Le festival du film LGBT de Nantes privé du soutien financier de la région suite à un litige autour de la « GPA » (VIDEOS)

Cinepride, collaboration entre le centre LGBT de Nantes et le cinéma Katorza, qui s’apprête à présenter du 31 mai au 7 juin prochain sa 13ème édition, risque d’être privé du soutien financier de la région pays de la Loire à la suite d’une attaque injustifiée menée par la nouvelle majorité de droite du conseil régional.

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Comme chaque année, Cinépride propose en effet plus de 21 films, dont de nombreux inédits et des avant-premières, issus de plus de 13 nationalités. Regards historiques, documentaires, fictions, humour, relation parents enfants, histoire d’amour… chaque film illustre à sa façon l’une des 1000 façons de vivre son homosexualité et son identité de genre. Cinépride c’est en moyenne 2500 spectateurs par an, venus de toute la région, car Cinépride est le seul festival de film LGBT d’une telle ampleur dans l’ensemble des Pays de la Loire. C’est à ce titre que, depuis plus de dix ans, la région a été un partenaire et un soutien de l’événement. Mais cette année, malgré « un vote favorable en commission culture, le dossier de demande de financement du festival a été repoussé en commission générale, sous la volonté de Laurence Garnier, Vice-Présidente du Conseil Régional à la Culture », indiquent les organisateurs. Le motif invoqué serait la position supposée « pas claire » de Cinépride vis-à-vis de la gestation pour autrui (GPA). 5000 euros de moins sur un budget de 15000 euros… de quoi déstabiliser les organisateurs :

« On a eu un échange téléphonique avec Laurence Garnier », précise Xavier Prieur-Adjadj, membre du comité de sélection du festival. « Elle nous a réclamés un engagement par écrit stipulant que nous n’organiserons jamais d’événement relatif à la GPA. On ne comprend pas bien : nous sommes un festival de cinéma, ça n’a aucun sens ! »

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La Vice-Présidente du Conseil Régional reproche de son côté au centre LGBT l’organisation d’une réunion sur la GPA le 27 novembre dernier dans ses locaux, « visant à donner un maximum d’informations aux personnes intéressées ». « En tant qu’institution républicaine, le conseil régional ne peut financer une association faisant la promotion d’une pratique formellement interdite par les lois de la République », justifie-t-elle, se disant « prête à reconsidérer sa décision » si les responsables du centre « s’engagent formellement à renoncer à toute forme de promotion de la GPA ».

« Durant les 5 dernières années, qui correspondent à l’activité de l’équipe actuelle, nous n’avons pas diffusé de film sur la GPA. Si nous avions eu un support cinématographique de qualité traitant de la GPA, nous l’aurions diffusé, en organisant comme à notre habitude un débat mais cette occasion ne s’est pas présentée », ajoute le centre, déplorant dans son communiqué « une décision purement politique » qui cache mal son objectif :

« Ce qui semble motiver l’exécutif nouvellement mis en place, c’est de s’opposer à un festival au seul motif que nos films illustrent les mille manières dont les gays les lesbiennes, les bis les trans, aiment, forment des couples, des familles, sont ancrées dans la vie, le réel et sont une réalité… Une fois encore, Laurence Garnier invoque le prétexte de la programmation pour s’opposer à la liberté culturelle comme elle l’a fait avec le Hellfest. L’enjeu de cette décision esquisse la politique culturelle des six années à venir. Il s’agit de savoir si seuls les événements qui sont au goût de cet exécutif seront soutenus au détriment des critères artistiques qui devraient faire loi ».

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Les organisateurs de l’événement souhaitent ainsi alerter sur le nécessaire espace de dialogue et d’échange qu’offre la culture pour les citoyens aujourd’hui, qui « a besoin de financements pour continuer à proposer des supports et des intervenants de qualité », et espèrent que Madame Garnier « préfèrera se rendre au festival avant de prendre une décision non fondée. »

Quelle que soit l’issue du litige, malgré ce chantage, l’organisation du festival pourra toutefois compter sur une aide financière de la ville de Rezé et du département de Loire Atlantique qui viennent de prendre le contre-pied du Conseil Régional.