sauvé son siège que de justesse avec 50,8% des suffrages, et en cinq ans Nicolas Sarkozy est passé de 53% à 49% dans le département. De plus le Front de gauche (plus de 11,4% à la présidentielle) est déterminé à « infliger un échec à Valérie Barèges ».