La mauvaise bonne idée : Vendre l’Ouganda comme une destination touristique pour les LGBT

>> Uganda Tourism promise safety for gay people

La campagne vient d’être lancée par les professionnels du tourisme de ce pays, au grand dam de la communauté internationale encore marquée par les violences et les lois répressives à l’encontre des gays et lesbiennes ougandais.

«Nous n’avons jamais entendu dire que quelqu’un s’était vu demander à l’aéroport “Quelle est votre orientation sexuelle?” ou avait été refoulé», a expliqué à l’Agence France Presse, Barbra Adoso, l’une des responsables de l’association locale des tours opérateurs, pour justifier cette campagne.

L’Office du tourisme ougandais, lequel coordonne d’ailleurs cette opération de charme à l’endroit des homosexuels étrangers, partage le même point de vue. L’International Gay and Lesbian Travel Association (ILGA), la plus importante association de professionnels du voyage à destination des homosexuels, confirme d’ailleurs avoir reçu, à New York, début septembre, une délégation ougandaise, afin d’«amorcer le dialogue».

Cette rencontre est intervenue un peu moins d’un mois après que la Cour constitutionnelle a annulé sa fameuse loi anti-gays, qui prévoyait la peine capitale pour «homosexualité aggravée» (et des peines de prison pour quiconque n’aurait pas dénoncé un homosexuel dans son entourage). «L’Anti-Homosexuality Bill» avait suscité une vive colère des ONG des droits de l’Homme, des Etats-Unis et de nombreux pays occidentaux.

Sauf que si cette loi a été annulée, c’est uniquement pour des raisons de procédure. La loi va être représentée au Parlement. Et, à l’heure actuelle, toute personne reconnue «coupable» d’homosexualité encourt la prison à vie en Ouganda. De toute évidence, ce pays n’est pas devenu comme par enchantement une sorte de Mecque africaine des homosexuels; même la ville du Cap, en Afrique du Sud, l’est à peine.

Vendre-l’Ouganda-comme-une-destination-touristique-pour-les-LGBT-Dans ces conditions, comment peut-on imaginer une seule seconde vouloir vendre l’Ouganda comme une destination touristique pour les gays? Un pays où les violences à l’encontre de personnes LGBT sont monnaie courante, un pays pris sous le joug des églises évangélistes, un pays où règne une véritable «homophobie d’Etat», comme le soulignait l’ONG Amnesty International, dans un récent rapport.

Faire comme si tout cela n’existait plus, n’existait pas ou même n’avait jamais existé, c’est un peu comme si on demandait aux personnes LGBT d’aller se jeter dans la gueule du loup.

Il faut être sérieux et éviter de prendre des vessies pour des lanternes. L’Ouganda, en annulant sa loi anti-gays, n’a fait que reculer pour mieux sauter. Les persécutions contre les homosexuels vont malheureusement s’accentuer, malgré les pressions internationales.

Pourtant l’Ouganda ne manque pas d’attraits. Progressivement ouverte au tourisme dès le début des années 1980, avec la chute de l’ex-dictateur fou et sanguinaire Idi Amin Dada, ses paysages sont grandioses. Les eaux éclatantes du lac Victoria, les cimes vertigineuses des Virunga et des Rwenzori, les impressionnants gorilles de montagne ont contribué à la surnommer la «Perle de l’Afrique». Et le tourisme représente plus 8% du PIB du pays.

Mais l’Ouganda reste une destination à éviter quand on est homosexuel. Et, pour tout dire, le pays est d’autant plus à éviter que les arguments utilisés par les responsables locaux du tourisme pour justifier leur campagne sont tout bonnement hallucinants.

Barbra Adoso, la représentante des tour opérateurs ougandais, a souligné à l’AFP que toute la controverse autour de la loi anti-gays n’était qu’un «malentendu» et que le but de cette loi n’était autre que de «protéger les enfants» contre les pédophiles. Plus grave encore, elle explique que les organisations de défense des droits des LGBT ont «exagéré des histoires» pour obtenir des subventions.

Il ne s’agit même pas là d’un déni de réalité. Cela s’apparente à une provocation.

Par Raoul Mbog
Journaliste à Slate Afrique.

>> In a move likely to be seen by many as a poor attempt at humour, Uganda Tourism and business leaders have promised their country is safe for LGBT people to travel to, in a meeting with the International Gay & Lesbian Travel Association (IGLTA).

Accusing the Western media of portraying their nation in a particularly poor light since the introduction of the ‘anti homosexuality’ law, which was struck down earlier this year, IGLTA’s President John Tanzella said the delegates had requested the meeting as an attempt to restore their reputation, both among gay and straight travellers.

The meeting was held at the invitation of the Africa Travel Association at a convention in the US. Tanzella told So So Gay: ‘The delegation said that gay people are welcome. They were very concerned about the perception of Uganda in Western Europe and North America, and claimed that the backlash caught them by surprise. No-one thought it would pass. The delegates all pointed out that they have friends and family who are gay.’

However, Tanzella confirmed that Uganda is not yet welcome to join the IGLTA, and would have to go through a ‘process of education’ if she were to apply for membership.

The anti-homosexuality’ law – originally dubbed the ‘Kill the Gays Bill’ due to the proposed death penalty it included – was described by Dimitrina Petrova, Executive Director of the Equal Rights Trust, as ‘pernicious’ and pointed out that it violated many fundamental human rights of LGBT people in Uganda, including the right to a private life, the right to dignity and the right to equality.

As So So Gay reported in May, Uganda has experienced a spate of kidnappings following the introduction of the failed law, and was expected to undergo a health crisis as people had reduced access to health services and HIV prevention information.

In April, police raided a US-funded HIV research and treatment centre that provides health information and services to LGBTI people. The police claimed the centre was ‘recruiting’ people into homosexuality, despite the health minister, Dr Ruhakana Rugunda, publicly pledging that health services would be provided to LGBTI people in a non-discriminatory way.