Tunisie : le directeur d’une école refuse l’inscription d’un adolescent présumé « homosexuel » car trop « efféminé »

C’était de vagues commerçants qui décidaient de se donner le change il y a quelques jours pour se substituer à la loi et refuser désormais de servir les clients homosexuels ou encore athées. « Une discrimination » dénoncée par le vice-président de l’association Shams, qui exhortait encore une fois les autorités à réagir.

Au cœur du débat et toujours sous le silence douteux du gouvernement, c’est un directeur de lycée d’un quartier plus ou moins populaire dans le grand Tunis qui a refusé  cette fois d’inscrire un élève de 14 ans dans son établissement parce qu’il était trop « efféminé » : « Je ne veux pas d’homosexuels dans mon lycée », a expliqué aux parents le chef de l’établissement. « Votre fils est efféminé. Je le connais dans le quartier depuis qu’il est enfant. Il est certainement homosexuel… Je ne peux pas l’inscrire ! » Finalement, les parents ont dû se résoudre à le changer d’école.

« L’homophobie ou l’incompréhension ou encore la bêtise dans notre pays ne sont pas uniquement du domaine réservé aux conservateurs ou à ceux qui n’ont pas atteint un niveau de scolarité élevé quand on sait que ce directeur appartiendrait à la famille démocratique », s’est indigné ce jeudi l’avocat tunisien Ghazi Mrabet en partageant sur les réseaux ce témoignage, et souligner les dérives des positions de l’actuel président de la République (Beji Caid el Sebsi) « totalement opposé à l’abrogation de l’article 230 du code pénal qui condamne à 3 ans de prison l’acte pratiqué entre deux adultes du même sexe et consentants dans un lieu privé ».

« Le débat est ouvert tant bien que mal. Les lignes bougent. Un tabou vieux comme le monde a été brisé… mais manque encore une fois cette volonté politique », conclut l’avocat.

Valentine Monceau
stophomophobie.org
Photo : webdo