“L’école véhicule les mêmes discriminations que la société”, selon Michel Teychenné

PARIS (Sipa) — Michel Teychenné, ancien député européen (PS) et conseiller municipal à Pamiers (Ariège), a été chargé par le ministre de l’Education nationale Vincent Peillon de rédiger un rapport sur les discriminations liées à l’orientation sexuelle, dans le cadre du programme d’action contre l’homophobie prése
nté mercredi par Najat Vallaud-Belkacem. L’objectif: la mise en place de nouvelles mesures pour lutter contre les discriminations dès la rentrée 2013.

Sipa – Quelle est l’objet de votre mission ?

Michel Teychenné- Je vais rédiger un rapport sur les discriminations liées à l’orientation sexuelle ou l’identité de genre: l’homophobie, la transphobie… Il y aura des préconisations sur les actions éducatives à mener dans les établissements. Cela concernera notamment le rôle des associations, la formation des enseignants, celle des personnels non-enseignants…

Quel est le constat de départ?

M.N- Je suis en train de faire l’état des lieux avec les recteurs sur ce qui se passe dans les académies. Il y a beaucoup d’initiatives mises en place de façon spontanée dans les collèges, les lycées. Des associations interviennent dans les classes à l’initiative des principaux et des proviseurs. Mais elles restent marginales, il va falloir les développer. De plus, dans les équipes pédagogiques, il y a une vraie prise de conscience qu’on ne retrouvait pas jusque-là au niveau des rectorats et du ministère.

L’école est-elle vecteur d’homophobie ?

M.N- L’école véhicule les mêmes discriminations que le reste de la société. Les discriminations LGBT (NDLR: lesbiennes, gays, bi et trans) sont au même niveau que celles liées au racisme ou au sexisme. Je n’ai pas l’intention d’en faire un cas à part. Il faut que cela soit intégré dans la lutte contre l’ensemble des discriminations. Par ailleurs, il y a un problème inquiétant qui est peu relaté: les tentatives de suicide liées à l’homosexualité. Les études scientifiques montrent qu’il y a entre 7 à 12 fois plus de suicides et de tentatives de suicide chez les jeunes homosexuels, de 15 à 25 ans, que chez les hétérosexuels.

Comment mesurer les discriminations ?

M.N- Il y a les remontées des chefs d’établissement et des associations qui sont sur le terrain. Mais il y a un vrai problème: aujourd’hui, les outils de mesure sont peu performants, voire inexistants. Il va donc falloir mener une réflexion sur le sujet et mettre en place des outils de suivi.

Les programmes et les manuels scolaires seront-ils modifiés?

M.N- Najat Vallaud-Belkacem a proposé d’aborder l’orientation sexuelle des auteurs ou des personnages historiques. Cette proposition est ouverte à la réflexion. Mais on va avoir une réflexion globale sur les discriminations, le sexisme, l’homophobie dans les programmes. Il ne s’agit pas de faire en sorte que n’importe quel professeur intervienne sur n’importe quel sujet à n’importe quel moment.

Quel est le calendrier?

M.N- D’ici le 15 novembre, je vais mettre en place un groupe de travail de 30 à 35 personnes avec des associations LGBT (le collectif Education contre les LGBTphobies, Inter-LGBT, SOS-Homophobie…). Je vais travailler avec les syndicats enseignants, les associations de parents, le ministère de l’Education nationale, avec l’équipe de Najat Vallaud-Belkacem et avec le délégué ministériel à la violence scolaire, Eric Debarbieux, pour ce qui concerne les violences. Le rapport sera remis au plus tard début janvier 2013; ensuite le ministre fera des arbitrages en vue de la rentrée 2013.

source:http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20121031.FAP2840/l-ecole-vehicule-les-memes-discriminations-que-la-societe-selon-michel-teychenne.html